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Châteaux de France et d'ailleurs - Page 174

  • Château d'Ivry-la-Bataille

    Château d'Ivry-la-Bataille

    Le château d'Ivry-la-Bataille fut une forteresse militaire et d'habitation dont la construction commence à la fin du xe siècle. Il a été entièrement détruit en 1424. Ses ruines ont fait l'objet de fouilles et sont désormais visitables.

    Intérieur du donjon, accès aux salles basses
    Les ruines du donjon
    Le châtelet d'entrée (XIII° S.)

    Sommaire

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    Situation [modifier]

    Le château occupe une colline, au bord du plateau, qui domine la rivière d'Eure et le bourg d'Ivry-la-BatailleEureFrance. Cette commune tient son nom de la célèbre bataille qui opposa le futur Henri IV aux troupes de la Ligue, le 14 mars 1590, avant cela, elle s'appelait Ivry-la-Chaussée. Un profond fossé isolait le site du château du plateau, constituant une position défensive en éperon barré.

    De part sa localisation, cette forteresse devait défendre les frontières du Duché de Normandie, enjeu statégique entre la couronne de France et celle d'Angleterre. Ce verrou sur la vallée de l'Eure, s'incrivait dans la ligne de défense où l'on retrouve le château deSaint-Clair-sur-Epte, celui de Gisors, etc.

    Intérêt archéologique [modifier]

    Commencée vers 960, la construction primitive était un quadrilatère de murailles à contreforts de 32 mètres sur 25. Ce logis-donjon, ou aula, s'élevait sur au moins deux niveaux et englobait une petite chapelle dite de Saint-Ursin. À la base des murs d'une épaisseur de 3 mètres, on remarque un appareillage en arêtes de poisson (opus spicatum) caractéristique des constructions carolingiennes ainsi que l'emploi de chaînage en briques sur quelques éléments dont un contrefort et une baie.

    Cet ensemble imposant, dû selon la légende à l'architecte Lanfred qui aurait ensuite été exécuté par la première femme du comte Raoul, Alberède1 s'élevait vers l'an 1000 et représentait pour l'époque un des premiers emplois de la pierre, les châteaux féodaux étant jusque là en bois. De nos jours ne subsiste plus que le premier niveau, c'est la plus ancienne construction médiévale de pierre en Normandie. Des études récentes2 ont avancé que ce château aurait servit de modèle pour la Tour de Londres (vers 1070). Une vaste enceinte, moins défendue, s'étend à l'ouest du donjon, constituant la basse-cour.

    Dans les siècles suivants, une enceinte de défense, entourant le donjon, fut ajoutée, avec des tours flanquantes et un châteletd'entrée.

    Après sa destruction et son arasement, les vestiges devenus carrière de pierres et comblés de terre, tombèrent peu à peu dans l'oubli. Vers 1960, seule une colline boisée, où quelques pans de murs émergeaient, marquait encore l'emplacement de la forteresse. C'est en 1968 que Robert Baudet, ébéniste à Ivry, entreprit avec un groupe de bénévoles le dégagement des substructures. Après 20 ans de travaux titanesques, le sol d'origine réapparu et les ruines du château ressortirent de terre. Classémonument historique depuis 19903, les vestiges redevenus imposants appartiennent à la commune et sont en visite libre.

    Quelques dates [modifier]

    Notes et références [modifier]

    1. M. Guizot Histoire de la Normandie, tome III. pp364 - [lire en ligne [archive]]
    2. Dominique Pitte voit à Ivry un chaînon de l'évolution entre le donjon de Doué-la-Fontaine et la Tour de Londres
    3. Le classement sur la base Mérimée [archive]

    Bibliographie [modifier]

    • François-Joseph Mauduit, Histoire d'Ivry-la-Bataille et de l'abbaye de Notre-Dame d'Ivry, Imprimerie Hérissey, Évreux, 1899
    • Dominique Pitte, Le Château d'Ivry (Eure)- La Normandie vers l'an mil, Rouen, Société de l'histoire normande, 2000, p. 77-83
    • Jean MesquiIvry-la-Bataille - Châteaux et fortifications en France, Flammarion, Paris, 1997

    Liens externes [modifier]

     

     

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Château_d'Ivry-la-Bataille

  • Château d'Annecy

     

    Château d'Annecy

    Château d'Annecy

    vu des jardins de l'Europe
    vu des jardins de l'Europe

    Présentation
    Nom local Château
    de Genevois-Nemours
    Période ou style Médiéval
    Type château
    Début construction xiie siècle
    Fin construction xvie siècle
    Propriétaire initial comtes de Genève
    Destination initiale résidence
    Propriétaire actuel ville d'Annecy
    Destination actuelle musée
    Classement Logomonumclassé.gif classé MH 1959/10/12[1]
    cour - enceinte
    Géographie
    Latitude
    Longitude
    45° 53′ 51″ Nord
    6° 7′ 35″ Est
    1
    Pays France France
    Région historique Genevois Blason ville fr La Roche-sur-Foron (Haute-Savoie).svg
    Région Rhône-Alpes
    Département Haute-Savoie
    Commune Annecy

    Ancienne résidence des comtes de Genève Blason comte Geneve ancien.svg et des ducs de Genevois-Nemours Armoiries Savoie-Nemours.svg, le château d'Annecy est implanté sur la commune éponyme, dans le département de Haute-Savoie.
    Propriété de la ville qui l'a restauré et transformé en musée.

    Sommaire

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    Situation [modifier]

    Le château se dresse sur le dernier promontoire rocheux de la montagne du Semnoz, formant éperon, qui domine la ville au sud, à 470 mètres d'altitude. Il surveillait la route reliant Genève à l'Italie, au débouché de la cluse du lac, ainsi que les ponts qui franchissait l'émissaire du lac. Surplombant le Thiou et son île, la vue portait sur toute l'étendue de la plaine des Fins.

    Histoire [modifier]

    On ne sait rien de son origine, fort ancienne, il y aurait eu déjà une forteresse au viiie siècle. La première mention connu date du 10 octobre 1219, lorsque la famille de Gevève en fait sa résidence principale, contrainte d'abandonner Genève à la souveraineté de son prince-évêque2.
    Entièrement détruit lors d'un incendie survenu le 27 avril 1340, il est reconstruit à l'identique par le comte Amédée IIIRobert de Genève y entreprend d'importants travaux et le transmet à sa mort, survenu en 1394, à son beau-frère Humbert de Thoire-et-Villars, qui le lègue à son tour à son oncle Odon de Villards, lequel le cède le 5 août 14013 au duc de Savoie Amédée VIII.
    Celui-ci le restaure en 1403, après un nouvel incendie, et en fait la résidence de son second fils, Philippe, qui reçoit le Genevois enapanage en 1440. Le duc Louis en fait de même avec son troisième fils Janus. Le duc Charles constitue le 15 août 1514 un nouvel apanage dit de Genevois-Nemours au profit de son frère Philippe de Savoie.
    Le château est pris le 20 mai 1630 par l'armée française, malgré la résistance de son gouverneur Louis de Salles. En 1659, à la mort d'Henri II, dernier de la famille des Genevois-Nemours, le château fait retour au duché de Savoie, qui en fait la résidence du gouverneur de la place d'Annecy.
    La forteresse est transformé temporairement en caserne lors de l'occupation espagnole de 1742.
    En 1793, le château est déclaré « bien national », baptisé « Maison de la Montagne », il sert à abriter les armées républicaines, puis impériales. Il gardera cette fonction jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, puis sera envahi par des sans-logis.
    En 1952, un nouvel incendie l'endommage et en 1953, la commune d'Annecy, le rachète à l'Etat. Restauré, il abrite aujourd'hui une présentation permanente des collections des musées de l'agglomération d'Annecy et l'Observatoire régional des lacs alpins.

    Description [modifier]

    l'entrée du château

    C'est une grande enceinte polygonale de 55 x 125 m , qui suit les contours du rocher. Elle aurait entouré, selon des textes anciens4, une tour maîtresse rectangulaire, aujourd'hui rasée, située en face du « Vieux Logis », qui aurait été reliée à celui-ci par des galeries de bois. L'accès du château était commandé par un pont-levis qui enjambais le fossé, comblé aujourd'hui5. Autour de la cour s'élèvent divers bâtiments dont le plus ancien, au sud, est un « donjon » carré du xiie siècle, dit « Tour de la Reine ».

    Au nord, deux tours dites de « Saint-Pierre » et de « Saint-Paul », encadrent le « Vieux Logis » des xiiie siècle et xive siècle. Toujours au nord, le « logis neuf » et le « logis Nemours » disposées de part et d'autre du « Vieux Logis », sont des créations duxvie siècle. Au sud-est, la « Tour et le Logis Perrière » ont été bâties entre 1445 et 1487. Le chemin de ronde a été refait auxvie siècle. La porte de la herse est une restauration de la fin du xixe siècle6.

    • la « Tour de la Reine » ou « Grande Tour7 »

    Massive, haute de 38 m, de 16 m de côté avec des murs ayant une épaisseur de plus de 4 m , elle est dotée d'archères à ébrasement simple. Elle domine le front sud, qui est l'un des plus vulnérables. Son accès se faisait au niveau de la courtine8. L'examen archéologique permet de distinguer deux phases de construction. La base aurait été édifiée dans la seconde moitié duxiiie siècle, et les élévations, au siècle suivant, à la charnière des xive siècle et xve siècle.

