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  • Château de Porrentruy (Suisse)

    Château de Porrentruy

    Vue du château

    Le château de Porrentruy en Suisse, est un édifice dont la construction s'étend de la moitié du xiiie au début du xviiie siècle. Construite au xiiie siècle, la tour Réfous est l’élément le plus ancien du château. Il reste encore à l’ouest et au nord quelques remparts du xive siècle. Au début du xixe siècle, la chapelle de style gothique qui se trouvait dans la cour a été détruite. Il y a également des escaliers qui descendent jusqu’au Faubourg de France.

    Sommaire

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    Histoire [modifier]

    La tour Réfous

    Origines [modifier]

    Jusqu'au début de l'époque carolingienne, l'Ajoie appartient aux comtes d'Alsace. Peu peuplée, cette région attira pendant longtemps de nombreux colonisateurs. Lors du partage de la Lotharingie, en 870, l'Ajoie échut à Louis le Germanique. Peu à peu, des familles de la petite noblesse, dispersées dans tout le pays, défrichèrent des terres incultes et érigèrent de modestes châteaux. Ce n'est que plus tard qu'elles les agrandirent pour en faire des maisons fortes. Promue au rang de ville au xiiie siècle par Rodolphe de HabsbourgPorrentruy devint la résidence de 15 princes-évêquesde 1527 à 1792.

    Jacques-Christophe Blarer de Wartensee [modifier]

    La fin du xvie siècle est marquée par la présence, durant trente ans, du plus illustre des princes-évêques de BâleJacques-Christophe Blarer de Wartensee. Il régna de 1575 à 1608. Ce seigneur rénova le château, créa le Collège des Jésuites et assura la fondation d'une imprimerie. La ville connut une ère de prospérité qui prit fin avec la guerre de Trente Ans (1618-1649), durant laquelle la cité fut assiégée et occupée à plusieurs reprises par des troupes diverses.

    Après les évêques [modifier]

    • 1558 : Incendie de la chancellerie du château de Porrentruy, destruction partielle des archives.
    • 1752 : Déménagement des archives dans le nouveau dépôt de la Tour du Coq (les étagères existent encore). Création par Maldoner du nouveau cadre de classement pour les séries A et B et les registres de chancellerie (les codices) ; ce cadre de classement est encore en usage aujourd'hui.
    • 1792 : Fuyant devant l'imminence de l'occupation française, le prince évêque Joseph Sigismond de Roggenbach emporte de nombreux documents avec lui ; ils échouent à Vienne. Le reste demeure à Porrentruy.
    • 1817 : Le canton de Berne obtient la restitution des archives épiscopales de Vienne. Elles sont conservées à l’Hôtel de ville de Berne.
    • 1842 : Transfert des archives à Porrentruy dans l’ancien dépôt de la Tour du Coq.
    • 1898 : Déménagement des archives de Porrentruy à Berne, où elles sont placées dans la Tour des prisons.
    • 1940 : Nouveau déménagement, de la Tour des prisons dans le nouveau bâtiment des Archives cantonales bernoises (Falkenplatz).
    • 1963 : Ultime déménagement, de Berne à Porrentruy, où les archives sont installées à l'Hôtel de Gléresse, le siège actuel de la Fondation des AAEB.
    • 1985 : Création officielle de la Fondation des Archives de l'ancien Évêché de Bâle, par les Cantons de Berne et du Jura.
    • 1997 : Révision de l'Acte de fondation pour permettre l'entrée du Canton de Bâle-Campagne.

    Voir aussi [modifier]

    Articles connexes [modifier]

    Liens externes [modifier]

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Château_de_Porrentruy

  • Fortifications de Caen

    Fortifications de Caen

    Les fortifications de Caen ont longtemps été un signe de la richesse de la cité, bien qu’elles n’aient pas permis de protéger la ville des agressions extérieures, notamment pendant laguerre de Cent Ans.

    Le premier témoignage historique de l’existence de la ville de Caen est une charte de l’abbaye de la Trinité de Fécamp datant de 1006 qui mentionne des églises, un port, des moulins, unmarché et d’autres activités, mais la ville était encore ouverte. C’est avec la construction de son château que la ville prit son essor et devint une véritable cité qui alla rapidement devenir la deuxième ville du duché de Normandie. Constituée en réalité de plusieurs ensembles fortifiés, la ville garda longtemps un développement multipolaire. Les remparts furent démantelés auxviiie siècle, mais il demeure quelques vestiges disséminés dans la ville.

    Plan de fortifications de la ville et du château dessiné vers 1695-1713.

    Sommaire

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    Les ensembles fortifiés [modifier]

    Le château [modifier]

    Article détaillé : Château de Caen.

    Vers 1060-1080, l’enceinte du château de Caen fut construite. Ces remparts furent maintes fois réaménagés mais l’emprise du château n’a que peu évolué depuis le xie siècle. Les accès au château en revanche ont été modifiés au fil des siècles. À l’origine, l’accès se faisait par une tour-porte au nord à proximité immédiate du donjon ; au sud, on trouvait une petite poterneaccessible depuis un étroit sentier assez abrupt. Au xiiie siècle, quand la ville devint française, Philippe-Auguste fit construire une courtine autour du donjon et on supprima partiellement l’entrée nord. Au nord-est de l’enceinte, l’accès principal fut alors aménagé, et prit le nom de Porte des Champs ou de la Pigacière. Elle fut précédée au xive siècle par une barbacane. À la même époque, une véritable entrée fut aménagée au sud avec la construction de la Porte Saint-Pierre qui fut, un siècle plus tard, au xve siècle, également dotée d’une barbacane. L’enceinte, hérissée de tours, était entourée de fossés que l’on peut encore voir aujourd’hui.

    Vue panoramique de l’entrée du château de Caen.

    Bourg-le-Roi [modifier]

    La Tour Leroy sur les bords de l’Odon avant la couverture de la rivière en 1860.

    Sous Guillaume le Conquérant, la cité au pied du château fut également clôturée. D’après les chartes de l’abbaye aux Hommes, créée à cette même époque, les travaux commencèrent après la conquête de l’Angleterre et étaient terminés en 1077. Il ne s'agissait sûrement que d'une levée de terre semble-t-il précédée d'un fossé, puisque qu'un texte de 1083 mentionne une partie du cimetière Saint-Étienne-le-Vieux comme étant « située à l'extérieur du fossé au roi ». Cet ouvrage était peut-être surmonté d'une palissade en bois. La valeur défensive de l'ensemble est toutefois hypothétique. Il semble plutôt qu'il était destiné à délimiter le Bourg-le-Duc des faubourgs placés sous la juridiction des abbayes. Aucune preuve archéologique ou textuelle ne fait d'ailleurs mention d'ouvrages au nord et au sud du bourg ; peut-être la présence de barrière naturelle (le coteau de Bagatelle au nord et la rivière au sud) semblait-elle suffisante1. Le clos enserrait la paroisse de Saint-Sauveur, une grande partie des paroisses Notre-Dame, Saint-Étienne et Saint-Pierre et une portion plus congrue des paroisses Saint-Martin et Saint-Julien, toutes deux placées de fait en position de faubourg.

