Notice historique sur l’ancien château de Villebois, par M. A. Bœuf.
Pendant leur domination dans les Gaules, les Romains y élevèrent de somptueux monuments pour célébrer leur culte et leurs fêtes, et y ouvrirent des voies importantes pour faciliter les marches de leurs armées.
Une de ces voies, connue de nos jours sous le nom de chemin Boine, unissait l’Océan à la Méditerranée par La Rochelle et Marseille, en passant près ou par Saintes, Châteauneuf, La Vallette-Villebois, Périgueux, Sarlat, Rhodez, Le Vigan, Nîmes et Arles.
La petite ville de Villebois doit son origine au voisinage de cette grande voie et à son site pittoresque d’où l’on découvre d’admirables points de vue.
Il existe près du village de Haute-Faye, commune d’Édon, les restes de l’enceinte d’un camp romain, où depuis fut construit un château du moyen âge, dont les ruines se voient encore.
Près du village de Perrichout, commune de Ronsenac, on voit encore un remarquable dolmen ou autel druidique.
Le plateau de Villebois est un des points les plus élevés de notre département, et fait partie des ramifications de collines dont la ligne de faîte sépare le bassin de la Charente de celui de la Dordogne.
Le régime féodal ayant remplacé te gouvernement militaire de Rome, Villebois de villa gallo-romaine devint castel de suzerain. Sa situation en confins de province et les fiefs importants qui en relevaient en firent une baronnie considérable.
Les Fulcher de Villebois en étaient seigneurs au VIIIe siècle ; les Hélie, à dater de l’an 959, et les Ithier, en l’an 1142, époque où l’un d’eux fit un don territorial important aux moines de l’abbaye de Saint-Cybard.
En l’an 1120, le vieux manoir de Villebois fut assiégé et pris par Wulgrin, comte d’Angoulême, qui en fut dépossédé peu de temps après.
Le sceau d’Ithier de Villebois avait l’écusson de gueules, au lion d’azur, à la bordure vairée de......, et pour légende : SIG...I..II.DE VILA (SIGILLUM ITERII VILA BOE). Le contre-sceau porte les mêmes armes, mais la bordure est plus large et les pièces dont elle est chargée sont moins rapprochées. Ce sceau est très mutité (Charte du lundi après l’octave de Saint-Nicolas d’hiver. - Archives de la Charente, H 355.)
De Corlieu, historien de l’Angoumois, cite les noms des barons de Villebois à chaque règne des comtes d’Angoulême.
Un ancien cartulaire des archives du département de la Charente (n° 164, folio 99), rapporte le pardon qu’un Hélie de Villebois, avant de partir pour Jérusalem, demanda à saint Cybard, des exactions par lui commises dans la terre de Chavenac, et où il promet de se mieux conduire.
Plusieurs membres de cette ancienne famille périrent aux croisades. Le lion, principal emblème de leurs armoiries, n’était point un vain symbole, car souvent l’armée chrétienne admira la vaillance de cette illustre race de chevaliers.
La chapelle romane souterraine du vieux château est leur contemporaine. Elle avait une entrée extérieure aux murs d’enceinte les plus rapprochés du manoir primitif. C’était un lieu d’asile nuit et jour ouvert, où les pèlerins et les croisés allant en Palestine ou en revenant s’arrêtaient pour prier.
Lorsque, plus tard, cette chapelle fut renfermée intra-muros par de nouveaux remparts, on en construisit une autre à l’extérieur, simple et de petite dimension, sous une plate-forme où aboutit l’ancien escalier des promenades.
Cette petite chapelle, qui existe encore, est connue vulgairement sous le nom de Grotte. La longueur de cette chapelle, porche compris, est de 16 mètres 12 centimètres ; la largeur est de 5 mètres 18 centimètres (dimensions intérieures). Les chapiteaux des colonnes représentent des damiers en relief (style roman).
Aux époques des invasions et des guerres féodales, l’ancien castel de Villebois servait de refuge aux populations environnantes, qui ont conservé dans leur langage ce vieux nom de Villebois et dans leur souvenir le nom de Jean, le chasseur des Anglais.
Les chroniques locales relatives à la guerre de cent ans font mention du terrible assaut que Jean, duc de Berry, frère de Charles V, fit subir, eu 1376, au château de Villebois, d’où il chassa les garnisaires anglais qui rançonnaient le pays et pillaient le paysan.