    • le « Vieux Logis »

    C'est un édifice rectangulaire de 29 x 15 m , la « Grande Salle », flanqué de deux tours, la « tour Saint-Pierre » et la « tour Saint-Paul », qui font faces à la ville, auquel est adossé une aile résidentielle au sud-ouest.
    La « Grande Salle » abrite au rez-de-chaussée, la salle aux quatorze colonnes, qui fut salle du poêle « grand pèle », transformé en cellier en 1394 et dont on doit les aménagements actuel à Amédée VIII, en 1430. A l'étage, la salle d'apparat, « grande salle des fêtes » édifié en 1333, communiquant avec les appartements, possède une cheminée refaite au xvie siècle, ainsi qu'un plafond à caissons refait par Amédée VIII. Ce dernier y fit ajouter une grande vis. Cette salle fut dotée entre 1340 et 1345 de fenêtres à meneau et croisillon. A la charnière entre la « Grande Salle » et l'aile résidentielle, au centre de la façade, une tourelle, contient un escalier à vis, « grand viret » datant de 1430.
    La « tour Saint-Pierre », connu en 1753 sous le nom de « Tour des Princes », orientée au nord-ouest, fut érigé en 1430 à la place d'une tour plus ancienne appelée « Tour du Pommier ». Elle servit vraisemblablement à augmenter le potentiel résidentiel. Au xve siècle, elle fut reliée à la grande salle et à la chambre ducale, et dotée d'un oratoire. C'est la seule tour du château d'Annecy qui ait conservé, au complet, ses créneaux et mâchicoulis.
    La « tour Saint-Paul », orientée au nord-ouest, mesure 25 m . Elle date de 1383. Au premier étage, on trouve, une belle chambre à plafond du xvie siècle. Amédée VIII fit placer en 1430 dans cette tour, un miroir, pour surveiller les ennemis, ce qui la fit nommer la « Tour du Miroir ».
    L'aile résidentielle, comprend, au rez-de-chaussée, au sud, une cuisine, refaite en 1340 et reconstruite au xve siècle. Elle comporte deux cheminées gigantesques, dans l'une desquelles s'ouvre le four. A l'étage, on trouve, la « chambre rouge », mentionné en 1251 et une chambre de parement. son arcade, elle couvre un puits de 40 m de profondeur dont la présence est déjà mentionnée en 1428.

    • le « Logis Nemours »

    On doit ce logis à Charlotte d'Orléans-Longueville, Duchesse de Genevois-Nemours qui l'a fait bâtir en 15459. Il comporte de beaux appartements, dont la pièce principale est la « chambre des cerfs ». Il est doté d'une échauguette. Dans l'une de ces salles, l'on peut encore voir une frise peinte au sommet de ses murs. On y voit aussi des latrines à deux, voire trois places.
    Le musée est installé dans le Logis Vieux et le Logis Nemours.

    • le « Logis Neuf »

    Il est édifié en 1562 par le duc Jacques de Genevois-Nemours. Au premier étage on peut encore voir des plafonds datant de 1571. Ce logis a beaucoup souffert, il a entre autres été amputé de moitié pour aménager une terrasse au pied de la Tour Perrière.

    • la « Tour et le Logis Perrière »
    la Tour et le Logis Perrière

    L'élément majeur, est sa tour haute de 33 m et de 12 m de côté. Le contrat de construction de la tour est passé en 1445 par le duc Louis Ier de Savoie, sur l'emplacement du donjon de l'ancien château, détruit par le feu. Cette tour fut nommé « Tour Nouvelle » en 1487, « Tour du Trésor » en 1565, « Tour du Gouvernement » au xviiie siècle, puis « Tour de la Montagne » sous la Révolution, époque ou elle servit de prison. Ses créneaux ont été détruits en 1758, lors d'un incendie. Un souterrain reliait cette tour avec une maison située côté Perrière. On en perd sa trace en 1673. Le logis, « logis du Gouvernement » au xviiie siècle, est accolé dans la deuxième moitié du xve siècle, par le comte Janus, pour y placer les services de la chambre des comtes. On y voit un reste de décor peint, ainsi que des dessins faits par les soldats, lorsque le château servit de caserne. Au rez-de-chaussée, on trouve une belle chambre du xvie siècle. Une vis, à la charnière de la tour et du logis permet de desservir l'ensemble des niveaux. Aux différents niveau du logis ,un mur de refend, sépare l'espace en deux. Une grande vis est placée dans l'angle sud-est du logis. Dans la « Tour Perrière », qui domine le lac, on a aménagé dans l'épaisseur de la muraille, le passage du chemin de ronde. La communication avec le logis a disparu.
    Ils abritent l' Observatoire régional des lacs alpins.

    • la terrasse

    Elle offre une vue en hauteur sur la vieille ville, ses ruelles étroites et ses toits entrelacés.
    Il faut noter aussi l'existence, dans la cour du château, d'une chapelle qui fut détruite au milieu du xviiie siècle.

    Notes et références [modifier]

    1. Coordonnées trouvées sur Géoportail
    2. accord conclu entre Guillaume II, comte de Genève et l'évêque de Genève, Aymon de Grandson
    3. cession du comté de Genevois au duché de Savoie
    4. notamment dans un texte daté de 1402
    5. place actuelle
    6. entre 1868 et 1873
    7. avant le xviiie siècle, puis la « Tour du Trésor »
    8. 13 m de hauteur
    9. les travaux se pousuivirent de 1553 à 1565

    Voir aussi [modifier]

    Bibliographie [modifier]

    • Elisabeth Sirot, Le château d'Annecy, Presses universitaires de Lyon, 1990
    • Georges Chapier, Les Châteaux Savoyards, Éd. La Découvrance.
    • Christian Regat, François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie, Chablais, Faucigny, Genevois, Éd. Cabédita, 1994.
    • Jean Mesqui, Châteaux forts et fortifications en France, Éd. Flammarion.
    • Charles-Laurent SALCH, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du moyen âge en France, Éd. Publitotal.

    Article connexe [modifier]

    Commons-logo.svg

    Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres surChâteau d'Annecy.

    Lien externe [modifier]

     

  • Château de Windsor (Grande-Bretagne)

    Château de Windsor

    Vue aérienne du château
    Vue aérienne du château

    Présentation
    Nom local Windsor Castle
    Période ou style Forteresse médiévale
    Architecte Jeffry Wyattville
    Propriétaire actuel Couronne d'Angleterre
    Site internet Consulter
    Géographie
    Latitude
    Longitude
    51° 29′ 02″ Nord
    0° 36′ 16″ Ouest
    Pays Royaume-Uni
    Région historique Berkshire
    Commune Windsor
    Géolocalisation sur la carte : Royaume-Uni
    United Kingdom location map.svg
    Château de Windsor
    Le château de Windsor, une forteresse millénaire transformée en palais royal. Sa célèbre architecture d’apparence médiévale ne fut toutefois créée que dans les années 1820 par Jeffry Wyattville.

    Le château de Windsor (Windsor Castle en anglais), à Windsor dans le Berkshire, est le plus grand château habité au monde, mais aussi le plus ancien habité sans discontinuité. La surface au sol de l'édifice est d'environ 45 000 m2.1

    Avec le palais de Buckingham à Londres et le palais de Holyrood à Édimbourg, c’est l’une des principales résidences officielles des membres de la famille royale du Royaume-Uni. La reine Élisabeth II y séjourne plusieurs week-ends dans l’année, l'utilisant à la fois comme résidence privée et comme résidence officielle. Ses deux autres propriétés, le château de Balmoral et Sandringham House, sont des résidences royales privées.

    La plupart des rois et reines d'Angleterre ont eu une influence sur l'architecture du château, qui fut une forteresse, un manoir, une résidence royale et parfois même une prison. L'histoire du château est intimement liée à celle de la monarchie britannique. En temps de paix, on agrandissait le château de grands appartements, alors qu'en temps de guerre, on renforçait les fortifications. Ce constat se vérifie encore aujourd'hui.

    Au nord du château se trouve l'école privée Saint-Georges, qui forme des choristes pour la chapelle du même nom.2 Eton College se trouve à 1,5 km au nord du château.

    Sommaire

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    Histoire [modifier]

    Plan du Château de WindsorA : Tour Ronde (The round tower) • B : Partie haute du château (The Upper Ward ou The Quadrangle) • C : Appartements d'État (The State Apartments) • D : Terrasse est (appartement privées du souverain) • E : Aile sud (South Wing) • F : Partie basse du château (The Lower Ward) • GChapelle Saint-Georges (St George's Chapel) • H : Cloître en "fer à cheval" (Horseshoe Cloister) • K : Porte du Roi Henri VIII (King Henry VIII Gate) - Entrée principale • LLong Walk • M : Porte des Normands (Norman Gate) • N : Terrasse nord • O : Tour Edouard III (Edward III Tower) • T : Tour du Couvre-feu (The Curfew Tower)

    1070-1350 [modifier]

    Au commencement de son règne (qui dura de 1066 à 1087), Guillaume le Conquérant prend possession d'un manoir (probablement une résidence royale saxonne), dans ce qui aujourd'hui constitue le Vieux Windsor. Plus tard, entre 1070 et 1086, il loue le site actuel du château au manoir de Clewer et construit le premier édifice en motte castrale à l'emplacement actuel de la tour Ronde (A). La motte, d'une hauteur de 15 mètres, est constituée de craie extraite d'une carrière des environs, et sera entourée par la suite dedouves. Bénéficiant d'une position géographique stratégique, le château faisait partie de l'enceinte défensive des forteresses entourant la ville de Londres.

    À cette époque, le château était protégé par des remparts en bois, à la place des épais murs de pierre d'aujourd'hui. Le plan originel est inconnu, mais on sait qu'il s'agissait d'une forteresse classique, même si rien de la structure d'origine n'a été préservé. Par la suite, on a continué à utiliser cette place comme base militaire en procédant toutefois à de nombreux agrandissements. Si Guillaume II améliora et élargit la structure, Henri Ier fut le premier monarque à y résider, puisqu'il y célébra la Pentecôte en 11103 et son mariage avec Adelaïde, la fille de Godefroid Ier de Louvain y fut célébré en 1121.

    Les plus anciens bâtiments encore existants datent du règne d'Henri II (couronné en 1154). Celui-ci remplaça les remparts de bois entourant la forteresse par un mur en pierre espacé de tours carrées ; une partie restaurée de ce mur défensif peut être observée de nos jours depuis la terrasse est (D). Henri II construisit aussi le premier donjon de pierre sur la butte, au centre du château.

    Le château de Windsor, Laura Valentine

    En 1189, Windsor fut assiégé pendant la « Révolte des barons anglais » contre Jean sans Terre. Les troupes du Prince de Galles prirent la fuite, et ce dernier dut s'enfuir en France. Plus tard, en 1215, à Runnymede, près du château, le même prince, désormais roi, fut contraint de signer la Magna carta ("Grande Charte"). En 1216, toujours durant la « Révolte des Barons », le château fut à nouveau assiégé, ce qui causa de sérieux dommages à la partie basse.

    Le successeur de Jean, Henri III fit réparer ces dommages et renforça la défense du château en construisant l'aile ouest encore partiellement existante aujourd'hui. Les plus vieilles parties de l'édifice encore visibles comprennent la tour du Couvre-feu (T), construite en 1227, et, à l'intérieur de la tour, l'ancienne prison ainsi que les vestiges d'une porte secrète permettant aux occupants de sortir pendant les sièges. Des cloches seront installées en haut de la tour en 1478, et seront suivies d'une horloge en 1689. Le toit conique à la française lui a été ajouté au xixe siècle. Henri III y meurt en 1272. Peu de transformations auront lieu avant le règne d'Édouard III entre 1327 et 1377.

