Le château des Ormes se situe au bord de la Vienne, sur la commune des Ormes dans la Vienne, sur la RN 10 entre Tours etPoitiers.
La première mention de la seigneurie des Ormes est de 1392.
La famille de Marans l'acquiert en 1434 et la conserve jusqu'en 1604.
En 1652, elle est érigée en baronnie en faveur d' Antoine-Martin Pussort, un des oncles de Colbert.
Un château, dont il reste des éléments dans l'aile Nord, est alors construit1.
En 1729, Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson achète la baronnie des Ormes, avec toutes ses dépendances, les lieux dits Mousseau, La Motte de Grouin, Morte-Veille, La Chevalerie, La Garenne de Séligny, Villiers, Châtre, La Pouzardière, Salvert, Lesteigne, La Fontaine de l'Epinele, Le Grand et Le Petit Coupé.
Le domaine se compose par ailleurs d'une écluse sur la Vienne, "fuie et moulin, d'un four banal, de droits de foires et marchés, mesures, étalages et halle, droit de patronage et présentation à l'église, port, passage et pêcheries affermées ainsi que haute, moyenne et basse-justice".
Son fils Marc-René, s'y intéresse et crée 108 hectares de terre de prés et de pacages ainsi qu'un grand qui passera de 215 à 910 hectares (dont 564 hectares de bois)
En 1766, propriétaire novateur, il introduisit la culture du trèfle et du sainfoin.
Il fit aussi transformer le corps de logis central du château.
La demeure présentait en 1764, l'aspect irrégulier de maints bâtiments agrandis à travers les siècles : sept pavillons contigus, celui du centre formant dôme et le six autres alternativement terminés en cônes tronqués ou aigus.
La cour d'honneur abritait une statue en marbre de Louis XV, façonnée par Pigalle, ainsi que 7 canons et un obusier anglais donnés par Louis XV suite à la bataille de Fontenoy où s'illustra Marc-Pierre.
Marc-René décida de conserver les très beaux communs formant les ailes latérales ; la construction débuta en 1769 et les travaux de décoration intérieure se poursuivaient encore en1778.
C'est Charles De Wailly, architecte protégé par d'Argenson, qui conçut les travaux conduits par Pascal Lenot.
Il s'agissait d'un édifice "à l'Italienne" formé d'un rez-de-chaussée et d'un étage, précédé vers la cour d'une colonnade dorique sans base. Du milieu de la façade s'élevait une colonne creuse haute de 50 pieds à laquelle on montait par un escalier extérieur en colimaçon, paraît-il suite à un pari avec le duc de Choiseul qui, exilé lui-même dans son domaine de Chanteloup à Amboise, y avait fait édifier par Le Camus de Mézières la fameuse "pagode" dédiée à l'Amitié.
Cette colonne, terminée par une plate-forme où l'on avait érigé un paratonnerre, était d'une structure excessivement hardie et se balançait comme un grand arbre au moindre coup de vent; elle fut démolie en 1823 avec le corps de logis central; seuls resteront alors les deux ailes latérales.
La vaste cour, plantée de tilleuls séparant le château de la route d'Espagne, va laisser place à un jardin anglais planté de platanes et de peupliers d'Italie, rares à cette époque.
La belle terrasse en pierres de taille dominant la Vienne va devenir une épaisse muraille en pierres dures, assortie d'une tour ronde, communément appelée la "Tourelle", formant épi sur la Vienne.
La construction fut repensée au début du xxe siècle par l'architecte parisien Coulomb, qui fit reconstruire la partie centrale détruite au début du XIXème pour le compte de Marc-Pierre d'Argenson, député de la Vienne dans les premières années du siècle dernier, en harmonie avec les deux pavillons qui subsistaient du xviiie siècle, auxquels elle s'harmonise.
C'est alors que le grand et beau fronton allégorique XVIIIe de l'avant-corps du pavillon central du château, déposé lors de la démolition de 1823, fut remonté sur la façade de "La Bergerie", édifice bâti par De Wailly en face de l'allée d'arrivée du château, et sa copie l'y remplaça; celle-ci, devenue bien communal en 1975 et restauré vers 2007, faisait initialement partie de l'ensemble.
Une basse-cour, des granges et une ferme viennent compléter un ensemble d'une superficie de 7 000 m 2, dont l'envergure n'a pas découragé ses nouveaux propriétaires, le docteur Sydney Abbou et son épouse.
Le jardin contient une glacière voûtée, due à l'architecte Vétault en 18071.
Châtelains de l'an 2000, décidés à ouvrir au public une demeure conséquente, les Abbou ont eu un coup de cœur pour Les Ormes, classé monument historique pour l'essentiel, à restaurer et à remeubler entièrement.
Collections du château [modifier]
Ce sont d'abord les bibliothèques de deux aristocrates amateurs d'art, bibliophiles, érudits et "amis des Lumières".
Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, comte ? d'Argenson (1696-1764), ministre de La Guerre de Louis XV, constitua aux Ormes une bibliothèque de 3000 volumes qui occupait deux étages du château; favori de Madame de Pompadour, puis disgracié par elle, il y fut exilé par le roi en 1757.
Le bibliothécaire en fut Claude Yvon, dit l'abbé Yvon, appelé "le métaphysicien de l'Encyclopédie"; la collection aurait été donnée ou cédée à l'Etat en 1803 (Bibliothèque de l'Arsenal à Paris ?).
Le ministre fut l'ami de Voltaire, Fontenelle, Marmontel, du Président Hénault, et aurait fait édifier l'aile Nord du château pour les y recevoir; il fut aussi le protecteur des Encyclopédistes, qui lui dédièrent leur ouvrage.
Une autre bibliothèque familiale est a accédé au statut de véritable trésor national, il s'agit de celle, estimée à 100 000 volumes, du neveu du précédent, diplomate et homme d'Etat.
"En 1757, Antoine-René de Voyer, marquis de Paulmy (1722-1787), reçut du roi brevet de logement à l'Arsenal et s'y établit avec les livres, manuscrits, médailles, estampes que ce ministre collectionnait depuis sa jeunesse (...) le marquis ne cessa d'enrichir sa bibliothèque (...). Il reçut enfin une part précieuse de l'héritage de son oncle, Marc-Pierre de Voyer, comte d'Argenson, dont il sut choisir les pièces les plus illustres, notamment les manuscrits enluminés de la bibliothèque des ducs de Bourgogne. Il réunit alors la plus vaste et la plus complète bibliothèque de Paris après celle du roi (...) Aidé de collaborateurs, il proposa en 1774 la collection de la "Bibliothèque universelle des romans", publication à parution régulière, et fonda les "Mélanges tirés d'une grande bibliothèque", publiant 65 volumes de 1779 à 1787 (...) Afin d'éviter sa dispersion à sa mort , il la vendit en 1785 au comte d'Artois, dont l'émigration dès le 17 juillet 1789 laissa la bibliothèque, placée sous séquestre, dans ses murs, ce qui permit au Directoire, le 28 avril 1797, de la proclamer "Bibliothèque Nationale et Publique" et de l'ouvrir au public".
(cf. Eve Netchine, "La Bibliothèque de l'Arsenal", Connaissance des Arts, hors-série n°385, 4ème trimeste 2008; ill. p. 10 du buste en marbre du marquis de Paulmy par Pierre Gourdel et p. 27 d'un portefeuille de Mme de Pompadour, recueil d'eaux-fortes d'après les pierres gravées de du Guay et les dessins de Boucher, qu'elle donna au marquis en 1756.
Le mobilier des Ormes.
- on cite la série des "Batailles de Louis XV", toiles peintes par Pierre Lenfant (1704-1787), "dessinateur des camps et armées du roi" qui fut vendue aux enchères publiques lors de la succession du marquis d'Argenson (1975);
- la tenture de "L'Histoire de Don Quichotte", en Gobelins, offerte par le Roi à son ministre, fut remise à l'Etat pour le musée du Louvre en dation dans les mêmes conditions;
- des "chancelleries" en Gobelins du début du XVIIIe s.: le catalogue de 1954 et le dépliant de visite de 2004 du musée Nissim de Camondo à Paris indique que celle (n°45, p. 18) acquise par le collectionneur Moise de Camondo, fut tissée vers 1680 pour le chancelier Michel Le Tellier, marquis de Louvois, et modifée vers 1720 pour le marquis d'Argenson (1652-1721), nommé en 1653 chevalier protecteur de Saint-Marc de Venise, puis chancelier de France de 1718 à 1720, et indique que "d'autres exemplaires appartiennent au marquis d'Argenson";
Une autre de ces chancelleries, objet mobilier classé Monument Historique, orna un temps le château de Vaux-le-Vicomte (77).
- un objet unique appartenant à l'histoire des Etats-Unis d'Amérique, la maquette de la future ville de New-York (témoignage oral du général Charlet, de Jaunay-Clan lors d'une "Journée du Patrimoine" vers 1990).
Le riche fonds d'archives familiales, comprenant entre autres des correspondances de Mme de Pompadour et des Encyclopédistes adressées à ses ancêtres, a été vendu aux enchères publiques à Poitiers dans les années 2000 par leur descendant; de nombreux documents historiques de valeur patrimoniale furent alors préemptés par des institutions publiques, dont les Archives de France.
Trumeaux et cheminées sont demeurés en place, les tapisseries, un mobilier de marbre et des tableaux, expriment l' entreprise de restitution des nouveaux propriétaires.
Avec sa grande galerie, son salon en rotonde orné de boiseries qui domine la Vienne, son "cabinet de curiosités" orné d'oiseaux naturalisés, le château s'est ouvert au public.
Notes et références [modifier]