Actualité - Visite au musée du château de Sedan
Chassons d'abord quelques idées reçues. Celui qui n'a jamais visité l' «Historium » va de surprise en surprise. S'il pense commencer sa visite par la cour intérieure du château, là où se trouve l'hôtel 3 étoiles du même nom, il a tout faux. Il lui faudra descendre un étroit chemin pavé vers le vieux Sedan, ressortir de l'énorme bâtisse pour mieux y pénétrer.
Celui qui croit n'en avoir que pour quelques dizaines de minutes a tout faux aussi. Car la visite du musée, c'est d'abord un extraordinaire parcours à travers les 35.000 m2 du castel... On commence par s'enfoncer vers les profondeurs, traversant des salles de garde garnies de guerriers redoutables, puis on remonte vers les hauteurs jusqu'au sommet des tours jumelles, d'où un magnifique panorama vers la ville de Sedan et ses monuments, jusqu'à la forêt d'Ardenne, s'offre aux yeux des plus courageux. On redescend jusqu'au fin fond d'une oubliette où les révolutionnaires ardennais de 1789 jetèrent quelques malheureux partisans de la monarchie en attente d'être décapités...
Les salles et les lieux chargés d'histoire se succèdent avec leurs noms plus mystérieux les uns que les autres : la salle du Rocher, la casemate supérieure du Bastion du Roy, le Grand Chatelet, le Bastion des Dames, la salle des Veilleurs, la galerie des Princes. Fiche historique en mains, casque audio sur les oreilles, des touristes de toute l'Europe découvrent l'histoire d'Evrard de la Marck, ce riche seigneur germanique qui, en 1424, décida de construire sur un promontoire surplombant la Meuse, une forteresse destinée à abriter sa famille et à repousser d'éventuels envahisseurs.
Tout au long des salles où des mannequins de cire rejouent des saynètes d'époque, on suit l'histoire de cette dynastie. Au fil des siècles, elle fit de cette simple demeure le formidable bastion d'aujourd'hui. On assiste au mariage de Charlotte de la Marck et d'Henri de la Tour d'Auvergne, le 15 octobre 1591, sous le regard débonnaire d'Henri IV. On passe de souterrains en promontoires, d'échauguettes en cul de basse-fosse.
Et on termine la visite par l'extraordinaire Salle du Panorama, une reconstitution de la bataille de Sedan où Napoléon III capitula devant les troupes prussiennes, mettant fin à la guerre de 1870.
Tel quel, le château-fort ravit chaque année des milliers d'écoliers (vêtus pour l'occasion de tuniques aux armes des de la Marck !) et constitue déjà un but de promenade sortant de l'ordinaire. Mais ceux qui ont imaginé ce parcours ne veulent pas en rester là. «Nous avons conçu le circuit d'interprétation du site en 1995, au moment de la rénovation du château», explique Jérôme Dablain, le directeur du musée.
«Aujourd'hui, nous accueillons plus de 70 000 visiteurs payants chaque année. Nous avons greffé sur le parcours des événements comme le festival médiéval en mai, les tournois de chevalerie et de fauconnerie en juin-juillet-août, qui connaissent eux aussi le succès.
L'hôtel inauguré en 2006, nous amène près de 10 000 visiteurs supplémentaires par an. Mais il faut admettre que tout cela a un peu veilli. La panneautique, l'éclairage ne sont plus au goût du jour. Toute la scénographie, conçue à l'époque par des spécialistes anglais, reste valable mais peut être améliorée. C'est pourquoi nous avons lancé un appel d'offres afin de pouvoir renouveler le concept, et revoir le circuit de visite.
Ce travail aura lieu au cours de ce premier semestre, puis nous passerons à l'application pour pouvoir rouvrir un circuit rénové début 2011.»
Une bonne nouvelle pour le tourisme ardennais, même si, tel qu'il est, le musée du château-fort vaut déjà toutes les machines à remonter le temps.