    1350-1500 [modifier]

    Le roi Édouard III naquit au château en 1312 et fut connu sous le nom d'Édouard de Windsor. En 1350, il entama un programme de reconstruction qui allait durer 24 ans. Le château d'alors fut démoli à l'exception de la Tour du Couvre-feu (T) et de quelques constructions d'importance secondaire. Il nomma William de Wykeham à la tête du chantier. Le donjon d'Henri II fut remplacé par le donjon actuel, même s'il n'atteindra pas la hauteur qu'on lui connaît aujourd'hui avant le xixe siècle. Les fortifications furent également améliorées et la chapelle largement agrandie (la construction pourtant planifiée d'une nouvelle église ayant été annulée, probablement à cause du manque de main-d'œuvre et de moyens consécutif à l'épidémie depeste noire). C'est de cette époque que date également la porte des Normands (M) : cette porte monumentale située au pied de la tour Ronde est le dernier bastion avant la partie haute du château (B) où sont situés les appartements royaux.

    En 1348, Édouard III instaure l’ordre de la Jarretière, dont la cérémonie annuelle, le lundi du Ascot Week, a lieu dans la chapelle Saint-Georges, le principale édifice religieux du château.

    La partie basse dans les années 1840. La chapelle Saint-Georges est à gauche et la tour Ronde est à l’arrière plan au centre.

    Cependant, en 1390, durant le règne de Richard II, on s’aperçut que celle-ci était sur le point de s’effondrer et qu'une restauration devait être entreprise. Geoffrey Chaucer, le conducteur des travaux, était à la fois écrivain, diplomate et grand architecte du roi, ainsi que l'un de ses favoris. Leur collaboration allait perdurer tout le long du règne de Richard. Avant la mort de Chaucer le 25 octobre 1400, le roi lui accorda plusieurs cadeaux et rentes, comme par exemple : en 1394 une rente de 20 Livres par an, ou encore en 1397, 252 gallons de vin. Quelle qu'ait été la qualité du travail de géomètre et d’architecte de Chaucer, la chapelle tombait de nouveau en ruines 50 ans après sa restauration.

    Édouard IV (1461–1483), premier représentant de la Maison d'York commença la construction de l’actuelle chapelle Saint-Georges. En réalité, l'édifice de style gothique, commencée en 1475, est davantage une cathédrale miniature et un mausolée royal qu’une chapelle. Sa construction marque un tournant du point de vue architectural. Après la guerre des Roses, le climat politique devenu plus stable, le style et le confort des aménagements prennent le pas sur les fortifications. La finalité du château change : d'un bastion royal, il devient résidence des souverains. À tel point, par exemple, qu'un "Cloître en fer à cheval" (H) est construit à partir de 1480 près de la chapelle Saint-Georges pour y accueillir les ecclésiastiques. Ce bâtiment incurvé en briques a la forme d’un fer à cheval, un des insignes du roi Édouard. Cependant, durant le règne d’Henri VII, une partie de la chapelle sera détruite pour faire place à la "chapelle de la Vierge", le premier chef-d’œuvre architectural dans l’enceinte du château.

    Néanmoins, les travaux de restauration entrepris en 1871 furent si imposants que la chapelle originale a presque complètement disparu.

    De la forteresse au palais [modifier]

    Le château de Windsor et la Tamise.

    Malgré la transformation par Edouard III du château en résidence royale comparable aux autres palais royaux tels que Whitehall ou Nonsuch, Windsor restait bien morne4Henri VIII (qui régna de 1509 à 1547) a reconstruit l'entrée principale (K) vers 1510 de sorte qu'en cas d'attaque, une invasion du château aurait entraîné une difficile bataille. Les armoiries au-dessus du portail et de la herse portent l'insigne de la grenade, emblème de Catherine d'Aragon, la première épouse du roi.

    Le successeur d'Henri VIII, Édouard VI (qui régna de 1547 à 1553), écrit lors d'un séjour au château : « Il me semble que je suis dans une prison. Il n'y a ici ni galeries, ni jardins où l'on peut se promener » (en anglais « Methink I am in a prison, here are no galleries, nor no gardens to walk in »)."4

    Élisabeth Ire (qui régna de 1558 à 1603) résida principalement à Windsor, jugeant cet endroit comme le plus sûr de son royaume. Elle s'y retira pendant les périodes troubles, « sachant qu'on peut y tenir un siège si nécessaire » selon ses propres mots (en anglais knowing it could stand a siege if need be)4. Si ces déclarations laissent à penser que le château était encore et toujours une forteresse, elle aussi contribua à sa transformation en ordonnant la construction de la terrasse nord (N) sur laquelle elle fit construire une promenade couverte, exemple précoce de ce qu'on appellera plus tard une serre. Ce bâtiment est resté relativement inchangé. Il accueille aujourd'hui la bibliothèque royale, qui abrite toujours une monumentale cheminée de style Tudor.

    La guerre civile [modifier]

    Ni Jacques Ier, successeur d'Élisabeth Ire, ni son fils Charles Ier n'apporteront aucun changement significatif au château. Toutefois, après la déposition de Charles pendant la Guerre Civile anglaise, Windsor devint le quartier général des troupes d'Oliver Cromwell, la New Model Army. Le château tomba très vite aux mains des parlementaires de Cromwell grâce à l'ingéniosité du colonel John Venn. Le prince Rupert du Rhin arriva sur place quelques jours plus tard pour tenter de reprendre la ville et le château. Si la cité fut effectivement reconquise, il ne put reprendre la forteresse, dont John Venn resta gouverneur jusqu'en 1645.

    Sous la juridiction des parlementaires, Windsor a subi quelques dommages ; toutefois, moins qu'on aurait pu s'y attendre pour un symbole de la monarchie. Les garnisons en place furent néanmoins autorisées à piller les trésors pour compenser leur rémunération insuffisante5. Pendant la période du Commonwealth de l'Angleterre, le château resta un quartier général ainsi qu'une prison pour les plus importantsroyalistes. Peu avant son exécution en 1649, Charles Ier y fut maintenu en résidence surveillée. Sa dépouille fut rapportée en catimini à Windsor pour y être enterrée sans cérémonie religieuse dans une crypte située sous le chœur de la chapelle Saint-George, juste à côté de la sépulture d'Henri VIII et de sa troisième femme Jeanne Seymour.

    La Restauration [modifier]

    Long Walk

    La restauration monarchique en 1660 est le témoin de la première grande période de modifications apportées au château depuis de nombreuses années. Charles II s'est efforcé de le restaurer et de le remeubler après les pillages subis lors de la guerre civile. À cette époque, on bâtissait le château de Versailles et Charles II s'en inspira pour faire construire l'avenue connue sous le nom de Long Walk (L). En provenance du sud, cette voie boisée de 75 mètres de large remonte sur 5 km. Les ormes que Charles avait fait planter le long de celle-ci ont été depuis remplacés par des noisetiers et des platanes. La Long Walk n'est d'ailleurs pas le seul élément inspiré par Versailles. Charles II chargea l'architecte Hugh May de reconstruire les appartements royaux et St George's Hall.

    May remplaça les appartements situés sur la terrasse nord des Plantagenêt par une grande construction cubique. L'intérieur de ces appartements fut décoré de plafonds signés Antonio Verrio et sculptés par Grinling Gibbons. Le roi acheta aussi des tapisseries et des peintures pour redécorer les pièces. Ces œuvres d'art forment ce qu'on appelle aujourd'hui la Royal Collection (collection des œuvres d'art de la famille royale britannique[2]). Trois des pièces de ces appartements sont restées relativement inchangées : la Queen's Presence Chamber et la Queen's Audience Chamber, toutes deux conçues pour l'épouse de Charles II Catherine de Bragance, et la King's Dining Room ("salle à manger royale"). Seules ces pièces ont conservé leurs plafonds et leurs boiseries d'origine. Autrefois, il y avait 20 pièces du même style. Certaines des sculptures sur bois de Gibbons ont été sauvées alors que des modifications étaient apportées aux Appartements. Au xixe siècle, ces boiseries furent réutilisées dans la salle du trône de Windsor utilisée pour les cérémonies relatives à l'ordre de la Jarretière (Garter Throne Room [3]) et dans la Waterloo Chamber("Chambre Waterloo" [4]).

    Les xviiie et xixe siècles [modifier]

    Plan du château de Windsor en 1743 par Batty Langley

    À la mort de Charles II en 1685, le château fut à nouveau négligé. Si le parc et les alentours restaient occupés, les monarques préféraient vivre ailleurs. Sous les règnes de Guillaume III et de Marie II (entre 1689 et 1702), le château de Hampton Court fut agrandi et transformé en un grand palais moderne. Plus tard, la reine Anne Ire a préféré habiter une petite maison à proximité de Windsor.

    Ce n'est qu'à partir de 1804, que George III, père de 13 enfants, eut besoin d'une résidence plus grande. Il ne trouva pas d'autre endroit que Windsor pour loger toutes sa famille. Il jugea que le palladianisme introduit en Angleterre par Inigo Jones à l'époque de Charles Ier, n'était pas en harmonie avec le château ancien, et fit modifier la plupart des fenêtres de Charles II, leur donnant toutes la forme d'ogives gothique. C'est ainsi que Windsor retrouva une fois de plus son apparence médiévale originelle. En 1811, George III allait sombrer dans une complète et permanente aliénation. Il fut confiné au château pour sa propre sécurité. Durant les neuf dernières années de sa vie, il n'a quitté que très rarement ses appartements.

    La Round Tower

    C'est au cours du règne de George IV entre 1820 et 1830, que le château va subir la plus importante transformation de son histoire. Le souverain connu pour les édifices fastueux qu'il avait fait commencés pendant la régence (Carlton House et le Royal Pavilion), a convaincu le parlement de lui allouer 300 000 livres pour la restauration de Windsor. Les travaux commencèrent en 1824 sous la direction de l'architecte Jeffry Wyattville.