    Au début du xiiie siècle, il est plausible que l'octroi de privilèges communaux ait été accompagné d'un renforcement des structures défensives de la cité. Bien qu'aucune source écrite n'accrédite cette thèse, il est probable que les murs est et ouest aient pris leur caractère militaire à cette époque. Il ne s'agissait probablement que d'une palissade en bois percée de portes. La mention de la porte au Berger en 1245 serait la première référence à ces fortifications. Ce n'est toutefois qu'après la prise de la ville en 1346 que fut entrepris la construction d'une enceinte en pierre. Le murs étaient surmontés d'un chemin de ronde et flanqués de tours, le tout étant protégé par des fossés ou par des cours d'eau. Les différents ouvrages furent construits entre 1346 et 1354. Au nord, le nouveau mur un fossé abrupte, creusé au pied du coteau, se prolongeait jusqu'au douve du château dont il était séparé par un mur. Au sud, les « petits murs » sont élevés le long de l'Odon et une muraille est érigée entre le pont Saint-Pierre et le mur oriental à l'emplacement de l'actuel chevet de l'église Saint-Pierre. Le mur oriental est également reconstruit comme l'atteste une source datant de 1409 et précédé d'un fossé. À l'ouest, un nouveau mur est également dressé, légèrement plus proche de l'église Saint-Étienne-le-Vieux que les ouvrages en terre qui l'ont précédé.

    Endommagés en 1417 et en 1450, cet ensemble d'ouvrage est reconstruit. Après la reprise en main de la ville par les Français, le système défensif est remanié par la construction de deux tours rondes protégeant l'angle nord-ouest (tour Chastimoine) et le flanc nord (tour de Silly) de la ville. L'enceinte prend alors sa forme définitive. Les murs semblent avoir été construits rapidement. Des fouilles menées sur le rempart nord en 1970 ont démontré que ce dernier reposait sur des fondations très peu profondes. L'emploi de ces méthodes de construction peu appliquées expliquerait la rapide détérioration des murailles qui durent être reprises dès le xvie siècle2.

    Au xvie siècle, des travaux d'entretien et de réfection sont menés. À la fin des années 1570, la Porte Millet et la Porte au Berger sont réparées. Dans les années 1580, la porte de Bayeux est rénovée et un corps-de-garde est construit pour la protéger. Dans les années 1590, c'est la Porte Saint-Julien qui fait l'objet de travaux3.

    L’île Saint-Jean [modifier]

    Plan de Caen daté de 1705

    Le nouveau duc de Normandie Robert Courteheuse, fils du Duc Guillaume fait creuser au début du xiie siècle un canal entre la Noë (petit bras d’eau) et l’Orne. Afin que cette nouvelle rivière artificielle soit toujours en eau, il fait détourner une partie du cours de l’Orne grâce à la construction d’un barragenommé la Chaussée Ferrée. Saint-Jean devient ainsi une île. Mais ces cours d'eaux peuvent être traversés à gué pendant l'été. Ainsi en 1343, en prévision d'une attaque de la ville par les Anglais, une palissade en bois est élevée le long des rivières. Cette enceinte n'empêche pas la prise de la ville par Édouard III. L'île Saint-Jean est donc fortifiée à la même époque que Bourg-le-Roi. L'enceinte est également relevée après les sièges de 1417 et 1450.

    Au Moyen Âge, le port de Caen était aménagé sur les berges de l’Odon, côté Saint-Jean. Il était protégé par la tour Leroy, sur la rive gauche, et par la tour aux Landais, sur la rive droite, reliées entre elle par une chaîne empêchant des navires hostiles de remonter le cours de la rivière.

    Les abbayes [modifier]

    L’abbaye aux Hommes et l’abbaye aux Dames furent fondées au milieu du xie siècle par le couple ducal. Toutes les deux avaient juridiction sur les faubourgs qui les environnaient ; ainsi fut formé le Bourg-l’Abbé autour de Saint-Étienne et Bourg-l’Abbesse autour de la Trinité et de Saint-Gilles. Pendant la Guerre de Cent Ans, la ville fut prise et dévastée à plusieurs reprises ; les abbayes subirent également les assauts des belligérants. Les deux bourgs furent alors fortifiés.

    Les nouvelles fortifications (Petits Près) [modifier]

    Porte Neuve, construite vers 1590 et détruite en 1798

    Les deux ensembles fortifiés de Bourg-le-Roi et de Saint-Jean ne formaient pas un ensemble cohérent. Entre les deux agglomérations, un morceau de campagne, les Petits Prés, pénétrait jusqu'au cœur de la ville. Pour remédier à cet état de fait, une courtine est construite à partir de 1590 pour relier la porte Saint-Étienne et l’île de la Cercle, appelée ensuite le Champ de foire. Ce rempart s'appuie sur deux bastions élevés l’un près de la porte Saint-Étienne, appelé bastion des Jésuites à partir du xviie siècle, l’autre dans la Cercle des Jacobins, nommé bastion de la Foire. Une porte percée dans la courtine, dite porte neuve ou des Près, permettait d'entrée dans la ville depuis la Prairie. Le quartier de la place Royale peut alors être aménagé à l’emplacement des Petits Près entre cette courtine et les enceintes de Bourg-le Roi et de l’île Saint-Jean. Cet espace offre ainsi l’avantage de combler le vide entre la paroisse Notre-Dame et la paroisse Saint-Jean en permettant de sécuriser par la même occasion la chaussé Saint-Jacques, voie de circulation permettant de désengorger le Pont Saint-Pierre. La partie des murailles située désormais à l’intérieur de l’espace urbain devient alors obsolète.

    Destruction des enceintes [modifier]

    La destructions des fortifications commence à la fin du xviie siècle par les Petits murs, rendus obsolètes par la construction de la courtine. La Tour Saint-Jacques et la Porte des Jacobins sont ainsi détruites pour ouvrir la rue de Bernières.

    Mais le mouvement s'accélère dans la seconde partie du xviiie siècle quand les édiles et les officiers royaux conçurent de grands plans d’urbanisme pour aérer la cité médiévale. En 1716, les murs le long des quais entre la tour aux Landais et le pont Saint-Pierre sont abattus ; de l’autre côté de cette tour, les murs soutenus par des terrasses sont arasés et le terrain pavé afin d’élargir la rue des quais4. Afin d’aménager la place Saint-Pierre et d’améliorer la circulation générale, notamment sur l'axe Paris–Cherbourg, on détruit le Châtelet en 1755. Au sud de l'île Saint-Jean, on démolit la Porte Millet au début des années 1760 pour la même raison. Dans les années 1750 encore, l’intendant de la Généralité de CaenFrançois-Jean Orceau de Fontette, fait raser une partie des remparts vers le Coignet aux Brebis, extrémité ouest de la place Saint-Sauveur, pour aménager la place Fontette et ouvrir une nouvelle voie d’accès à la ville par l’ouest à travers les jardins de l’Abbaye aux Hommes, la rue Guillaume le Conquérant. La porte Saint-Étienne est détruite en 17585. La Tour Chastimoine est détruite à la fin desannées 1780 pour construire le nouveau Palais de Justice. Vers 17501760, la Porte de Bayeux est démolie pour créer la place Saint-Martin et en 1785, la porte Saint-Julien disparait. En1786, on comble les Fossés Saint-Julien pour les aménager en promenadeNote 1. Les fortifications des deux abbayes furent également démantelées. On aménagea les jardins de l’Abbaye aux Hommes en remblayant le terrain pour créer une grande esplanade.

