Actualité - Les façades romanes du château, trésor du 12e siècle, ont été sauvées
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15.12.09 | 04:15 | L'Express/L'Impartial
NEUCHÂTEL - SUISSE
Les façades romanes du château, trésor du 12e siècle, ont été sauvées
«Sans intervention rapide, en dix ans nous aurions assisté à une perte irrémédiable des éléments sculptés. La façade avait atteint un état de dégradation très avancé, lié notamment à la pollution de l'air et à l'humidité.»
Posté au sud du château de Neuchâtel, Marc Stähli, conservateur-restaurateur privé d'Auvernier, décrit précisément tout le travail qu'il vient de réaliser avec son équipe.
D'août à fin novembre derniers, six spécialistes de la restauration d'art ont redonné son aspect d'origine au plus bel exemple d'architecture civile romane conservé en Suisse, l'aile sud du château. Et si ce bijou du 12e siècle a pu être sauvé, c'est grâce à un crédit urgent de 400 000 francs accordé début 2009 par le Conseil d'Etat au Service cantonal des bâtiments (notre édition du 13 août).
«L'étude de ces façades nous permet de pénétrer dans l'histoire neuchâteloise à une période qu'on ne connaît pas du tout. Une période qui manque complètement de textes!», indique Christian de Reynier, archéologue à l'Office de protection des monuments et des sites.
L'office a profité de cette restauration pour mener une étude approfondie du bâtiment et mieux connaître son aspect original. «La datation des sculptures nous amène vers 1140», explique Christian de Reynier. Une époque où les seigneurs de Neuchâtel ont construit cette aile de style roman pour y abriter leurs palais privés, adossés à l'aile officielle du château.
«Et si Neuchâtel a conservé ces façades romanes, c'est grâce à une succession de coups de bol!», précise Christian De Reynier. En effet à la fin du 15e siècle, un pressoir est construit contre ces murs et les cachera, tout en les protégeant, durant plusieurs siècles.
Au milieu du 19e, le pressoir est détruit, et l'archéologue Frédéric Dubois de Montperreux découvre les vestiges romans masqués. «C'est un nouveau coup de bol! Si cette façade avait été découverte au 18e, elle aurait peut-être été détruite. Car à cette époque, seuls les vestiges antiques importaient!»
Une première restauration de la façade a donc lieu en 1866. Puis une autre en 1985. «Mais la tour romane avait été laissée de côté. Il n'y avait plus de moyens financiers», rappelle l'architecte cantonal Philippe Donner.
«Aujourd'hui, la tour est achevée. Il ne reste plus qu'à finaliser le porche, qui était la première entrée au château, devenu balcon, puis urinoir à la fin du Moyen-Age.»
La restauration de ce porche sera achevée au printemps prochain, les températures basses de l'hiver ne permettant pas l'utilisation des produits de conservation nécessaires. Et l'avenir? Les façades sont désormais enduites d'une peinture protectrice qui met en valeur le décor architectural roman. «Des gens s'offusquent que nous recouvrions certaines pierres par de la peinture. Mais les observations ont démontré que sur tous les éléments de l'époque romane, il y avait de la peinture! L'ensemble était complété par un décor peint», explique Marc Stähli, qui a également restauré la façade de la salle du Grand Conseil, et travaillé sur les sites de Grandson et Romainmôtier.
Et qui est le locataire le plus satisfait de la fin des travaux? «Le conseiller d'Etat Claude Nicati», plaisante Philippe Donner. «Il m'a dit: maintenant que les échafaudages ont été démontés, je peux enfin ouvrir les fenêtres, prendre l'air et apprécier la vue!» /VGI
VIRGINIE GIROUD
Dernière mise à jour : 15.12.09 | 09:52