Après l’extinction de la race des Villebois, le château et ses vastes dépendances passèrent à la maison de Lusignan.
Des comtes de Lusignan cette belle terre devint propriété des sires de Mareuil, à qui elle a appartenu jusqu’en 1576, époque où Gabrielle de Mareuil l’apporta en dot à Nicolas d’Anjou, marquis de Mézières, qui la vendit plus tard à Jean-Louis de La Vallette, duc d’Épernon, pair et colonel de France, lieutenant général du roi, gouverneur des provinces de Guienne, de Saintonge et d’Angoumois.
Les armes de Nicolas d’Anjou étaient : semé de France, au lion d’argent mis en franc canton à la barre d’argent, brochant sur le tout, à la bordure de gueules.
En 1510, Guy de Mareuil fonda à Villebois un couvent d’augustins, où il fut inhumé, conformément aux intentions exprimées dans son testament, dont copie certifiée par le prieur est déposée aux archives du département de la Charente.
En 1568 et 1569, avant et après la bataille de Jarnac, les protestants, exaltés d’une part par les édits contre leur religion, d’autre part par leur défaite, dévastaient et incendiaient les églises et les monastères. Toute la province, en armes, était dans la désolation. C’est alors que le château de Villebois, pris et repris plusieurs fois, fut témoin de l’affreuse fureur des deux partis. Les églises et les couvents de la ville, alternativement sous le feu du château ou protégés par ce feu, furent tour à tour envahis par de malheureux égarés qu’exaltaient de faux interprètes d’une religion de paix et de charité.
- Prieuré de Ronsenac (16) - Linteau de porte : le léopard anglais ?
- Photo : P. Collenot - 07/2008
Les abbayes du Peyrat, de Ronsenac, autrefois manse monacale de bénédictins anglais [] ; de Charmant, autrefois maison de templiers, et autres circonvoisines, furent entièrement saccagées. Vers cette époque, Villebois existait encore tout autour du château. Il ne reste plus que quelques fondements de murailles des maisons et autres bâtiments qui formaient la partie orientale de la ville.
En 1590, après la bataille d’Ivry, un grand nombre de ligueurs regagnèrent leurs provinces : un corps de ces rebelles se jeta dans le vieux château de Villebois, tant de fois témoin de scènes sanglantes.
Fortifié par une double enceinte flanquée de tours et entouré de fossés profonds, il pouvait faciliter une résistance prolongée. C’était, dans l’ancien système de fortifications, une place très forte que le canon ne pouvait approcher que d’un seul côté, et ce côté était défendu par de l’artillerie.
Le duc d’Épernon, rentré dans son gouvernement d’Angoumois, et désireux de signaler sa valeur et de prouver son dévouement à Henri IV, se mit à la tête de ses meilleurs soldats et s’avança contre les ligueurs.
A son approche, ils sortirent en foule et le reçurent par une fusillade des mieux nourries ; vigoureusement repoussés, ils rentrèrent dans les forts et ouvrirent le feu de leurs batteries.
D’Épernon, malgré leur résistance, parvint à établir ses pièces de campagne sur le plateau qui est au niveau du château, près du lieu où est aujourd’hui le cimetière. Les coups, dirigés par des artilleurs habiles, battirent en brèche murailles et donjons. Les rebelles, ainsi débusqués, tentèrent une dernière sortie et se ruèrent furieux sur les soldats de d’Épernon.
Ce fut dans cette lutte acharnée que l’on vit tout ce que les guerres civiles ont de hideux.
Peu de temps après, d’Épernon acheta cette terre de Villebois, avec le regrets disent les chroniqueurs, d’avoir fait tant de dommage à ce vieux castel qui était une masse de pierres bien bâtie et fort logeable. Il y fit faire plusieurs reconstructions.
Après Henri IV, dont l’assassinat fut l’œuvre d’un misérable fanatique, le duc d’Épernon contribua à assurer la régence à la reine-mère, et continua ainsi son influence dans les affaires de l’État.
Habile en cour, en finances et dans l’art de la guerre, il procura à Louis XIII des secours considérables contre les princes ligués.