    Les destructions continuent tout au long du xixe siècle jusque dans la première partie du xxe siècle. En mai 1806, la porte des Près est démolie6. Sur l’ancienne courtine, est créé l’actuelBoulevard Bertrand. En 1821, les vestiges de l’enceinte de l’Abbaye aux Dames furent également démoliesNote 2 En 1830, les Tours du Massacre et Malguéant sont également démantelées. En 1922, le Canal Robert est comblé.

    Les vestiges [modifier]

    On peut encore retrouver des traces des différentes enceintes dans le tissu urbain d’aujourd’hui :

    La trace des fortifications peut également être retrouvée dans le nom des rues :

    • Rue Porte-au-Berger
    • Rue Porte-Millet
    • Rue de la Chaussée-Ferrée
    • Fossés Saint-Julien
    • Rue des Fossés-du-Château
    • Promenade du Fort (référence au bastion des Jésuites)

    Les portes et tours [modifier]

    Les portes [modifier]

    Plan de l’abbaye aux Hommes, extrait du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie auxvie siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc,1856

    Plusieurs portes permettaient d’entrée dans la ville :

    • Porte du Pont de Darnetal ou Pont Saint-Pierre (fortifié par le Châtelet),
    • Porte de la Boucherie ou Notre-Dame (dans l’actuelle rue de Strasbourg),
    • Porte Saint-Étienne (à proximité de l’église Saint-Étienne-le-Vieux),
    • Porte Arthur ou au Duc,
    • Porte Saint-Martin, du Marché, de Bayeux, PémagnieNote 4 (vers le Bessin ou la Bretagne) ou Baudry (sur l’actuelle place Saint-Martin)Note 5,
    • Porte Saint-Julien, CalibortNote 6 ou Vilaine,
    • Porte au Berger,
    • Porte du Bac, Saint-Malo ou Saint-Gilles (donnant accès au port),
    • Porte Millet (entre l’île Saint-Jean et Vaucelles),
    • Porte des Prés (sur la courtine construite en 1590, du côté ouest de l’actuelle place Gambetta).

    Plusieurs portes, de moindre importance, furent provisoirement construites sur les enceintes de la ville :

    • Porte du Moulin (au bout de la rue Hamon sur l’actuel boulevard Maréchal-Leclerc),
    • Porte des Jacobins (vers le théâtre)
    • Porte de l’île Renaud (vers la Porte Saint-Étienne)
    • Porte des Mineurs (vers l’actuelle clinique de la Miséricorde, anciennement couvent des Cordeliers).

    Le Châtelet [modifier]

    Le Châtelet

    Le pont Saint-Pierre était le seul point de passage entre Bourg-le Roi et l’île Saint-Jean. Les personnes voulant traverser la ville était obligées de passer par le pont Saint-Pierre ; depuis le nord, on entrait dans la ville par la porte Saint-Julien, on descendait la rue Cattehoule, ou rue de Geôle, pour arriver au Carrefour Saint-Pierre où l’on rejoignait le flot de circulation en provenance de la grande rue Saint-Pierre qui drainait les flux en provenance de l’ouest entrés dans la ville par la Porte Saint-Martin ; on devait alors traverser le Pont Saint-Pierre, descendre la rue Exmoisine, ou Saint-Jean, franchir la Porte Millet, puis le Pont de Vaucelles avant de se diriger vers l’est par la rue d’Auge ou vers le sud par la rue de Falaise.

    En 1203Jean sans Terre affranchit la commune de Caen qui put se doter d’un beffroi, d’une cloche, d’un sceau et d’un hôtel municipal ; on bâtit alors sur le Pont Saint-Pierre un châtelet logeant l’hôtel de ville. La première mention directe à la maison de ville date de 1307 ; cependant, un texte du début du xiiie siècle fait référence au parvis pratis de catellione (« pré dessus le castillon »), ce qui semble prouver que le Châtelet existait déjà à cette époque. En 1346, il fut détruit pendant la prise de la ville par Édouard III d'Angleterre et reconstruit immédiatement7.

    Le Châtelet, était une tour carrée flanquée de quatre tourelles circulaires. Le rez-de-chaussée était ouvert par des arcades afin de permettre le passage des charrois. Dans les deux niveaux supérieurs, on trouvait également des magasins, des lieux de stockage, un corps de garde et un cachot. Il était également surnommé, comme à Rouen, le Gros Horloge car sa façade était ornée d’un cadran doré qui marquait les heures et les phases de la lune ; son carillon, symbole de la liberté communale, rythmait la vie de la cité. Sur les murs, était également inscrit la devise de la ville : un Dieu – un Roy, une Foy – une Loy.

    « De fort ancienne et admirable structure, de quatre estages en hauteur, en arcs-boutans fondez dedans la rivière sur pilotins, laquelle flue par trois grandes arches ; et aux coings de cest édifice et maison sont quatre tours qui se joignent par carneaux, en l’une desquelles (qui faict le befroy) est posée la grosse orloge: ceste quelle maison, pont et rivière, séparent les deux costez de la ville, de façon que les quatre murailles d’icelle commencent, finissent et aboutissent sur ce pont, anciennement appellé de Darnetal, comme il se treuve par certaine chartre, estant au matrologe ou chartrier de la ville, de l’an 1365. »

    — Sieur De Bras8.

    Le 11 mai 1754, Loguet, ingénieur de la généralité, dresse un procès-verbal en présence du président du bureau des finances et du procureur du roi dans lequel il constate que le Châtelet est lézardé dans toute sa hauteur ; estimant que le poids du bâtiment affaiblit la structure du pont, il conclut qu'il est nécessaire de le démolir « jusqu'à trois pieds de dessus du pavé dudit pont »9. Cette démolition s'inscrit en fait dans le grand plan de François-Jean Orceau de Fontette, intendant depuis 1752, qui souhaite améliorer la circulation dans la ville. Bien que les édiles aient progressivement désertés la maison commune au profit de l'hôtel d'Escoville depuis 1733, ils refusent de démolir ce symbole de leurs libertés communales, mises à mal par la montée en puissance de l'administration royale. Les architectes de la ville produisent une contre-expertise affirmant la solidité de l'ouvrage et la municipalité propose de rénover les façades en s'inspirant du beffroi de l'hôtel de ville de Rennes9. Les édiles s'adressent au Daniel-Charles Trudaine, directeur de l'Assemblée des inspecteurs généraux des ponts et chaussées ; ce dernier charge le contrôleur général des finances de trancher. Finalement Jean Moreau de Séchelles confirme la première expertise9. Le 3 février 1755, le bureau des finances de Caen déclare10 :

    « attendu qu'il résulte des faits contenus dans les procès verbaux, qu'il est au moins douteux que le pont Saint Pierre soit solide ; que d'un autre côté le passage est trop étroit et dangereux ; que les différens plans produits et proposés par les maire et échevins sont in suffisans pour procurer un élargissement convenable, nous avons ordonné que les bâtimens étant sur ledit pont seront démolis dans trois mois de la signification de la présente, faute de quoi après ledit temps expiré il y sera pourvu ainsi qu'il appartiendra. »

    Le 15 mai, le carillon de l'horloge, installée 441 ans plus tôt, sonne pour la dernière fois le Regina cœli10 et la démolition commence11. Le Châtelet est finalement démoli dans l'année, supprimant ainsi un point de congestion important sur la route entre Paris et Cherbourg.