    Ceux-ci durèrent 12 ans et comprenaient le remaniement complet de la partie haute "le Upper Ward" (B), des appartements royaux privés (D), de la tour Ronde ("Round Tower") : (A) et de la façade extérieure de l'aile sud (E), donnant à cette dernière, la symétrie presque parfaite que l'on peut voir aujourd'hui depuis la Long Walk.

    St George's Hall en 1819 par W.H. Pyne's Royal Residences. On peut constater le style baroque exécuté pour Charles II par l'architecte Hugh May, le peintre Antonio Verrio, le sculpteur Grinling Gibbons entre autres.
    St George's Hall en 1848 par Joseph Nash, représente les fêtes pour George IV du Royaume-Uni. La peinture montre l'ampleur des travaux de redécoration effectués par l'architecte Jeffry Wyattville.

    Wyatville fut le premier architecte à considérer le château comme un tout et non comme un ensemble de bâtiments d’époques et de styles différents. L'architecte imposa sa préférence à la symétrie, alors que l'édifice avait évolué par étapes au cours des siècles précédents, constituant donc un ensemble qui n'avait rien de symétrique.

    Ainsi, la hauteur de certaines tours de la partie haute le Upper Ward furent augmentées pour égaler les autres, le Upper Ward et la chapelle Saint-Georges du Lower Ward furent revêtus de créneaux d’un style gothique pour les assortir aux édifices médiévaux.

    La tour Ronde (Round Tower) qui fut depuis toujours un édifice ramassé, avait désormais un aspect trapu encore plus accentué du fait de l'augmentation de la hauteur des édifices de l’Upper Ward. Wyatville surmonta ce problème en construisant au sommet de la tour Ronde une couronne creuse en pierre qui fut en fait un faux étage supérieur. Avec ses 10 mètres de hauteur, cette couronne donne au château tout entier sa silhouette théâtrale qu'on peut observer désormais des kilomètres à la ronde.

    La majeure partie de l'intérieur a subi également la même rénovation que l'extérieur. Les appartements d'État de Charles II remis à neuf par George III furent redessinés dans un style gothique, notamment le hall Saint-Georges (cf illustration à droite) dont la longueur fut doublée. Wyatville a également recouvert d'une cour afin de créer la chambre Waterloo (Waterloo Chamber). Ce vaste hall éclairé par une claire-voie fut conçu pour célébrer la victoire de la bataille de Waterloo et fut décoré des portraits des souverains et commandants alliés qui vainquirent Napoléon. L'imposante table au centre de la chambre peut accueillir 150 personnes.

    Si les travaux étaient inachevés à la mort du roi George IV en 1830, ils furent presque terminés à la mort de Wyatville en 1840.

    La période victorienne [modifier]

    La retraite en toute intimité de la reineVictoria du Royaume-Uni à Windsor après la mort du prince Albert de Saxe-Cobourg lui valut le sobriquet de « veuve de Windsor ».

    Victoria et le Prince Albert de Saxe-Cobourg ont fait de Windsor leur résidence royale principale. Les améliorations qu'ils y ont apportées concernent davantage les jardins que le château en lui-même. En particulier, une loi votée par le parlement en 1848 (leWindsor Castle and Town Approaches Act) autorisait la fermeture ou la déviation des anciennes routes qui auparavant permettaient de relier Datchet et le Vieux Windsor en traversant le parc du château. Ces modifications permirent à la famille royale d'entreprendre la clôture d'une partie du jardin pour former un espace privé le "Home Park" interdit au public.

    La reine Victoria se retira en toute intimité à Windsor après la mort de son époux le Prince Albert de Saxe-Cobourg survenue en 1861 au château. Albert fut inhumé dans un mausolée construit à Frogmore, au sein du Home Park (Victoria y a été inhumée à ses côtés).

    Jusqu'à sa mort en 1901, Windsor fut la résidence principale de Victoria, qui n'allait que très rarement au palais de Buckingham. Les appartements du prince sont restés tels qu'ils étaient au moment de son décès. Bien qu'un air de mélancolie planât sur le château auxixe siècle, cela n'a pas empêché la réalisation d'améliorations et de restaurations. En 1866, Anthony Salvin créa le grand escalier de pierre de style gothique situé dans les appartements d'État (C). Le haut de l'escalier est encadré par deux statues équestres grandeur nature montées par des chevaliers en armure. Celui-ci conduit sur un hall à deux étages éclairé par une tour-lanterne, décoré d'armes et d'armures, y compris de celles portées par Henri VIII, datant de 1540. Ce thème décoratif est repris dans la chambre des gardes de la reine et dans le grand vestibule. Salvin ajouta également à cette époque un toit conique à la Curfew Tower (T).

    Le xxe siècle [modifier]

    Après l'accession au trône d'Édouard VII en 1901, le château resta bien souvent vide, le nouveau souverain préférant ses autres résidences. Le roi y séjournait seulement la semaine des courses hippiques d'Ascot et à Pâques. Une des modifications faites sous son règne fut de concevoir au château un parcours de golf.

    Élisabeth II (en tant que Sovereign of the Most Noble Order of the Garter) et le duc d'Édimbourg, défilant vers la chapelle Saint-Georges, au château de Windsor lors de la cérémonie annuelle des chevaliers de l'Ordre de la Jarretière.

    Le successeur d'Édouard VII, le roi George V, qui régna de 1910 à 1936, préférait également ses autres résidences. Toutefois, son épouse, la reine Mary, férue d'art, a non seulement recherché et racheté des anciens meubles provenant du château mais aussi acheté de nouvelles œuvres d'art pour meubler les appartement d'État. Elle réorganisa également la manière d'utiliser le château, abandonnant le style baroque alors en usage dans la série d'appartements d'État situé du rez-de-chaussée et réservée aux invités prestigieux. Désormais, des chambres plus confortables avec salles de bain modernes furent installées aux étages supérieurs ce qui permettait d'utiliser les anciens appartements d'État pour les réceptions et les cérémonies de la Cour. La chambre à coucher des appartements d'État fut néanmoins conservée, pour des raisons historiques. En effet, elle n'était plus utilisée depuis 1909.

    Pendant la première guerre mondiale, la famille royale ressentit le besoin de changer son nom (jusque-là germanique, « Maison de Saxe Cobourg-Gotha ») et prit le nom de « Maison de Windsor » (House of Windsor).

    La reine Mary, qui était également une grande amatrice de miniatures, créa après la guerre, une grande maison de poupée (Queen Mary's Doll House [5]), un grand manoir dessiné par l'architecte Edwin Lutyens, abritant des meubles et peintures furent conçus par les plus grands créateurs et artisans des années 30. Cette maison de poupée est, de nos jours, l'une des attractions touristiques du château.

    George VI accéda au trône en 1936 après l'abdication de son frère Édouard VIII qui, le 11 décembre depuis Windsor, avait radiodiffusé pour tout l'empire britannique son discours d'abdication ; Au cours de son bref règne, Édouard préférait résider au Fort Belvédère situé dans le grand parc de Windsor.

    George VI et sa femme la reine Élisabeth préféraient le Royal Lodgecottage situé également dans le grand parc. Lorsque la guerre éclata en 1939, le château reprit son rôle de forteresse royale ; le roi, la reine et leurs deux enfants, le princesses Élisabeth (future Élisabeth II) et la princessesMargaret y résidèrent, pour leur sécurité. Le roi et la reine faisaient chaque jour le trajet en voiture pour Londres, retournant à Windsor pour y passer la nuit. À l'époque, il s'agissait d'un secret bien gardé car, à des fins de propagande et pour le moral de leurs sujets, on rapportait que le roi était resté en permanence à Buckingham Palace. À la fin des hostilités, en 1945, la famille royale quitta Windsor pour retourner au Royal Lodge.

    Depuis la seconde moitié du xxe siècle, Windsor est devenu une des principales attractions touristiques de Grande-Bretagne.

    En 1952, Élisabeth II accéda au trône et décida de faire de Windsor sa principale résidence de week-end. Les appartements privés ("D") qui n'avaient pas été occupés depuis l'époque de la reine Mary furent rénovés et modernisés afin que la reine, le prince Philip, et leurs deux enfants d'alors puissent les occuper. Cet agencement existe encore aujourd'hui.

    Le 20 novembre 1992, un incendie déclaré dans la chapelle privée de la reine (entre "C" et "D" sur le plan) se propagea rapidement. Le feu fit rage pendant 15 heures, détruisant 9 des principales salles des appartements d'État et endommageant sérieusement plus de 100 pièces du Upper Ward. 1/5e du château fut endommagé, soit 9000 m2. Le programme de restauration ne se termina pas avant 1997, à 70% financé par la décision d'ouvrir à la visite les appartements d'État de Buckingham Palace. Le coût total des réparations s'élèvera à 37 millions de livres sterling. Cette restauration fut entreprise sans l'aide d'aucun impôt supplémentaire imputé aux contribuables britanniques.
    La restauration, fidèle aux plans et décors originaux, fut si bien réussie, qu'il est difficile de distinguer les nouveaux éléments des anciens. Bien que certaines pièces qui avaient été ravagées par le feu aient été reconstruites dans un style plus moderne, la nouvelle décoration est d'un style gothique appelé gothique downesien (de l'architecte Giles Downes). Ces salles comprennent la nouvelle chapelle privée, le nouveau Lantern Lobby, et le nouveau plafond du hall Saint-Georges. Ce dernier est réalisé en chêne, technique utilisée au Moyen Âge.

    De nos jours, la reine utilise de plus en plus souvent le château aussi bien en tant que palais royal que pour sa résidence de week-end. Tout comme Buckingham Palace, il est souvent employé pour les banquets d'état et les cérémonies officielles. Alors que le prince Andrew, lors de l'incendie de 1992 était interviewé, celui-ci déclarait que la famille royale considérait le château de Windsor comme une résidence royale.

    Beaucoup a été fait non seulement pour restaurer et entretenir l'édifice, mais aussi pour le transformer en un lieu touristique d'importance.6 Ceci a été accompli en tenant compte du fait que Windsor est un palais royal en activité
    En 1994, du pétrole fut découvert dans les parcs du château. La reine donna sa permission de forer pour une étude prospective afin d'évaluer les réserves d'hydrocarbures. Celles-ci sont estimées par les experts à une valeur d'un peu plus d'un milliard de dollars7Les profits engrangés seront divisés entre la compagnie pétrolière et l'état.7.