Louis XIII, à son retour de Bordeaux, ou il fit son entrée le 19 novembre 1615, et où il était allé épouser Anne d’Autriche, se rendit à Villebois, où le duc d’Épernon l’attendait avec 4.000 hommes et 500 chevaux. (Voir les manuscrits de M. des Brandes, maire d’Angoulême en 1790.)
Le cortège royal arriva le 26 décembre 1615 au soir à Aubeterre, où il fit un court séjour, puis se dirigea vers le château de Villebois, où il arriva le 28 décembre 1615 au soir, par l’ancien chemin qui existe encore sur le plateau et sur le bord duquel est le cimetière actuel.
Les réjouissances en l’honneur de la cour, la présentation des troupes dévouées que d’Épernon venait de recruter et toutes les autres circonstances de cette visite royale, si mémorable dans le pays, durèrent encore plusieurs jours après le départ du roi.
Ce fut un avantage dont profita l’illustre courtisan , de pouvoir souhaiter ainsi et dans son gouvernement d’Angoumois le bon et nouvel an 1616 à son jeune maître et souverain.
Louis XIII se rendit ensuite à Angoulême, où d’Épernon lui avait fait préparer somptueusement les appartements du château. Après quelques jours passés en fêtes, continuant sa route sur Paris, il coucha au château de Verteuil, le 22 janvier 1616.
En 1619, d’Épernon favorisa l’évasion de la reine-mère enfermée au château de Blois et la conduisit à Angoulême ; puis, de concert avec le cardinal de Richelieu, il la réconcilia avec Louis XIII, son fils.
En 1622, par suite et en reconnaissance de cette réconciliation, la terre de Richelieu et celle de Villebois furent érigées le même jour en duchés-pairies.
Ce fut aussi à dater de ce jour que le duc d’Épernon donna à Villebois, sa châtellenie privilégiée, son nom de La Vallette, qui lui est resté.
Il donna son cœur à Angoulême, et son corps fut inhumé à Cadillac, suivant ses intentions.
Ses armes étaient : parti d’argent au noyer de sinople, au chef de gueules, chargé d’une croisette d’argent patencée par les extrémités, et parti de gueules à la croix pommelée d’or.
En la même année 1622, il fit fonder à La Vallette un établissement de poste qui, depuis cette époque, s’est maintenu dans la même famille par alliances conjugales.
En 1642, après la mort du duc d’Épernon, la seigneurie de La Vallette passa dans la maison Montault de Navailles. Le maréchal de ce nom, exilé de la cour de Louis XIV, s’y retira en l’an 1665.
Ses armes étaient : demi et quart d’azur, à deux mortiers de gueules d’argent posés en pal.
Dame Suzanne de Beaudéant, épouse de Philippe de Montault de Benac, duc et maréchal de Navailles et de La Vallette, fonda à La Vallette, le 17 novembre 1665, un couvent d’Ursulines, tant en son nom qu’en celui de son mari. Dans un acte de baptême du 20 août 1671, registre n° 6 de l’état civil de la commune de La Vallette , sont relatés les titres et qualités du maréchal de Navailles, parrain de l’enfant. []
Mme Valérie de Mosnier de Planault de Saint-Avit était prieure de ce couvent lorsque eut lieu la révolution de 1789.
Mme la duchesse de Navailles fonda aussi à La Vallette, de concert avec d’autres dames et demoiselles du lieu, le 13 janvier 1670, une société de bienfaisance dite des Dames de Charité. C’est là l’origine du bureau de bienfaisance actuel.
M. Dedieu, curé de Ronsenac en 1671, raconte dans une note écrite de sa main sur un ancien registre de baptêmes, mariages et sépultures de sa paroisse, que, le 10 juin 1671, les reliques de saint Vincentin avec la châsse, que Mr le duc de Navailles avait reçues lors de son voyage pour le secours de Candie, furent exposées devant la grande porte du château à la vénération du peuple, par Mgr Guillaume Le Boux, évêque de Périgueux, puis portées processionnellement et avec la plus grande pompe, par les six plus anciens prêtres de l’archiprêtré, au couvent des ursulines. Il ajoute que jamais La Vallette n’avait vu si belle solennité, et qu’il y eut une affluence de peuple tout à fait incroyable.