    Le corps de garde du Châtelet, attesté au début du xviiie siècle, n'est démoli qu'au milieu du xixe siècle lors du réaménagement de la place Saint-Pierre12.

    Les tours [modifier]

    Les enceintes étaient hérissées d’une vingtaine de tours dont on connait le nom des principales :

    • Tour Leroy
    • Tour aux Landais, reliée à la précédente par une chaîne pour protéger l’accès au port
    • Tour Lebaski à l’extrémité de la rue Neuve-Saint-Jean
    • Tour au Massacre ou Machart, vers l’angle sud-ouest de la place d’armes
    • Tour Malguéant ou des Moulins de l’Hôtel-Dieu de Caen à proximité de la Porte Millet
    Tour Machart au début du 19e (François-Gabriel-Théodore Basset de Jolimont)
    • Tour-ès-Morts, vers l’angle entre la promenade de Sévigné et le cours de Gaulle (rue Paul Toutain)
    • Tour Anzeray
    • Tour Pendant
    • Tour Saint-Jacques
    • Tour de la Boucherie ou Meritain
    • Tour Lourirette
    • Tour Chastimoine
    • Tour Silly ou des Cordeliers
    • Tour Puchot, à l’angle nord-ouest du Château pour protéger la Porte Saint-Julien
    • Tour de la Reine Mathilde, à l’angle sud-est du Château de Caen

    La tour Chastimoine [modifier]

    La tour Chastimoine était une grosse tour construite en 1458 à l'angle nord-ouest des fortifications à l'emplacement d'une tour ou peut-être d'une porte, dite porte Arthur, minée par Charles VII de France lors de la reprise de la ville aux Anglais en 14507. Elle est construite par le maître-maçon Jehan Erneys en pierre « prinse en la carriere des fossez de la ville »13. Elle était à l'origine haute d'environ trente mètres de haut et était divisée en quatre niveaux. En 1522, le niveau supérieur est supprimé pour être remplacé par une plateforme ceinte d'un parapet13. À partir de cette date, la tour est donc divisée en trois niveaux :

    • la salle haute, ou salle de la Tour, vaste pièce dans laquelle on pouvait entasser, selon un procès-verbal de visite de 1600, « seize pièces de canon de fonte, plus une petite pièce, cent boulets, trente-et-un barils de poudre à canon en contenant 3164 livres, quatre cent trente-cinq barils de poudre grenue pour l'arquebuse, de grandes pièces de bois, des affûts, etc. » ;
    • la salle du concierge ;
    • la basse-fosse, qui servait de prisons14.

    La tour était édifiée sur un plan en fer à cheval, les différents niveaux étant reliés entre eux par un escalier placé dans la gorge. Dans les murs, épais d'une dizaine de mètres afin de résister aux tirs d'artillerie, étaient aménagées des chambres trapézoïdales permettant de manœuvrer des pièces de canon13.

    Au xviie siècle, la tour perd son usage militaire. À partir de la deuxième partie de ce siècle, la tour commence à être utilisée pour enfermer les aliénés et les nécessiteux. En 1678, on y construit une glacière. Au xviiie siècle, la tour est réservée à l'emprisonnement des fous. Selon les échevins, la tour « n'est une prison, mais bien un lieu choisi dans le nombre des fortifications de cette ville et destinée par les officiers du Corps de ville pour servir d'asyle et d'hôpital aux pauvres citoyens dont l'esprit est dérangé qui trouvent dans ce lieu tous les secours qui leur sont nécessaires et qu'ils ne peuvent se procurer d'eux-mêmes ». En réalité, la tour, que les habitants de Caen surnomment la tour-aux-fols, est totalement insalubre. Des rapports officiels – établis en 1785 par un inspecteur général des hôpitaux, un exempt de maréchaussée et un maire de Caen – nous permet de mesurer la cruauté des conditions d'enfermement. Ils décrivent

    « des cellules prises dans l'embrasure du mur de la Tour, de largeur en l'entrée de six ou sept pieds, et de trois pieds et demy à l'autre extrémité, vers le jour qui donne du côté du fossé de la ville, ledit endroit de profondeur tout au plus de six à sept pieds, voûté dessus et dessous en pierre.14 »

    Ils signalent également des souterrains

    « où l'on descend à vingt-cinq ou trente pieds de profondeur ; là on trouve une cave voûtée qui ne reçoit le jour et l'air que par trois ou quatre lucarnes infiniment étroites, de manière qu'en plein jour on ne peut y voir sans flambeau. Ce lieu est tellement humide que plusieurs fois dans l'année il est inondé, au point que l'on est obligé d'y pomper l'eau, et qu'une pauvre femme déposée à la Tour pour dix jours, en attendant son entrée au Couvent, et qu'on y oublie pendant deux mois, y languit les jambes à l'eau avec les reptiles les plus immondes. Dans l'épaisseur des murs de celte cave sont creusées quatre ou cinq cavités, dans lesquelles on place des prisonniers qui sont véritablement scellés dans le mur, puisque, une fois établis dans ces lieux, la porte par laquelle ils y sont entrés ne s'ouvre plus, et qu'elle est assurée dans le mur au moyen de fers qui y sont scellés. Quand on voulut en faire sortir un malheureux qui y était détenu depuis vingt ans, la porte n'avait été ouverte depuis si longtemps, nous dit qu'il a fallu abattre la serrure et les barres. Au milieu de cette porte est une ouverture carrée, d'environ un pied, par laquelle le prisonnier respire, reçoit ses aliments et rejette ses excréments. Genre de cachot inouï et le plus barbare qu'on puisse concevoir !14 »

    Dans les étages, les fous sont enfermés dans dans une espèce de cage, que les rapports comparent « aux cabanes roulantes des bergers qui gardent la nuit les moutons en pleine campagne, n'ayant pour tout, pour l'entretien de leur vie, qu'une ouverture semblable à celle pratiquée dans les cachots souterrains »14.

    Un arrêt du conseil du 13 juin 1765 prévoit la destruction de la tour et son remplacement par une ou plusieurs glacières, ainsi que par un nouvel hôtel de l'intendance bâti avec les matériaux issus de la tour. L'arrêt n'est pas exécuté14. En 1779, les plans dressés par Armand Lefebvre, ingénieur des ponts et chaussées de la généralité de Caen, pour la construction de l'actuellepalais de justice de Caen sont acceptés. Les adjudications pour la construction des prisons et de la salle d'audience du bailliage sont passées en 1781. Un brevet royal du 2 avril 1785rappelle que la tour « n'offre plus que cachots aussi affreux que malsains, qu'elle tombe en ruines de toutes parts, qu'elle tient à d'anciens murs dont la démolition a été ordonnée, que restant isolée elle formerait l'aspect le plus désagréable , que d'ailleurs elle nuisait aux constructions des nouvelles prisons et des bâtiments destinés aux juridictions, qu'enfin elle est devenue absolument inutile au moyen de l'établissement de la maison de Beaulieu, qui est arrangée pour recevoir les personnes qu'on y renfermait. » Ordre est donc donné de démolir la tour. La destruction de la tour s'avère difficile et les travaux, commencés le 12 octobre 1785, ne s'achève que le 28 novembre 1787. Les matériaux sont réutilisés pour des réparations de bâtiments un peu partout dans la ville14. Les prisons des tribunaux sont construites à son emplacement. Quand celles-ci sont démolies en 1906 pour percer la rue Bertauld, les travaux permettent de dégager les fondations de la tour15. Lors de la construction en 1908 de la maison à l'angle des rues Bertauld et Saint-Manvieu, le pilier qui recevait par pénétration les huit arcs formant la voûte de la salle balle est ainsi mis au jour13.

