Château de la Roche-Guyon
911 est une date importante dans l’histoire de France. Mais elle se révèle tout à fait déterminante pour celle de La Roche-Guyon.
En effet, au IXè siècle, les invasions Vikings menacent sérieusement le royaume franc. Pour mettre fin à ces saccages, Charles le Chauve tente de négocier avec l’envahisseur.
En 911, le traité de Saint-Clair sur Epte donne naissance au duché de Normandie et la concède aux Vikings. Rouen en sera la capitale.
Mais dès lors, La Roche-Guyon, de par sa position frontalière au carrefour de la Seine et de l’Epte, occupera une position militaire primordiale ; et le seigneur du château sera investi d’un moyen de pression politique important.
Dans le cadre des affrontements entre les Normands et le royaume franc, la forteresse de La Roche-Guyon prend tout son poids. La guerre du Vexin, plus particulièrement, souligne la nécessité de renforcer la frontière et, avec elle, le château de La Roche-Guyon. La forteresse se transforme peu à peu en château fort. C’est à la fin du XIIè siècle, vers 1190, que le donjon est constuit. Il est renforcé au début du XIIIè siècle par une double chemise qui le rend presque imprenable.
Véritable repère dans le paysage, le donjon s'impose en gardien du château de La Roche-Guyon et des siècles d'histoire qu'il a vu défiler. Erigé vers 1190, le donjon est rapidement complété de deux enceintes, le tout étant achevé dans les premières années du XIIIè siècle. Il faut l’imaginer bien plus imposant qu’il ne l’est aujourd’hui. Haut d’une vingtaine de mètres à présent, il en faisait plus de trente à l’origine. Il dominait la vallée de la Seine et permettait dans le même temps de garder un oeil vigilant du côté du plateau en direction de la vallée de l’Epte et de la Normandie toute proche.
| 1097 Guerre du Vexin 1190 Construction du donjon 1204 Annexion de la Normandie par Philippe Auguste 1250 Construction du manoir du bas 1337-1453 Guerre de Cent Ans 1419 Siège de La Roche-Guyon 1449 Reconquête du château par Guy VII de La Roche et les troupes du roi En 1415, Henri V roi d'Angleterre se lance à l'assaut des côtes françaises. La noblesse française se rassemble à Azincourt pour contrer ses troupes. Mais c'est la débâcle. Guy VI de La Roche meurt le 25 octobre 1415 lors de la bataille d'Azincourt. Il laisse derrière lui Perrette de La Rivière, sa femme, ainsi que ses trois enfants. |
Le XVIIIe siècle correspond à l’apogée du château de La Roche-Guyon. Le duc Alexandre de La Rochefoucauld puis sa fille, la duchesse d’Enville entreprennent de grands travaux qui modifient profondément l’ancienne forteresse et lui donnent l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui : les écuries, les deux pavillons, la cour d’honneur et son entrée monumentale. Les raisons de cette métamorphose En 1744, Alexandre de La Rochefoucauld, duc et pair de France, est compromis dans une cabale contre Madame de Châteauroux, la favorite du roi. Louis XV exile le duc de La Rochefoucauld sur ses terres de La Roche-Guyon avec ordre d’y rester. C’est à cette disgrâce que le château doit sa métamorphose spectaculaire en résidence princière. Les travaux profitent aussi au village. En effet, le duc crée un vaste potager derrière la digue qui borde la Seine. Il rénove le chemin du bac et la route de Gasny. Il modernise le réseau d’adduction d’eau et fait creuser un grand réservoir souterrain pour alimenter sa demeure ainsi que le lavoir et la fontaine du village. Un héritage familial à perpétuer La fille aînée du duc, Marie Louise Nicole de La Rochefoucauld accompagne son père dans son exil. Ils s’entourent d’une société choisie d’aristocrates éclairés et de gens d’esprit. On voit à La Roche-Guyon des ministres (Choiseul, Maurepas, puis Turgot) et des gens de lettres (Madame du Deffand, Julie de L’Espinasse, d’Alembert et plus tard Condorcet). La duchesse est aussi philanthrope et amie du progrès. Elle expérimente par exemple la culture de la pomme de terre pour fabriquer du pain économique (1769). Elle contribue à la diffusion du vaccin contre la variole alors que la pratique n’en est qu’à ses balbutiements. A La Roche-Guyon, elle ouvre une filature, une magnanerie (élevage du ver à soie), une briqueterie, mais également une école gratuite. La Roche-Guyon est à son apogée un lieu de réflexion et de mise en pratique de la philosophie des Lumières où l’humanisme des châtelains profite à l’ensemble du village et de ses alentours. | Duchesse d'Enville Deux portraits d’une grande famille de France. Alexandre de La Rochefoucauld et la duchesse d’Enville sont deux personnages phares de La Roche-Guyon. Ecuries, cour d’honneur, potager, pavillons... Tout au long du XVIIIe siècle, une succession de travaux métamorphose le château de La Roche-Guyon. Commandées en 1767 par la duchesse d’Enville à la Manufacture Royale des Gobelins, les tapisseries, ainsi que leurs couleurs, se sont admirablement bien conservées. |
Louis Alexandre de La Rochefoucauld (1742-1792) | Le 2 octobre 1793, le Conseil Général de Seine et Oise ordonne que le donjon soit démantelé. Il craignait que celui-ci ne devienne dangereux s’il était pris par les contre-révolutionnaires. On commence donc à démonter le symbole de la féodalité. Les pierres sont jetées du haut pour combler les enceintes. La démolition ne sera pas totale, mais le donjon perdra presque un tiers de sa hauteur initiale ! Les pierres détachées serviront de matériaux de construction aux Guyonnais. En un sens, le donjon fait partie intégrante du paysage et du village de La Roche-Guyon ! Le visiteur qui se rend à La Roche-Guyon ne manquera pas d’observer l’architecture du bâtiment qui fait presque face au château. |
La succession de madame d’Enville | La duchesse d’Enville avait fait construire une chapelle dans la Cour au Cerf. Le cardinal de La Rochefoucauld, archevêque de Rouen la consacre en 1770. Mais dès 1806, le duc de Rohan rétablit l’usage de la chapelle troglodytique, celle de Sainte Pience et de Saint Nicaise. Au XIXè siècle, La Roche-Guyon attire les romantiques... Lamartine vient y passer la semaine sainte en 1819. Victor Hugo est lui aussi l’hôte du cardinal de Rohan en 1821. Il revient quatorze ans plus tard, séjour pendant lequel il ne loge pas au château, mais à l’auberge. L’un comme l’autre trouve dans La Roche-Guyon une atmosphère qui l’inspire et qu’il retranscrira dans son oeuvre. | |
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Source : http://www.chateaudelarocheguyon.fr/heading/heading14510.html