Pendant les trois ou quatre années que dura sa disgrâce , le maréchal de Navailles fit bâtir, dans le beau style du XVIIe siècle, le château (qui aujourd’hui n’existe qu’en partie), après avoir, pour l’exécution de ses plans d’ensemble, fait raser presque entièrement le premier, dont plusieurs parties (celles non restaurées par le duc d’Épernon) étaient considérablement endommagées.
On voit encore dans les ruines de l’aile incendiée des troncs d’anciennes tours et des fondements de vieilles murailles. Ces fondements, d’une solidité éprouvée par le temps, servirent d’assises à plusieurs des constructions modernes du maréchal de Navailles. Dans les fouilles et déblais faits à cette époque, on trouva des pièces de monnaies romaines, d’autres à l’effigie de nos anciens rois, des tronçons d’armes antiques et des boulets de divers calibres.
Vers l’an 1695, la seigneurie de La Vallette passa dans la famille Rohan de Soubise ; puis, en 1728, dans celle de Courcillon. Le marquis de Dangeau s’allia à cette maison en épousant Françoise de Pompadour, marquise douairière d’Égon de Courcillon, dame du duché de La Vallette et autres lieux.
Cette dernière famille, après l’avoir possédée jusqu’en 1756, l’abandonna à plusieurs créanciers qui la firent gérer jusqu’à l’époque de la révolution de 1789.
Ce beau domaine, se trouvant alors appartenir à divers particuliers, n’eut à souffrir que des mutilations des armoiries et de quelques sculptures ; mais de précieux parchemins qui avaient autrefois été secrètement enfouis avec les plus grandes précautions conservatrices furent brûlés. Ils furent trouvés au fond de la tour dite du Trésor.
Cette tour, qui n’existe aujourd’hui que jusqu’à la hauteur du mur du rempart, a servi de bureau d’économat à M. Michon. Les religieuses en ont fait un oratoire.
L’arrondissement de la ci-devant subdélégation, qui avait La Vallette pour chef-lieu, était borné au nord par celui d’Angoulême ; à l’ouest, .par la Saintonge ; à l’est et au midi, par le Périgord et la Guienne. Il comprenait les villes de La Vallette, Montmoreau, Aubeterre et Saint-Aulaye. (Cette division territoriale est indiquée par M. des Brandes, maire d’Angoulême.)
Après le départ des maisons d’Épernon, de Navailles et de Rohan, La Vallette ne fut plus si peuplée. Les seigneurs des alentours s’isolèrent, le château n’étant plus, comme autrefois, le rendez-vous des brillantes réunions ; les couvents des ursulines et des augustins cessèrent d’avoir un aussi grand nombre de pensionnaires ; les abbayes et les prieurés voisins perdirent leur ancienne importance.
Depuis 1789 jusqu’en 1837, le château de La Vallette a successivement appartenu à plusieurs propriétaires et a reçu diverses destinations. Lors de la première république, on le transforma en magasin aux vivres et en lieu de détention de prisonniers de guerre. En 1808, il fut indiqué pour servir de maison centrale aux départements du Cher, de l’Indre, de la Haute-Vienne, de la Charente et de la Charente-Inférieure.
En 1816, on y établit la brigade de gendarmerie, qui y fut casernée jusqu’à la nuit du 10 au 11 décembre 1822, où un violent incendie en brûla l’aile gauche et le dôme, dont la forme était la même que celui de l’hôtel des Invalides, à Paris.
Il était si élevé qu’on le voyait à œil nu de Barbezieux et de Piégut, près Nontron.
Lorsque les flammes eurent gagné le faîte de ce superbe monument, l’atmosphère entière parut en feu et semblait au loin une immense aurore boréale. Il s’abattit tout d’un coup ; alors on eût dit une éruption du Vésuve. Le plomb dont la toiture était entièrement recouverte, fondu par l’incendie, coulait en laves.
A droite et à gauche de ce dôme et sur la même ligne, à l’extrémité méridionale des deux ailes du château et faisant face à la terrasse, étaient deux pavillons du même style que ceux du palais du Luxembourg, à Paris, et formant saillies symétriques. A l’extrémité septentrionale des deux mêmes ailes étaient deux autres pavillons entièrement égaux aux premiers et pareillement disposés.