    Lieux de garnison [modifier]

    Jusqu'au xviiie siècle, la ville ne disposait pas de lieux fixes pour abriter les garnisons de soldats. En fonction des besoins les soldats étaient logés chez l'habitant, ce qui n'était pas sans provoquer des tensions. Ainsi en 1514, les lansquenets à la solde de Louis XI provoquèrent un soulèvement populaire16. On mentionne encore en 1752 l'Auberge de la place royale qui sert épisodiquement de casernement pour les troupes de passage17. Enfin depuis le début du xviie siècle, les troupes étaient logés dans les loges de la foire quand celles-ni étaient inoccupées18.

    Les premières casernes sont construites en France sous le règne de Louis XIV. À Caen, il faut attendre la régence de Louis XV. Deux autres casernes sont aménagées au xixe siècle dans des lieux existants et une dernière caserne est construite au début du xxe siècle au sud de la ville.

    Caserne Hamelin [modifier]

    Pont de Vaucelles et caserne Hamelin vers 1902

    La première pierre de la caserne de Vaucelles est posée par l’intendant Guynet le 17 mai 17204 dans la partie ouest de la petite île au sud de la porte Millet qui prend plus tard le nom d'île des Casernes. Mais les travaux sont tout de suite interrompus et, en 1735, Germain Louis Chauvelingarde des Sceaux, doit intervenir pour que le jardin des plantes de Caen ne soit pas aménagé sur le terrain avoisinant la place Dauphine19. Les travaux reprennent finalement en 174220. En 1785, on décide d'agrandir la caserne sur des terrains achetés à l'Hôpital général21Louis XVI en pose la première pierre le26 juin 178622Guillaume-Martin Couture, architecte du roi, mène les travaux avant que l'adjudication ne soit résiliée par arrêt du Conseil le14 août 178920. Après une période d'interruption, les travaux reprennent en 1833 sur des plans différent de ceux dressés à l'origine20 et l'extension est achevée en 18357.

    À la fin du xixe siècle, la caserne, rebaptisée en l'honneur de Ferdinand Hamelin, pouvait abriter 1 200 hommes d'infanterie20. En 1876, le 36e régiment d’infanterie de ligne s'installe dans la caserne. Seul le troisième bataillon y reste, les deux autres étant transférés dans la caserne Lefebvre (château)23. Pendant la Première Guerre mondiale, la caserne est occupée par un hôpital militaire provisoire ; 200 à 300 lits étaient ouverts au HC n°30 Caen qui fonctionna jusqu'au 20 octobre 191924. Dans l'entre-deux-guerres, la caserne fait l'objet d'une demande de protection par arrêté d'inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques25. Mais dans la nuit du 7 juin 1944, elle est touchée de plein fouet par les bombardements aériens ; dans la soirée du 18 juin, ce qui restait debout est anéanti par les tirs allemands de bombes SD1 et SD226. Les derniers vestiges sont définitivement abattus en 19467.

    Quartier Lorge [modifier]

    Article détaillé : Quartier Lorge.

    Après la dispersion des sœurs de la Visitation, l'armée s'installe dans l'ancien monastère des Visitandines de Caen. En 1818, la caserne est transformée en dépôt de remonte. Dans lesannées 1830, des écuries sont construites dans les anciens jardin surplombant l'ancien monastère.

    Caserne Lefèvre [modifier]

    Article détaillé : Château de Caen.

    Caserne de Beaulieu [modifier]

    Cette caserne était située à la Maladrerie en face de l'entrée de la prison (actuel centre pénitentiaire de Caen).

    Quartier Claude Decaen [modifier]

    En juillet 1871, la municipalité entame des démarches afin de créer à Caen une école d'artillerie. Le 21 juillet, le ministère de la Défense expose ses conditions en vue d'ouvrir un nouvel établissement dans la ville : la municipalité doit participer financièrement à la hauteur de 10 % et doit approvisionner la future caserne en eau. Le 3 novembre, le conseil municipal se soumet à ses exigences. Cinq ans plus tard, elle acquiert un terrain de 27 ha au lieu-dit de la Guérinière, situé alors sur la commune de Cormelles-le-Royal, dans le but de l'aménager en champ de manœuvres. Puis le projet est abandonné pendant plusieurs décennies. Il est repris en 1909 seulement. On choisit un terrain situé sur les hauteurs de Vaucelles au sud du boulevard Leroy qui marquait alors la limite méridionale de l'espace urbanisé. L'accord entre la ville et les différents ministères est finalement signé en mars 1911.27 En 1913-1914, une nouvelle voie, baptisée avenue Albert Ier le 12 décembre 1914, est tracé dans le prolongement de la rue du belvédère afin de relier la nouvelle caserne au reste de la ville28. Les travaux de la caserne d'artillerie elle-même sont à peine achevés quand la Première Guerre mondiale éclate. La caserne, occupée par le 43e régiment d’artillerie, est ensuite rebaptisée quartier Claude Decaen en l'honneur de Claude Théodore Decaen. Après le départ du régiment, la plupart des bâtiments et le mur d'enceinte sont détruits. Une zone d'aménagement concertée, la ZAC Claude Decaen, a été créée en 198829 afin de construire des logements, une maison de retraite, ainsi qu'une clinique30 ; la nouvelle grande gendarmerie de Caen doit également y être construit sur la partie encore non construite au sud-est du périmètre31. Un jardin public a été aménagé autour du seul bâtiment qui a été conservé (futur pôle de vie Rive droite).