    En juin 1999, la BBC annonça que le prince Charles envisagerait, une fois sur le trône, de déplacer la cour royale au château de Windsor en lieu et place de Buckingham Palace. On avance l'hypothèse que le prince essaierait alors d'obtenir plus d'indépendance comparativement à la cour traditionnelle de Buckingham. Le palais n'a apporté aucun commentaire même si on dit que Charles (tout comme le reste de la famille royale d'ailleurs), aime beaucoup le château de Windsor.

    Le xxie siècle [modifier]

    Le 30 septembre 2006, on annonce que la reine, conformément à la politique d'égalité des chances menée à Windsor, a autorisé, suite à la demande d'un employé musulman du château, l'utilisation d'un bureau du château comme salle de prière.8

    Les dernières fouilles [modifier]

    Le château de Windsor fut un des trois sites royaux fouillés pendant 4 jours (entre le 25 août et le 28 août 2006) pour une émission de télévision Time Team dont l'équipe d'archéologues était conduite par Tony Robinson. Channel 4 diffusait le soir une émission consacrée aux découvertes réalisées chaque jour et proposait de suivre en direct les fouilles sur une chaîne satellite "More4" (les 2 programmes étant diffusés en simultané sur internet)[6].

    Programmée pour célébrer le 80e anniversaire de la reine, parmi toutes les manifestations couvrant l'année 2006, cette fouille était la 150e menée par Time Team. Pour la première fois, la reine a donné son autorisation afin que des tranchées soient creusées dans les jardins de Buckingham Palace, du Château de Windsor et du Palais de Holyroodhouse à Édimbourg. LaBig Royal Dig ( la grande fouille royale) est un exemple d'ouverture des maisons royales au public tel qu'elle a été menée lors de son jubilé en 2002 ou tout au long de 2006 pour son anniversaire.

    Les archéologues ont eu l'occasion sans précédent d'explorer la géophysique et l'histoire de trois résidences royales pendant cette période de 4 jours, avec des équipes travaillant simultanément sur les trois sites.

    Windsor fut le décor de deux découvertes remarquables :

    • Dans le Upper Ward, les fondations de l'édifice de la table Ronde érigé en 1344 par Édouard III furent découvertes ainsi qu'entre autres, un carrelage décoré du Moyen Âge.[7] Du temps d'Édouard III, l'édifice de la table Ronde, 60 mètres de diamètre, était employé pour des fêtes et les promulgations(??) théâtrales des Chevaliers de la Table Ronde de la légende arthurienne.
    • Dans le Lower Ward, le grand hall du palais d'Henri III fut localisé et l'un de ses murs, encore debout, fut découvert. Cela a aidé les archéologues à déterminer où le premier palais de Windsor se tenait vraiment.

    Ces découvertes ont permis une meilleure connaissance du lieu, de son histoire et de l'utilisation de la table Ronde et du grand hall.[8]

    Notes et références [modifier]

    1. Calcul prenant en compte les parties détruites par l’incendie de 1992 soit 9 000 m2 ou 1/5 de la surface totale du château. Voir [1] [archive]
    2. Vue aérienne aerial photograph [archive]
    3. (en) Raymond South, The Book of Windsor, Barracuda Books, 1977 (ISBN 0-86023-038-4)p. p. 35 :
      « Eodem anno [1110] rex curiam suam tenuit ad Pentecosam apud novam Windlesores »
    4. ↑ ab et c (en) Neville Williams, Royal Homes, Lutterworth Press, 1971 (ISBN 0-7188-0803-7)
    5. (en) B J W Hill, Windsor Castle, Pitkin Pictorials Ltd., 1972
    6. 1994: Royal approval for oil drilling at Windsor [archive]BBC. Consulté le 2007-07-22.
    7. ↑ a et b Queen Elizabeth, WildcatterTime Magazine (1994-12-19).
    8. Queen grants Muslim prayer room [archive], BBC News Online (2006-09-30).

    Liens internes [modifier]

    Liens externes [modifier]

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    Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres surWindsor Castle.

    Galerie photos [modifier]

    Le Quadrangle ou "Upper Ward" : partie non ouverte au public.

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Château_de_Windsor

  • Château de Hofburg (Autriche)

    Hofburg

     

    La "nouvelle aile" de la Hofburg vue de la Heldenplatz

    La Hofburg est le plus grand château de la ville de Vienne. Ce fut la résidence de la plupart des puissants de l'histoire autrichienne, notamment de la dynastie des Habsbourg (pendant plus de 600 ans), et des empereurs d'Autriche et d'Autriche-Hongrie. C'est actuellement (depuis le xxe siècle) la résidence de la présidence de la République autrichienne.

    La Hofburg est également connue sous le nom de résidence d'hiver, alors que le lieu de villégiature estivale préférée de la famille impériale était le château de Schönbrunn.

    C'est un des lieux touristiques les plus visités d'Autriche. Le palais héberge notamment le musée de Sissi et les appartements impériaux. Le château compte plus de 2600 pièces, réparties sur 18 ailes. Il est situé au cœur de la vieille ville, dans le premier arrondissement, à l'intérieur du Ring.

    Sommaire

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    Style des bâtiments [modifier]

    Les souverains qui ont occupé ce palais, siège du pouvoir pendant six siècles, ont pour la plupart voulu le marquer de leur empreinte et, du gothique à l'historicisme à la mode auxixe siècle, tous les styles sont représentés dans la dizaine de bâtiments qui le compose. Ils abritent aujourd'hui les anciens appartements impériaux, des musées, une église, laBibliothèque nationale autrichienne, l'École d'équitation espagnole et les bureaux du président de la République.

    Les appartements impériaux et les trésors [modifier]

    Des Kaiserappartements, vingt pièces sont aujourd'hui ouvertes au public dans la Reichkanzleitrakt (1728-1730) et l'Amalienburg (1575): ce sont les appartements qu'habita François-Joseph de 1857 à 1916, ceux où vécut l'impératrice Élisabeth (Sissi) de 1854 à 1898 et ceux où logea le tsar Alexandre Ier pendant le congrès de Vienne.

    Les trésors, sacré et séculier, amassés par les Habsbourg au fil des siècles occupent 21 salles. Ils comprennent les joyaux de la couronne et les insignes du Saint Empire romain germanique. Le portrait de l'empereur Maximilien Ier par Strigel veille sur le trésor acquis lorsqu'il épousa Marie de Bourgogne en 1477.

    Palais ou quartier? [modifier]

    Les Habsbourg, au cours de la longue période de leur règne, transformèrent une petite forteresse du xiiie siècle en un immense et magnifique palais, la Hofburg, qu'ils continuaient encore à embellir quelques années à peine avant la chute de la dynastie impériale imposée par les vainqueurs en 1918 avec les terribles conséquences que l'on sait pour l'histoire de l'Europe moderne. Aujourd'hui, les bâtiments abritent pour la plupart des musées, et les jardins, parsemés de monuments, sont devenus le Volksgarten et le Burggarten. Tout autour, l'aristocraties'efforça de construire ses propres palais au plus près du siège du pouvoir impérial et ils dominent toujours de leurs façades imposantes les rues alentour du premier arrondissement.

    Le quartier de la Hofburg est ainsi constitué du palais et de ses dépendances, ainsi que des bâtiments (de style baroque) construits à la même époque. Il occupe quasiment la moitié de l'arrondissement et mérite d'être visité en détail devant l'intérêt architectural et artistique que cet ensemble de bâtiments représente.

    Concerts au palais de la Hofburg [modifier]

    Le Wiener Hofburg Orchester donne des concerts classiques de mai à décembre dans les salles de la Hofburg. Le programme comprend les mélodies les plus connues de la musique de valses et d’opérettes de Johann Strauss et de Franz Léhar ainsi que des airs d’opéra de Wolfgang Amadeus Mozart. Dirigé par Gert Hofbauer, l’orchestre se compose de 36 musiciens et de 6 chanteurs/euses solistes internationaux en provenance de toutes les grandes associations d'orchestres de Vienne.

    La pièce d'argent consacrée à la Renaissance [modifier]

    En 2002, dans la série de pièces consacrée à l'Autriche à travers les âges (Österreich im Wandel der Zeit), l'Autriche a frappé une pièce de collection en argent de 20 euro sur le thème de la Renaissance1. Sur le revers de la pièce, figure la porte suisse du Palais..

    Bibliographie [modifier]

    • The office of the Austrian Federal President at the Vienna Hofburg. Richard Kurdiovsky (Ed.) with contributions from Herbert Karner, Richard Kurdiovsky, Marcus Langer, Hellmut Lorenz, Anna Mader, Florian Steininger und Manuel Weinberger; Photography by Mafred Seidl. Christian Brandstätter Verlag, Wien 20008.

    Voir aussi [modifier]

    Liens externes [modifier]

    Notes et références [modifier]

    1. Sur le site de l'atelier Münze Österreich - Die Neuzeit (2002) [1] [archive]

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hofburg

  • Château de Schönbrunn (Autriche)

    Château de Schönbrunn

     

    Le château de Schönbrunn

    Le château de Schönbrunn est l'un des éléments les plus significatifs de la culture autrichienne. Depuis les années 1960, c'est l'un des sites touristiques les plus visités de Vienne. Le palais de Schönbrunn a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1996.

    Sommaire

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    Fondation [modifier]

    Le château se trouve à Hietzing, à l'ouest du centre-ville de Vienne. Auparavant se trouvait à cet emplacement le "Katterburg", propriété du maire de Vienne. En 1569Maximilien II du Saint-Empire acheta le terrain, où se trouvent aujourd'hui les parcs et différents bâtiments. Il montra un certain intérêt pour le zoo qui venait d'être créé, et essaya d'y apporter en plus des plantations d'espèces végétales rares.

    Le nom Schönbrunn est attribué à l'empereur Matthias, qui aurait découvert lors d'une excursion à la chasse une source particulièrement belle (en allemand, schöner Brunnen signifie « belle fontaine »). Au cours du siècle suivant, la famille impériale s'en servit comme résidence d'été, mais les invasions turques entraînèrent sa quasi-destruction.

    Le palais moderne [modifier]

    Panorama du château de Schönbrunn.

    L'empereur Léopold Ier confia à l'architecte Johann Bernhard Fischer von Erlach la conception d'un nouveau palais qui se voulait le Versailles autrichien. Le premier projet livré en 1693, trop utopique et excessivement cher, ne fut pas retenu. Puis vint une idée plus petite et réaliste. La construction débuta en 1696, et trois ans après, les premières festivités se tenaient dans la partie centrale du palais.