On voit encore debout des constructions de l’époque des barons, de celle du duc d’Épernon et du maréchal de Navailles. La chapelle romane et quelques troncs apparents d’anciennes tours détruites sont du temps des barons ; la porte à créneaux, à double ouverture et double pont-levis, exactement comme celle de la vieille citadelle de Vincennes, fut restaurée par le duc d’Épernon, ainsi que la tour carrée de la vigie. Il ne reste plus de traces d’une ancienne tour connue dans la tradition sous le nom de tour des Poitevins.
Ce qui existe aujourd’hui des constructions du maréchal de Navailles comprend l’aile droite et son pavillon méridional (le seul qui reste), la partie de l’aile gauche communiquant à la chapelle construite sur la voûte de l’ancienne, la terrasse et les voûtes qu’elle couvre, le portail de la première cour, où est sculpté son écusson mutilé, la chapelle extérieure vulgairement appelée la Grotte, les murs d’enceinte des deux cours extérieures, le chemin de ronde et les tourelles.
Ce maréchal fit combler les larges fossés qui circonscrivaient le château, démolir les murs de la deuxième enceinte et planter d’arbres les plates-formes. Le pourtour devint ainsi un superbe lieu de promenade que l’on appelle depuis promenade sur les fossés. Les passages souterrains et les casemates sont aujourd’hui obstrués par des éboulements et des affaissements. On voit encore, à l’ouest du château, l’orifice d’une issue extérieure qui communiquait aux souterrains et aboutissait au haut de la terrasse par un petit escalier situé près de la porte crénelée, et dont l’ouverture est comblée par des éboulements successifs.
L’ensemble des différents massifs de ce vieux castel, y compris les trois cours et les jardins qui en dépendaient , forme un ovale allongé.
Au bout du grand jardin était un arceau sur lequel on passait pour aller dans la tribune seigneuriale de l’église de la paroisse de Saint-Romain. Au-dessous de cette tribune, qui existe encore, était l’ancienne sacristie.
A la partie intérieure du rempart de l’est, en face du corps de bâtiment réparé par l’abbé Michon pour servir de dortoir et de salles d’études, on voit encore adhérents au haut du mur les restes des voûtes des écuries du château. Au-dessus de ces écuries était un vaste grenier, dit de la Recette, et destiné autrefois aux rentes féodales. Ce bâtiment, qui menaçait ruine faute d’entretien, fut démoli en 1830. Les pierres servirent à construire les murs d’enceinte du cimetière.
En 1897, M. l’abbé Michon acheta ce château. Après y avoir fait faire plusieurs réparations et quelques constructions, il y établit une école secondaire dont le maintien eût été d’un très grand avantage pour le pays. Cet établissement eût pu, avec un peu de bonne volonté de la part de quelques personnes, devenir le petit-séminaire diocésain qui fut transféré à Richemont.
Le 11 juillet 1839 fut un jour mémorable destiné à rappeler longtemps le souvenir de cet établissement. Trois vénérables prélats s’y réunirent et en bénirent solennellement la chapelle nouvellement restaurée : Mgr Ferdinand-François Auguste Donnet, archevêque de Bordeaux, primat d’Aquitaine, aujourd’hui cardinal ; Mgr Thomas Gousset, évêque de Périgueux, aujourd’hui cardinal-archevêque de Reims, et Mgr Guitton, vicaire général du diocèse d’Angoulême, devenu évêque de Poitiers.
Mgr Donnet, remplissant une double mission, remit à Mgr Gousset les insignes de l’ordre de la Légion-d’Honneur.
Procès-verbal constatant cet acte fut dressé, ledit jour 11 juillet 1839, par M. Pierre-Justin Bourrut-Lagauterie, maire de La Vallette.
L’établissement de M. l’abbé Michon ayant cessé, après cinq ans d’existence, le château revint à son-précédent propriétaire, M. le maire de La Vallette, petit-fils de maître Jean Bourrut, sieur des Nauves, juge sénéchal et procureur fiscal au duché-pairie de La Vallette.
Sur décret d’autorisation du 23 mars 1852, et par deux actes reçus par Me Daviaud et Me Boussiron, notaires à La Vallette, en date du 9 avril 1852, la commune et le bureau central de bienfaisance de La Vallette sont devenus propriétaires de ce château, où sont établies des religieuses de l’ordre de Sainte-Anne de la Providence [], qui y dirigent une école de jeunes filles et une salle d’asile pour les enfants du premier âge.