    Notes [modifier]

    1. En 1798, Victor-Dufour planta les premiers tilleuls et Bénard, jardinier à Vaucelles, ainsi que les “hoquetons” de la ville achevèrent son œuvre en 1803.
    2. Extrait de la délibération du Conseil municipal de Caen datant du 28 septembre 1821« Le conseil a vu avec satisfaction que tous les plans et projets ont été si bien combinés que l’église de Sainte-Trinité sera rendue tout entière au culte divin, et en qu’en même temps ce monument, remarquable sous le rapport des arts et vénérable par les souvenirs historiques qui s’y rattachent, sera dégagé des masures et constructions inutiles qui en obstruent la vue et l’accès ».
    3. À l’origine le sol dans ce secteur était plus bas, puisqu’il a été remblayé au xviiie siècle.
    4. L’orthographe de cette rue différa au cours des siècles et il existe une myriade d’orthographes différentes : PesmegniePaistmaigniePestmaisniePestmesniePesmegniePamesine et Pemesgnie. Ce serait le nom d’une famille qui avait son hôtel particulier à l’angle de la place Saint-Sauveur et de la rue Pémagnie.
    5. Elle se trouvait au débouché de la rue Pémagnie dans l’actuelle place Saint-Martin. Toutefois, l’axe actuelle de la rue, dans la perspective de la gare Saint-Martin, ne date que des années 1880-1890 ; on peut retrouver des traces de la première opération d’alignement grâce à la série d’immeubles de facture classique du côté paire de la rue jusqu’au n° 10, alors que côté impair on retrouve l’ancien tracé de la rue au niveau des n°13 et 15.
    6. Calibourg, orthographié aussi Calibort, est l’ancien nom du Faubourg Saint-Julien; on retrouve aujourd’hui encore une rue Calibourg, entre la rue des Cordeliers et la rue de Geôle.

    Références [modifier]

    1. Christophe Collet, Pascal Leroux, Jean-Yves Marin, Caen cité médiévale : bilan d'archéologie et d'histoire, Calvados, Service Département d'archéologie du Calvados, 1996, p. 53
    2. Ibid.p. 104-113
    3. Henri Prentout, « La vie et l'œuvre des le Prestre. Maîtres maçons caennais. » dans le Bulletin de la Société des beaux-arts de Caen, Caen, Imprimerie Charles Valin, 1910, 11e volume, pp. 381–397 [lire en ligne [archive]]
    4. ↑ a et b Journal d’un bourgeois de Caen 1652-1733 [(fr) texte intégral [archive] (page consultée le 29 mai 2008)]
    5. Mémoires de l'Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, Caen, Henri Delesques, 1905, p. 171 [lire en ligne [archive]]
    6. Grégoire-Jacques Lange, op. cit.p. 338
    7. ↑ abc et d Christophe Collet, Pascal Leroux, Jean-Yves Marin, op. cit.
    8. Charles de Bourgueville, sieur de Bras, Les Recherches et antiquitez de la province de Neustrie, à présent duché de Normandie, etc., Caen, 1833.
    9. ↑ ab et c Pascal Liévaux, « Les architectes du roi et l'architecture communale des villes atlantiques » dans Hélène Rousteau-Chambon (dir.) Jacques V Gabriel et les architectes de la façade atlantique, Actes du colloque de Nantes du 26-28 septembre 2002, Paris, Éditions Picard, 2004, pp. 179-181
    10. ↑ a et b Grégoire-Jacques Lange, Éphémérides normandes, Caen, Imprimerie de Bonneserre, 1833, tome 1, pp. 95–96
    11. Ibid.p. 324
    12. Christophe Collet, Pascal Leroux, Jean-Yves Marin, op. cit.p. 230
    13. ↑ abc et d Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, Caen, 1912, tome XXVIII, pp. 192–193
    14. ↑ abcde et f Aristide Joly, « Du sort des aliénés en Normandie avant 1789 » dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen, Caen, Le Blanc-Hardel, 1869, pp. 182–237 [lire en ligne [archive]]
    15. Philippe Lenglart, op. cit.p. 117
    16. Gervais de La Rue, Mémoires d'antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie, Caen, Mancel, 1842, vol. 2, p. 353
    17. Georges Besnier, « La garnison de Caen au xviiie siècle », Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, 1948-1951, t.51, p. 296
    18. Gervais de La RueEssais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Poisson, Caen, 1820, p. 181
    19. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, Caen, 5e série, 8e volume, 1905, p. 52 [lire en ligne [archive]]
    20. ↑ abc et d Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1870 ; Brionne, le Portulan, Manoir de Saint-Pierre-de-Salerne, 1970, p. 206
    21. Paul Dartiguenave,Michel Nicolle,Albert Robert, Les enfants de Saint-Louis, Turquant, Éditions Cheminements, 2009, p. 70 (ISBN 2-844787-85-1)
    22. Mémorial de Philippe Lamare, secrétaire de dom Gouget, bénédictin de l'abbaye de Fontenay, 1774-1788 : la vie provinciale en Normandie au xviiie siècle, Caen, L. Jouan, 1905, p. 176 [lire en ligne [archive]]
    23. Blog du 36 e RI [archive]
    24. Forum sur l'histoire du service de santé pendant la guerre 1914-1918 [archive]
    25. Ministère de la Culture [archive]
    26. Caen et la Seconde Guerre mondiale [archive]
    27. Philippe Lenglart, op. cit.p. 62–63
    28. Philippe Lenglart, op. cit.p. 97–98
    29. Caen dessine son futur / Projet de ville 2000-2010, édition ems management & société, Caen, 2000, p.83
    30. [pdf]ZAC Claude Decaen [archive]
    31. Ouest-Franceédition de Caen du 19 juillet 2008 [archive]

    Bibliographie [modifier]

    • Christophe Collet, Caen, cité médiévale : bilan d'histoire et d'archéologie, Caen, Caen Archéologie, 1996 (ISBN 2951017502)
    • Gervais de La Rue, Essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, Caen, 1820 [lire en ligne]

    Voir aussi [modifier]

    Liens externes [modifier]

    Articles connexes [modifier]

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    Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les anciennes fortifications de Caen.

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fortifications_de_Caen

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  • Château de Nicolas d'Avesnes

    Château de Nicolas d'Avesnes

    Sommaire

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    Les châteaux de Condé-sur-l'Escaut [modifier]

    Condé-sur-l'Escaut (Nord) compte trois châteaux méritant le détour :

    Paradoxalement, ce dernier édifice demeure le plus mal connu. La mémoire locale limite sa fonction au rôle d'arsenal du Roi Soleil. Au regard du temps et de l'Histoire, ce n'est pas juste. En janvier 2005, des sondages archéologiques menés par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) ont mis au jour les substructions du château roman, de la chapelle castrale et du puits Sainte-Renelde, réservant de nombreuses surprises et démontrant que le site de Condé-sur-l'Escaut constitue un archétype majeur de la politique castrale menée en Hainaut, dès le xiie siècle.

    Après avoir replacé le sujet dans son contexte historique, allons de surprise en surprise et voyons comment le site castral est passé du roman au gothique.

    Situation géographique et politique du Hainaut [modifier]

    Le Hainaut est un comté dérivé de la Civitas Cameracencis (la cité de Cambrai), elle-même issue du territoire des Nerviensceltes de la Belgique Seconde, que les armées de Jules Césarbattent sur la Sabis (peut-être la Selle ou la Sambre) en 57 avant Jésus-Christ. Le Pagus Haenonsis est cité la première fois dans la Vie de saint Aubert, évêque de Rouen, écrite vers 720 par Aigrard, moine hagiographe (voir Le Quesnoy, l'archétype du Hainautp. 18 à 31, B. Carpentier / Sopaic, Charleville-Mézières / 2005). Le 11 mai 1071, luttant contre son beau-frèreRobert-le-Frisoncomte usurpateur de Flandre, la comtesse Richilde l'inféode au Prince-Évêque de Liège, en faisant un arrière-fief du Saint Empire romain germanique. Le 14 décembre 1083, Richilde remet le pouvoir comtal à son fils, Baudouin de Mons.