    Malheureusement, peu de parties du château survécurent car au cours du siècle suivant, chaque empereur modifia partiellement le bâtiment. Sur les ordres de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, l'architecte Nikolaus Pacassi redessina le château dans un style rococo.

    Au xixe siècle, un empereur va laisser sa marque sur Schönbrunn, il s'agit de François-Joseph Ier d'Autriche. Il y passa la majeure partie de sa vie et y mourut en 1916. Le château était sa résidence d'été (la Hofburg étant celle d'hiver). Plusieurs pièces gardent également le souvenir de son épouse, l’impératrice Elisabeth dite Sissi. Pendant son règne, Schönbrunn était considéré comme Gesamtkunstwerk (chef-d'œuvre accompli) et remodelé en accord avec son histoire.

    Schönbrunn sous la neige

    Le parc [modifier]

    Les jardins à la française du parc furent dessinés en 1695 par Jean Tréhet, élève de Le Nôtre. Le parc comprend de fausses ruines romaines et une orangerie, apanage des palais de grand luxe de cette époque. Le sommet du parc est occupé par la Gloriette, édifice de style néo-classique, dessinée par Ferdinand von Hohenberg, d’où l’on dispose d’une vue panoramique sur le château et sur la ville de Vienne.

    Zoo de Schönbrunn [modifier]

    Article détaillé : Zoo de Schönbrunn.

    Statistiques [modifier]

    • 2,5 millions de tickets d'entrée pour visiter les appartements du château ont été vendus en 2006 (+ 9% par rapport à 2005).
    • 29,4 millions d'euro de chiffre d'affaires en 2006, dont 6,4 millions d'euro au niveau des boutiques.

    Annexes [modifier]

    Articles connexes [modifier]

    Liens externes [modifier]

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    Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur le château de Schönbrunn.

    Bibliographie [modifier]

    • (fr) Elfriede Iby et Alexander Koller, Schönbrunn, Vienne, Christian Brandstätter Verlag, 2007.
  • Palais de Sanssouci

    Palais de Sanssouci


    Cet article concerne le palais de Sanssouci en Allemagne. Pour le palais de Sans-souci (Haïti), voir Parc national historique - Citadelle, Sans-Souci, Ramiers


     

    Châteaux et parcs de Potsdam et Berlin 1
    Patrimoine mondial de l’UNESCO
    Arc central de la façade du jardin

    Arc central de la façade du jardin

    Latitude
    Longitude
    52° 24′ 15″ Nord
    13° 02′ 19″ Est
    Pays Allemagne Allemagne
    Type Culturel
    Critères i, ii, iv
    No identification (ID) 532ter
    Région 2 Europe et Amérique du Nord
    Année d’inscription 1990 (14e session)
    Année d’extension 1999 (23e session)

    1 Descriptif officiel (UNESCO)
    2 Classification UNESCO

    World Heritage Emblem.svg
    Documentation du modèle
    La façade du jardin, au sud, et le corps de logis de Sans-Souci.

    Le palais de Sanssouci ou Sans-Souci1 (Schloss Sanssouci en allemand) est l'ancien palais d'été du roi de Prusse Frédéric le Grand. Il est situé dans le Brandebourg près de la ville de Potsdam, à vingt-six kilomètres au sud-ouest de Berlin. On range souvent Sanssouci parmi les principaux rivaux du château de Versailles, bien que le palais ait été réalisé dans un style rococo plus intimiste et soit par ailleurs nettement plus petit que son homologue français. Le palais de Frédéric est renommé pour les nombreux templesou autres extravagances du parc de Sanssouci, attenant à l'édifice.

    Réalisé par Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff entre 1745 et 1747, Sanssouci répondait au besoin qu'avait Frédéric d'une résidence privée où se détendre, loin des solennités de la cour berlinoise. Le « palais », pour cette raison, s'apparente en réalité davantage à une grosse villa, et son véritable équivalent en France est le château de Marly. Le roi y réunissait ses proches — il y reçut Voltaire — et la conversation se faisait uniquement en français, pour des repas en petit nombre, des tabagies, ou des concerts quotidiens privés où le roi se mettait souvent à la flûte. Le bâtiment de dix pièces s'étend sur un seul niveau, au sommet d'une colline en terrasses et au centre du parc. Les goûts personnels du roi ont eu une telle influence sur la conception et la décoration du palais que l'on parle parfois de « rococo frédéricien ». Frédéric lui-même considérait l'endroit si lié à sa propre personne qu'il le voyait comme « un lieu qui mourrait avec lui2 ».

    Au xixe siècle, le palais devint la résidence du roi Frédéric-Guillaume IV. Ce dernier engagea l'architecte Ludwig Persius pour agrandir l'édifice, tandis que Ferdinand von Arnim fut chargé d'embellir les environs afin d'offrir un meilleur panorama depuis le palais. Après laSeconde Guerre mondiale, le palais devint une attraction touristique en République démocratique allemande. Le gouvernement est-allemand, sensible à la valeur historique du site, fit le choix de le garder en l'état et de l'entretenir. Suite à la réunification allemande, la dernière volonté de Frédéric le Grand put enfin être accomplie : son corps revint en ce lieu tant aimé et y trouva une nouvelle tombe. Sanssouci et ses vastes jardins furent inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO en 19903. Les palais impériaux des alentours de Berlin sont aujourd'hui visités par plus de deux millions de personnes tous les ans.

    Sommaire

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    La conception du château [modifier]

    Croquis du plan du palais de Sanssouci par Frédéric le Grand

    L'emplacement et la disposition de Sanssouci au dessus d'un coteau de vignes reflètent l'idéal pré-romantique d'harmonie entre l'homme et la nature dans un paysage ordonné par la main du jardinier. Frédéric II n'aimait pas les jardins à l'anglaise, préférant les jardins à la française. La viticulture, très vite, passe au second plan et cède la place aux jardins d'agrément. La colline sur laquelle Frédéric décide d'implanter son vignoble en terrasse devient l'axe central de son domaine, couronné par un château relativement modeste - mein Weinberghäuschen (« mon petit cellier »), comme Frédéric se plaît à l'appeler. Bénéficiant d'une vue panoramique sur les alentours, le roi désire résider ici « sans souci » et s'y livrer à ses passions artistiques ou personnelles. Le palais est réservé au roi et à ses proches pendant les mois d'été, de fin avril à début octobre.

    Vingt ans après l'achèvement de Sanssouci, Frédéric construit également le Nouveau Palais (Neues Palais) à l’ouest du parc. Cette construction plus ambitieuse est en contraste total avec le projet intime de Sanssouci, il s'agit alors de montrer au monde la puissance et la force de la Prusse dans le plus pur style baroque. Le dessein est d'affirmer que le pays conserve intactes ses ressources en dépit de la quasi défaite prussienne lors de guerre de Sept Ans. Frédéric le Grand ne cache pas ses intentions et parle même, au sujet de cette nouvelle construction, d'une « fanfaronnade ».

    Cette conception globale, fait comparer cet ensemble palatin au Château de Versailles, avec Sanssouci dans le rôle du Grand Trianon. Mais cette analogie s'arrête là. Contrairement aux Trianons, Sanssouci n'est pas conçu pour échapper aux pesanteurs du protocole et à l'omniprésence des courtisans puisqu'au moment de sa construction le « grand palais » n'existe tout simplement pas. Il est juste en revanche de concevoir ce palais comme une retraite dédiée aux menus plaisirs du souverain sans la lourdeur de l'étiquette royale et sans volonté d'apparat. Contrairement aux Trianons encore, Sanssouci est conçu comme un tout.

    Plan du palais de Sanssouci à la fin du règne de Frédéric II. Le Nouveau Palais est sur la gauche, l'allée principale conduit vers le palais de Sanssouci qui domine les terrasses en forme d'arc. On sent l'influence des jardins anglo-chinois qui deviennent à la mode dans la conception du parc au centre du complexe palatin.

    L'architecture [modifier]

    Détail des cariatides et atlantes de la façade sur le jardin

    Sanssouci est petit, le corps de logis n'est qu'une enfilade de dix pièces sur un étage flanqué de deux ailes pour les communs. Le croquis de Frédéric II datant de 1745 (voir illustration ci dessus) montre que von Knobelsdorff en est plus l'exécutant que l'architecte à part entière.

    Ce n'est pas une coïncidence si Frédéric choisit le style rococo pour l'architecture de Sanssouci. Ce style léger, presque éthéré, convient parfaitement au projet de palais d'été, de résidence campagnarde et de retraite que le souverain caresse. Le style rocaille (comme il est connu en France) ou rococoest apparu au début du xviiie siècle et joue pour l'art baroque le rôle que le maniérisme a joué pour l’art de la Renaissance : il abandonne le sévère pour le précieux, le grandiose pour l'intime, la rigueur esthétique pour la grâce artistique, il préfère le décor à la structure. Aux peintures mythologiques succèdent les « scènes galantes », aux épopées héroïques, les romans libertins. Voltaire résume fort bien son temps en versifiant :

    Oh le bon temps que ce siècle de fer
    Où le superflu, chose très nécessaire,
    Réunit l'un et l'autre hémisphère.

    Le bâtiment occupe tout la longueur de la terrasse supérieure. La monotonie de la façade est rompue par un pavillon central arrondi dont le dôme s'élève au dessus des toits. Sur le linteau, des lettres de bronze doré épellent le nom du palais. Les deux ailes des communs sont cachées côté jardin par des haies d'arbres qui se terminent chacun en une gloriette en treillisrichement décorées d'ornements dorés.

    La façade est ornée d'atlantes et de cariatides qui soutiennent le linteau, elles sont regroupées par paire entre les fenêtres. Exécutées en calcaire, ces sculptures des deux sexes représentent les Ménades (Bacchantes chez les Romains), les compagnes du dieu du vin dont les vignes en espalier, sur les terrasses en contrebas, lui sont redevables. Elles proviennent de l'atelier de Friedrich Christian Glume4, qui a également réalisé les vasques sur la balustrade et les groupes de chérubins au niveau du dôme.

    La façade nord contraste avec la légère exubérance de celle du sud : une colonnade semi-circulaire formée de deux rangées de colonnes d'ordre corinthien étend ses bras depuis le bâtiment principal pour accueillir le visiteur et définir les limites de la cour d'honneur. Là encore, une balustrade décorée de vasques décore le corps de logis principal.