    Passant entre les mains des d'Avesnes (1280), des Bavière (1356), des Bourgogne (1433) puis de la maison espagnole des Habsbourg (1468), le Hainaut est pris à l'Espagne par Louis XIV entre 1659 (traité des Pyrénées) et 1678 (traité de Nimègue). Mais au traité de Ryswick (1697), le Roi Soleil restitue une part de ses conquêtes. Le Hainaut est scindé en deux parties.Mons, Ath et Enghien rejoignent les Provinces-Unies. Restent en France Condé-sur-l'Escaut, ValenciennesLe Quesnoy et Maubeuge. Cette scission perdure de nos jours. Une langue commune, le Rouchi, maintient cependant la cohérence entre Hainuyers.

    La partie restée en Belgique (État créé en 1830) devient la province de Hainaut, tandis que la partie française est intégrée dans le département du Nord (59), le 4 mars 1790.

    Naissance du château fortifié de Condé-sur-l'Escaut [modifier]

    En 1140, le comté de Hainaut comprend Valenciennes, Mons et Beaumont. Entre ces points de concentration humaine s'étend la terre de Leuze dont Condé-sur-l'Escaut constitue « le bout » (Condé a parfois été appelé "le bout de la terre de Leuze").

    Politique castrale en Hainaut [modifier]

    Mais cette seigneurie n'appartient pas au comte Baudouin IV qui a succédé à son père en 1120, à l'âge de onze ans. Un de ses tumultueux vassaux, Nicolas d'Avesnes, y fait construire, entre 1143 et 1150, sur le confluent de la Haine et de l'Escaut, un puissant château fortifié. La politique castrale hainuyère s'intensifie. Cet édifice, précédant celui de Baudouin V, a pu être construit en bois, comme c'est l'habitude en Normandie et en Angleterre. Aucune source ne permet cependant de le démontrer et il faut se contenter, pour tenter d'étayer l'hypothèse, de rappeler que l'endroit fut renforcé par les Normands (D'après la chronique rimée (1274) du poète tournaisien Philippe Mouskès : Les Normands de Gand vinrent selonc l'Escaut. Courtrai arsent et puis Tournai, et Saint-Amand et puis Douwai. Puis s'en alèrent à Condet, le castiel ont pris et minet), venus se retrancher sur le confluent Haine-Escaut à l'hiver 885-886.

    Une motte a pu être élevée à l'endroit dès le xe siècle. Seules des fouilles archéologiques en profondeur permettraient de confirmer cette sérieuse théorie.

    Les seigneurs d'Avesnes complètent leur dispositif tactique. Ils élèvent la tour d'Avesnes, fortifient Trélon et Landrecies. Le comte, pour imposer son autorité, lance à son tour une grande campagne d'édifications castrales. Il doit se protéger sur tous les fronts, face à la Flandre, le Cambrésis et l'Avesnois. Il fortifie Binche en 1127 et relève l'enceinte de Mons en 1140. En 1142, il fait entourer Raismes et Braine-le-Comte d'une chemise, et construit un château fort au Quesnoy vers 1150. En 1155, il fait d'Ath une bourgade et y monte la tour du Burbant, en1166. En 1158, il fortifie Beaumont, fonde Bouchain et fait construire à Valenciennes la Salle-le-comte. Ailleurs, il bâtit des tours ostentatoires, comme à Beaufort et Monceau-Saint-Waast. Il ne peut accepter que Nicolas, puis son fils Jacques d'Avesnes, le défie au sommet de leur donjon !

    Jacques d'Avesnes commet une grave erreur [modifier]

    Le 4 octobre 1174, Jacques d'Avesnes fait assassiner Robert, évêque de Cambrai, sur le pont de Condé. Celui-ci revenait d'Ath, avec un sauf-conduit du comte et la protection de Louis de Frasnes. Baudouin V le Courageux utilise ce prétexte pour punir l'impétueux vassal. Il prend le castel, renverse ses tours et ses murailles et fait brûler le bourg. Si l'on en croit Gislebert de Mons, le castel préroman disparaît. Encore que la narration du chancelier de Baudouin V puisse être simplement symbolique : une interprétation pragmatique permet d'émettre l'hypothèse selon laquelle le castel de Nicolas n'est pas détruit de fond en comble. Le donjon, élément essentiel de la défense dans la conception romane du château, a pu être préservé. En 1184, le château est reconstruit et entre définitivement dans la mouvance des comtes de Hainaut qui le rétrocèdent, à titre de fief, aux d'Avesnes (Ces derniers devront attendre 1280 pour voir un des leurs, Jean II d'Avesnes, à la tête du comté). Ce sont les substructions de cet édifice du XIIe siècle qui ont été mises au jour au début de l'année 2005.

    De la tour César à l'Arsenal [modifier]

    La seigneurie condéenne du château (un deuxième fief partage le territoire de Condé-sur-l'Escaut, la seigneurie de Bailleul) passe, en 1225, aux Châtillon, et, en 1335, aux Bourbon. En 1529, Charles Quint la reçoit à titre de gage. La maison d'Espagne la rétrocède aux Bourbon au traité du Cateau-Cambrésis (1559). Marie de Montmorency, veuve de Charles de Lalaing (1499-1558), la rachète en 1560. Sa petite-fille, Jeanne de Lalaing, la transmet par mariage aux Croÿ. En 1678, le traité de Nimègue donne Condé à la France. Quatre ans plus tard, Philippe-Emmanuel-Ferdinand de Croÿ cède le château à Louis XIV qui en fait un arsenal. Le donjon, dernier vestige du château roman, est arasé en 1727.

    Quelque 278 ans plus tard, ses fondations revoient le jour. Le siège de la seigneurie du château ne présente plus, à partir de 1727, aucun élément roman de son architecture, suite à la destruction du donjon, appelé « tour César », et à l'établissement d'un arsenal dans le périmètre intérieur des courtines de type philippien. La présente recension des substructions mises au jour par les archéologues de l'INRAP se limitera au castrum roman, aux deux états de la chapelle castrale intégrant trois puits dits de Sainte-Renelde, et à un point de l'enceinte gothique.

    Description du castrum roman [modifier]

    Sur l'emplacement estimé de la tour César, un gros bâtiment (appelons-le donjon), ceint d'une chemise (la muraille qui entoure le donjon) à contreforts d'angle, est mis au jour. Cette disposition présentait peut-être des échauguettes au sommet des contreforts d'angle, comme on en retrouve sur les châteaux comtaux de Valenciennes (Hainaut français) et de Ath (Hainaut belge).

    Au sol, les fondations du donjon présentent des murs de 2 mètres d'épaisseur. Il est orienté nord-sud. L'entrée (nord) se franchit par une ouverture de 1,85 m. de large. Elle présente des enduits d'origine et l'on voit bien que le bâtiment a fait l'objet de reprises au cours des siècles. La base de l'entrée, à 2,50 m. sous la surface du sol actuel, montre des déformations des pierres de seuil qui font penser à des traces d'usure de passage. La régularité de l'assise et la qualité de la taille des pierres sont remarquables. Les remaniements sont visibles par les différences d'appareils (les pierres) et de techniques de maçonnerie.