    Les communs remodelés auxixe siècle par Frédéric-Guillaume IV

    Les communs, de chaque côté de celui-ci servent à héberger la domesticité d'un monarque du xviiie siècle même lorsqu'il s'agit de l'accompagner dans sa « retraite ». Du temps de Frédéric, ils étaient camouflés derrière des feuillages. À l'est, proches du roi, les quartiers d'habitation des secrétaires, jardiniers et serviteurs, à l'ouest la cuisine, les étables et la remise à carrosses.

    Frédéric a habité Sanssouci tous les étés jusqu'à sa mort en 1786 à la suite de quoi le palais est entré en léthargie, inhabité et vide jusqu'au milieu duxixe siècle. En 1840, 100 ans après l'accession au trône du Grand Frédéric, son petit-neveu Frédéric-Guillaume IV et sa femme déménagent dans l'aile destinée aux invités, conservant le mobilier existant et remplaçant les pièces manquantes par d'autres de l'époque de Frédéric. Ils désirent alors restaurer la chambre de Frédéric dans son état initial mais les documents authentiques et les plans manquent pour mener ce projet à bien.

    La façade sud de la Galerie de peintures du palais de Sanssouci.

    Entre 1840 et 1842, Frédéric-Guillaume IV transforme le palais de son grand-oncle sans souci, sans protocole et… sans femme5. L'aile ouest des communs devient l'« aile des dames » et héberge les dames de compagnies de la reine de Prusse. Les chambres sont décorées de boiseries raffinées et de tapisseries précieuses. La restauration et la mise au goût du jour sont indispensables car si Frédéric aimait la modestie sans la pompe royale, la fin de sa vie est marquée par un quasi-ascétisme et il ne permit aucune réparation de la façade de ce palais qu'il voyait disparaître avec lui6. L'aile est des communs, elle aussi agrandie d'un étage, accueille les cuisines alors qu'à l'étage résident les domestiques.

    Cour intérieur du Palais de Sanssouci

    Les appartements [modifier]

    Le concert de flûte à Sanssoucipar Adolph von Menzel, 1852, décrit Frédéric II jouant de la flûte dans la salle de musique

    L'architecture baroque transfère l'étage noble du premier étage vers le rez-de-chaussée. Dans le cas de Sanssouci et sur le choix de Frédéric, ce rez-de-chaussée est par ailleurs le seul étage du corps de logis (les communs, pour leur part, en comportent deux). Le plan intègre aussi l'innovation issue de France d'une double circulation, l'une, destinée aux maîtres, se présente typiquement sous la forme de belles pièces en enfilade donnant sur le parc, l'autre que le langage du temps appelle « dégagements », est destinée aux serviteurs et se trouve sur l'arrière du bâtiment. L'enfilade des pièces nobles permet au visiteur de percevoir d'un seul coup d'œil l'étendue et la richesse des appartements et, par là-même, de son propriétaire. Les dégagements quant à eux permettent de se faire servir sans avoir à supporter la présence constante du personnel de maison.

    Frédéric, outre le plan général, dessine lui-même ses desiderata pour la décoration intérieure et ses souhaits sont interprétés et réalisés par des artistes comme Johann August Nahl, les frères Hoppenhaupt, les frères Spindler et Johann Melchior Kambly dans le style rococo. Si Frédéric se soucie peu de l'étiquette et de la mode, il aime en revanche à s'entourer d'objets d'art et de peintures. Il arrange ses appartements privés en fonction de ses goûts et de ses besoins en ignorant le plus souvent les courants en vogue et les modes, c'est ainsi qu'on parle de rococo frédéricien pour décrire le style qui se développe alors en Prusse sous l'impulsion du roi.

    Le palais est articulé selon le schéma classique « antichambre - chambre7 - appartements privés », schéma où les visiteurs peuvent pénétrer plus avant dans l'édifice, et sont accueillis, en fonction de leur rang. Deux pièces servent de « zone d'accueil », la salle de marbre et le vestibule, celui-ci servant d'antichambre à celle-là qui, sous son dôme elliptique, est la pièce principale du palais ; cinq pièces vers l'ouest sont réservées aux invités du roi alors que ses appartements sont disposés à l'est. Là encore, le tout s'articule sur une subtile gradation de l’espace public vers le privé : une salle d'audience (pour toute personne), une salle de musique (les courtisans et les amis), une salle de travail (les intimes et les ministres), une chambre à coucher (la reine et les intimes), un bibliothèque dont on imagine fort bien qu'elle jouait le rôle de « boudoir », cette délicieuse invention du xviiie siècle, où l'on se retire pour bouder et se reposer.

    On pénètre dans le palais par le vestibule où l'ordre classique de la colonnade de la cour d'honneur à l'extérieur se poursuit à l'intérieur. Les murs sont soutenus par dix paires de colonnescorinthiennes en stuc blanc aux chapiteaux dorés. Le dessus-de-porte sont ornés de reliefs représentant le mythe de Bacchus et font écho au vignoble créé à l'extérieur. Ils sont l'œuvre de Georg Franz Ebenhech. L'austère élégance est adoucie par un plafond peint par le Suédois Johann Harper représentant Flore et des génies jetant des fleurs depuis le ciel.

    La table ronde par Adolph von Menzel. On reconnaît Voltaire entre autres invités du roi, dans la salle de marbre

    La Marmorsaal, ou salle de marbre est la principale pièce du palais. De forme elliptique, elle retient le même système architectonique de paires de colonnes corinthiennes en stuc blanc et aux chapiteaux dorés que dans le vestibule mais elles soutiennent ici un dôme surmonté d'une coupole. La décoration des murs et des sols est en marbre de Carrare et de Silésie. Deux niches font face au parc et abritent des statues d'Uranie et d'Apollon par le Français François Gaspard Balthazar Adam rendent hommage aux dieux des arts et à la muse de l'astronomie8 et placent l'iconographie de Sanssouci sous l'égide des arts et de la nature. Le dôme quant à lui est orné de trophées militaires -on est en Prusse- et de putti enjoués -on est auxviiie siècle.

    La pièce adjacente sert de salle d'audience ou de salle à manger selon les besoins. Elle est décorée de peintures françaises du xviiie siècle avec des œuvres de Jean-Baptiste PaterJean-François de TroyPierre-Jacques CazesLouis de Silvestre et Antoine Watteau. Les boiseries rococoagrémentées d'amours, de guirlandes sont l'œuvre du décorateur et sculpteur Johann Michael Hoppenhaupt, dans cette pièce comme ailleurs dans le palais où elles ont été conservées, Glume est l'auteur des dessus-de-porte sculptés représentant des livres et des fleurs.

    La salle de musique est considérée comme un chef-d’œuvre du rococo allemand. Des toiles d’Antoine Pesne sur le thème des Métamorphoses d'Ovide alternent avec de grands miroirs entre les boiseries à palmettes et rocailles.

    La salle d'étude du roi et la chambre à coucher attenante ont été refaites par Frédéric-Guillaume von Erdmannsdorff, en 1786 après la mort de Frédéric, dans un style néo-classique qui contraste avec l'atmosphère rococo de l'enfilade qui y conduit. On peut cependant y admirer le bureau sur lequel Frédéric travailla et le fauteuil dans lequel il mourut et qui ont été rapportés ici au milieu du xixe siècle en même temps que d'autres portraits et peintures qui faisaient l'agrément du roi.

    La bibliothèque circulaire n'est accessible que par un petit couloir depuis la chambre à coucher. Le simple fait qu'elle n'est pas dans l'axe de l'enfilade suffirait à comprendre son caractère intime et privé. Les boiseries en bois de cèdre rehaussées de dorures rocailles lui donnent une atmosphère de recueillement et de paix. Elle contient environ deux mille volumes d'auteurs grecs et romains (principalement centrés sur l'historiographie et la littérature du XVIIIe siècle avec une emphase toute particulière sur l'œuvre de Voltaire). Les reliures sont en maroquin rouge ou brun et richement dorées.

    Au nord de cette enfilade, Frédéric a en quelque sorte « privatisé » le dégagement qui en toute logique aurait dû être réservé au service du monarque pour en faire une petite galerie de peinture et de sculpture privée. Cinq niches ornées de sculptures de déités gréco-romaines font face à cinq fenêtres et encadrent des œuvres de Nicolas LancretJean-Baptiste Pater etAntoine Watteau. Collectionneur infatigable et souverain soucieux du bien-public, Frédéric ouvrira à Sanssouci, dans un bâtiment séparé, une Galerie de peintures, l'une des toutes premières en Allemagne à être accessible au public.

    À l'ouest de la salle de marbre se trouvent les chambres des invités, appartements où Frédéric reçoit ses intimes. Deux d'entre eux furent assez intimes ou célèbres pour laisser leur nom aux pièces dans lesquelles ils dormirent. Le « salon Rothenburg » était fréquemment habité par le comte Rothenburg jusqu'à la mort de ce dernier en 1751 et fait pendant à la bibliothèque royale à l'autre bout du palais9. Il n'est pas certain que le célèbre philosophe des Lumières a effectivement dormi dans la « chambre de Voltaire », toujours est-il qu'on a ici l'une des plus délicieuses décorations rococo qui nous soient données de voir, avec ses murs laqués de jaune, ses guirlandes de fleurs et de fruits, ses oiseaux exotiques, perroquets ou aigrettes, ses singeries qui lui donnent un caractère amène et joyeux, voulu par Frédéric qui en dessina l'essentiel et réalisé par Johann Christian Hoppenhaupt entre 1752 et 1753.

    Les jardins en terrasse [modifier]

    La vue panoramique sur les jardins de Sanssouci est le résultat du désir de Frédéric le Grand de créer un jardin en terrasse sur le flanc de la colline de Bornstedt précédemment déboisée par son père, le roi-sergent Frédéric-Guillaume Ier.

    Vue des jardins en terrasse

    Le 10 août 1744, Frédéric ordonne que le coteau soit transformé en une vigne terrassée. Trois larges terrasses sont alors créées avec une forme d'arbalète convexe pour maximiser l'apport du soleil (voir plan). Des plants de vignes dont les cépages sont issus du Portugal, d'Italie, de France et du Neuruppin voisin y sont plantées sur treilles alors que des figuiers sont mis en terre dans les 168 niches protégées de parois vitrées pour bénéficier d'un effet de serre.

    Les parterres des terrasses sont couverts de gazon cloutés d'ifs et gansés de buis noirs. Un escalier de 120 marches sépare les terrasses en deux parties symétriques et permettent d'accéder au parc depuis le palais.

    Au pied du coteau, à partir de 1745, un jardin à la française aux formes géométriques prend Versailles pour modèle. La Grande Fontaine y est construite en son centre en 1748. Frédéric ne vit jamais de son vivant les eaux du jet s'élever dans l'air en dépit des efforts aussi constants qu'infructueux de ses ingénieurs en hydraulique. À partir de 1750, des statues de marbresont placées autour du bassin de la fontaine. Là encore, la mythologie et Versailles servent d'inspiration : on reconnaîtra les figures de VénusMercureApollonDianeJunonJupiter,Mars et Minerve, la représentation allégorique des quatre éléments, le feu, l'air, l'eau et la terre.

    Vénus et Mercure sont l'œuvre du sculpteur Jean-Baptiste Pigalle alors que deux groupes, la chasse et la pêche représentant allégoriquement l'air et l'eau, par Lambert Sigisbert Adam, sont un cadeau du propriétaire de Versailles, Louis XV à celui de Sanssouci.

    • La Chasse, dit aussi Diane chasseresse (1749), marbre

    Les autres statues, pour leur part, proviennent de l'atelier du frère cadet de Lambert Sigisbert Adam, François Gaspard Adam, célèbre et actif à Berlin. En 1764, le Rondeau français, comme on l'appelle dès lors, était achevé.

    Non loin, on trouve la cuisine-jardin que Frédéric-Guillaume Ier avait installée quelque temps auparavant en 1715. Le roi-sergent avait ironiquement appelé ce simple jardin « mon Marly »10en référence au jardin assez semblable de la résidence d'été de Louis XIV, Marly-le-Roi.

    En établissant son projet de palais d'été, Frédéric II pris soin de joindre l'utile à l'agréable en liant le jardin ornemental et l'horticulture - c'est le dessein de Sanssouci que de prouver que l'artet la nature sont inséparables.

    Le parc [modifier]

    Le temple de l'amitié : construit au sud de l'avenue principale entre 1768 et 1770 par Carl von Gontarden mémoire de la MargravineWilhelmine de Bayreuth, sœur du roi

    Une fois les jardins en terrasse achevés, Frédéric tourne son attention sur le paysage environnant et entreprend ce qu'il a déjà fait à Rheinsberg, perpendiculairement à l'axe du palais de Sanssouci et des terrasses, il dessine une allée rectiligne qui s'étend sur 2,5 km de long, délimité à l'est par un obélisque érigé en 1748 et, à l'ouest, par le Nouveau Palais dont la construction est entreprise en 1763.

    Le parc prolonge le thème horticole du jardin et se voit orné de trois mille arbres fruitiers dont des orangersananaspêchers et autres bananiers sortis à la belle saison de l'Orangerie. La statuaire n'est pas en reste, qui célèbre FloreVertumne et Pomone.

    Frédéric fait également construire plusieurs « folies », temples ou maisons d'agrément, en partie pour suppléer au manque d'espace à l'intérieur du palais et pour pouvoir loger d'autres visiteurs et courtisans, en partie en succombant à la mode du temps qui si elle se veut champêtre, l'est à nos yeux de manière un peu artificielle et totalement mondaine…

    Le Pavillon chinois dessiné par Johann Gottfried Büring entre 1755 et 1764 - typique des chinoiseriesde l'époque mélangeant le rococo aux éléments architecturaux venus d'Orient

    Frédéric II investit a fonds perdus et en vain pour installer un système hydraulique pour alimenter les fontaines de Sanssouci et imiter (ou dépasser) les autres résidences royales d'Europe. Mais l'hydraulique n'en est alors qu'au stade de l'enfance et en dépit de réservoirs et de stations de pompage, les fontaines du parc sont restées silencieuses pour encore un siècle. C'est l'invention de la machine à vapeur qui a résolu le problème et alimenté les réservoirs et les fontaines11.

    À partir de 1842, la famille royale prussienne peut enfin admirer la Grande Fontaine, telle que l'avait voulu Frédéric, projetant ses eaux à 38 mètres de hauteur sous les gradins des terrasses viticoles. La station de pompage devient une « fabrique » exotique parmi d'autres dans le paysage du parc, déguisée en mosquée ottomane dont le minaret cache la cheminée.

    Frédéric-Guillaume III et, plus tard, Frédéric-Guillaume IV étendent le parc avec l'aide de leurs architectes, Karl Friedrich Schinkel et Ludwig Persius qui y ajoutent le palais de Charlottenhof à l'emplacement d'une ancienne ferme et les bains romains. De larges prés créent des perspectives visuelles qui lient Charlottenhof au Nouveau Palais, elles sont l'œuvre de Peter Joseph Lenné et intègrent les folies de Frédéric comme le temple de l'amitié qu'il dédie à sa sœur Wilhelminemargravine de Bayrouth.

    Sanssouci démocratique [modifier]

    Sanssouci vers 1900.

    Après la Première Guerre mondiale, au 1er avril 1927, l'ensemble de Sanssouci, du Nouveau Palais et des parc et jardin attenants passent sous l'administration du Verwaltung der Staatlichen Schlösser und Gärten (Administration des palais et jardins nationaux)12.

    Quand les raids aériens de la Seconde Guerre mondiale sur Berlin commencent, les œuvres d'art des anciens palais impériaux sont transférées en lieu sûr à Rheinsberg dans le Brandenbourg et à Bernterode im Eichsfeld en Thuringe. En dépit de féroces combats à proximité, le palais de Sanssouci n'est pas abîmé à l'exception du Moulin à Vent, l'une des « fabriques » du parc de Frédéric II13.

    Après-guerre, les objets entreposés à Rheinsberg sont pris comme compensation par les Russes et emportés en URSS. Ils ne seront que partiellement rendus à la RDA en 1958. Ce que les Américains trouvent à Bernterode est emmené tout d'abord à Wiesbaden où se trouve le Central Art Collecting Point et de là, en 1957, au château de Charlottenburg à Berlin ouest.

    La Maison du Dragon est construite entre 1770 et 1772 dans le style des chinoiseries au nord du parc.

    Comparé à d'autres monuments (comme le palais des rois de Prusse et empereurs des Allemands au centre de Berlin détruit en 1950), Sanssouci s'est bien sorti des cinquante années de régime communiste. C'est même le palais qui, en 1986, est choisi pour illustrer les billets de 5 DDM et c'est encore le gouvernement de la République démocratique allemande qui a entrepris de demander le classement de Sanssouci sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, ce qui est fait en 1990 avec la citation suivante :

    Le palais et le parc de Sanssouci, souvent décrits comme le « Versailles prussien », représentent une synthèse des mouvements artistiques et de l'art de cour européen au xviiie siècle. Cet ensemble est un exemple unique de l'intégration de l'architecture et du paysage dans le cadre intellectuel des idées de l'État monarchique.

    Après la réunification de l'Allemagne, la bibliothèque de Frédéric II est réintégrée au palais en 1992. Trente-six peintures le rejoignent également entre1993 et 1995. C'est en 1995 également que la Fondation pour les palais et jardins prussiens de Berlin-Brandenbourg voit le jour et dont l'objet est d'administrer et de mettre en valeur le patrimoine des anciens palais et châteaux impériaux de la région de Berlin, visités chaque année par plus de deux millions de touristes venus du monde entier.

    Notes [modifier]

    1. Le roi philosophe employait l'orthographe française. Ainsi dans son ouvrage titré Œuvres du philosophe de Sans-Souci qu'il fit éditer à Potsdam en 1760 en français, il l'écrit de la sorte.
    2. « Spröde Fassadengeschichten », Berliner Zeitung19 février 2003.
    3. Voir le site de l'UNESCO [archive]
    4. Stiftung Preussische Schlösser und Gärten Berlin - Brandenburg: Schutz der Putten von Sanssouci [archive].
    5. Frédéric de Prusse avait épousé Elisabeth Christine von Braunschweig-Bevern en 1733 mais s'était séparé de son épouse après son accession au trône en 1740. La reine résidait au château de Schönhausen à Berlin et le grand roi préférait que Sanssouci soit (en français dans le texte) « sans femmes ». Voir Gerhard Rempel Frederick the Great [archive]
    6. Berliner Zeitung, « Spröde Fassadengeschichten », 19 février 2003.
    7. Il ne faut pas comprendre ce mot à la lumière de ce qu'il signifie aujourd'hui : « chambre à coucher » mais à l'époque : « pièce ».
    8. Faut-il y voir là un clin d'œil du monarque dont les préférences sexuelles ne sont alors un secret pour personne à une époque ou le mot « homosexualité » n'a pas encore été inventé et où l'on parlait d’« uranisme » ?
    9. L'architecture des palais baroques réserve une place relativement égalitaire aux épouses légitimes qui disposent généralement d'une aile symétriquement disposée à celle destinée au châtelain, le corps central étant un lieu « public », réservé aux réceptions. Sachant cela, on imagine la place dans la vie -et le cœur- du souverain qu'a pu jouer le comte Rothenburg.
    10. Wolfgang Saur, Was von Preußen blieb [archive] (en allemand), Junge Freiheit Verlag GmbH & Co, 23 août 2002
    11. Stiftung Preussische Schlösser und Gärten Berlin - Brandenburg : Sanssouci Park [archive]
    12. Stiftung Preussische Schlösser und Gärten Berlin - Brandenburg: l'histoire de la fondation [archive]
    13. Stiftung Preussische Schlösser und Gärten Berlin - Brandenburg: Le Moulin à Vent de Sanssouci [archive]

    Voir aussi [modifier]

    Articles liés [modifier]

    Bibliographie [modifier]

    • (fr) Matthieu Oesterreich, Description de tout l'intérieur des deux palais de Sans-Souci, de ceux de Potsdam, et de Charlottenbourg : contenant l'explication de tous les tableaux comme aussi des antiquités et d'autres choses précieuses et remarquables, Impr. Sommer, Potsdam, 1773, 132 p.
    • (fr) « Le parc de Sans-Souci, Potsdam » in Caroline Holmes, Folies et fantaisies architecturales d'Europe (photographies de Nic Barlow, introduction de Tim Knox, traduit de l'anglais par Odile Menegaux), Citadelles & Mazenod, Paris, 2008, p. 100-105 (ISBN 978-2-85088-261-6)

    Liens externes [modifier]

    Sources [modifier]

    • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Sanssouci ».

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_Sanssouci