    La souffrance du bâtiment, fendu dans son sens ouest-est, semble évidente quand on observe sa technique particulière de construction. La partie sud est implantée dans le tertre (la haute cour) tandis que la partie nord repose dans le fossé ceinturant la chemise. Peut-on l'imaginer posé sur des pieux, et justifier son enfoncement ? Les deux contreforts massifs semblent d'ailleurs avoir été placés à l'arrière (côté sud) pour stabiliser l'édifice. La jonction entre le bâtiment et la chemise paraît dans un état du XIIe siècle.

    L'appareil de la chemise romane est essentiellement composé de « pierres plates », comme plus loin, sur la courtine jouxtant la tour gothique mise à jour. Cette technique se retrouve peu dans les constructions du XIVe siècle qui utilisent des parpaings de pierre bleue. En reportant sur un plan les éléments du mur mis au jour, de part et d'autre du donjon, on obtient un hexagone d'un diamètre d'environ 35 mètres. À chaque rupture d'angle, des renforts maçonnés soutiennent la chemise de part et d'autre de mur. Sous le donjon, une salle voûtée (corps de garde ?) accueillait les visiteurs franchissant l'entrée de ce que l'on considérera comme la haute cour.

    Une ou deux chapelles castrales ? [modifier]

    Un peu plus loin, dans le périmètre de la grande enceinte, apparaît la chapelle castrale dont un plan du Génie de 1728 montre les tracés. Tout est conforme. A priori, les bases du lieu de culte semblent posées sur un mur ressemblant à première vue à l'appareillage de la chemise d'enceinte observé ci-dessus. La chapelle mesure environ 7 m. de long pour 5 m. dans sa plus grande largeur. Disposée nord-sud, elle n'est pas orientée, ce qui laisse supposer une contrainte qu'il reste à découvrir (les édifices de culte catholique présente leur chœur à l'est et leur entrée à l'ouest. On dit qu'ils sont orientés). À l'intérieur, côté ouest, apparaît un puits (visible ci-dessous).

    Les surprises apparaissent [modifier]

    La première est constituée par un deuxième puits accolé à l'extérieur de l'édifice, au sud, sûrement le plus ancien, qui peut être le puits médiéval. À l'angle sud-ouest de la petite chapelle est mis au jour un curieux contrefort en pierre bleue (dite de Tournai, exploitée au Moyen Âge, comme en témoigne la cathédrale romane de Tournai, en Belgique). Que fait-il là, seul ? Le mur que ce contrefort soutient est mis au jour. En le suivant, on découvre un deuxième contrefort, puis un autre...

    Le mystère atteint son comble, lorsque, stupéfaction, les substructions d'une plus grande chapelle castrale, ne figurant sur aucun plan connu, apparaissent ! Cette fois-ci, l'édifice est orienté (c'est-à-dire que son Chœur est à l'Est). Au sol, on aperçoit de petites céramiques carrées, en terre cuite glaçurées vertes ou jaunes (le pavement du sol). Des gravats, à l'extérieur, montrent qu'un encadrement de style gothique flamboyant, en pierre blanche, décorait des fenêtres. Force est de constater qu'un grand soin a été apporté à l'appareil et au décor par les ouvriers et artisans médiévaux. Quelle merveilleuse découverte !

    Un, deux ou trois puits Sainte-Renelde ? [modifier]

    Les surprises continuent : un troisième puits apparaît (vraisemblablement le plus récent et le plus connu de tous).

    Ces puits, au nombre de trois, sont situés : - le plus ancien, près de la chapelle castrale, mais à l'extérieur, au sud ; - le deuxième, à l'intérieur de la petite chapelle, contre le mur ouest ; - le troisième, à l'intérieur de la grande chapelle Tous trois portent le nom de sainte Renelde. Leur nombre constitue une nouvelle surprise des sondages archéologiques et semblent confirmer l'existence d'un culte ancien.

    L'eau miraculeuse de Condé

    L'eau de Condé-sur-l'Escaut était encore célèbre au xixe siècle pour ses propriétés miraculeuses et curatives. Elle soignait particulièrement les yeux, rendant la vue aux plus malvoyants. Au début du siècle dernier, des pèlerins venaient encore demander aux locataires de la gendarmerie (construite sur les fondations du lieu de culte) de leur donner quelques centilitres du précieux liquide. Lassés, les gendarmes rebouchèrent le puits et le culte disparu après la Seconde Guerre mondiale, mais ne fut pas oublié pour autant.

    Dès mon arrivée sur le site des sondages, plusieurs personnes me demandèrent en effet de leur prélever quelques gouttes du miraculeux liquide. En Hainaut, les légendes populaires sont tenaces.

    Cependant sainte Renelde n'est pour rien dans cette affaire. Une lecture erronée a transformé « Condacum » (Kontich) en « Condatum » (Condé). Il n'en fallait pas davantage à la dévotion locale pour adopter la sainte et la faire venir de Flandre, d'où elle serait originaire (Kontich se trouve à 32 km au nord de Bruxelles), en Hainaut. Cette confusion maladroite ne retire cependant rien à la qualité des eaux de Condé-sur-l'Escaut, issue de la même nappe phréatique que celles de Saint-Amand.

    Le castel gothique [modifier]

    À quelques pas des chapelles castrales, les fondations d'une tour gothique apparaissent.

    Tour et enceinte gothiques [modifier]

    La courtine, le châtelet d'entrée et les tours en élévation sont postérieures au XIIe siècle. Le développement puis la floraison de l'architecture philippienne s'affranchit du donjon et utilise les tours de plan circulaire qui ne présentent aucun angle mort, contrairement aux tours et donjons antérieurs de plan quadrangulaire. Voici encore une surprise réservée par les sondages archéologiques : il est désormais tout à fait plausible d'affirmer que le site castral de Condé-sur-l'Escaut constitue un archétype de l'évolution du château-fort en Hainaut et vraisemblablement au-delà.

    Le site présente, à travers ses états romans et gothiques, l'évolution de l'architecture castrale à travers les siècles (dernière modification au xviie siècle) : pour preuves, deux états de courtine et les fondations d'une tour gothique mises au jour.

    La tour gothique [modifier]

    À l'angle sud-ouest, les substructions d'une tour postérieure au XIIe siècle réapparaissent et confirment l'évolution rapide du site castral. La tour d'angle rythme ici la courtine de ce que l'on appellera la basse-cour. La superficie de cette dernière semble démesurée, prouvant l'intense activité qui devait y régner : four, écuries, habitations diverses, granges et autres bâtiments fonctionnels y prenaient vraisemblablement place, tous adossés au côté intérieur des courtines. Ces bâtiments devaient être construits en bois, ce qui expliquerait qu'on n'en trouve guère trace, hormis sur des croquis médiévaux.

    La tour découverte présente un détail intéressant : elle repose sur une base plus large dont le rétrécissement est obtenu par l'insertion d'un parpaing tranché sur la coupe. Cette forme en sabot se retrouve sur d'autres tours construites à la même époque, notamment sur la tour de Villers, à Bruxelles, ouverte à la gorge. Le rattachement à la courtine, en retrait, fonctionne sur le même schéma. Cependant, à Condé, la courtine se prolonge contre le flanc intérieur de la tour et rejoint le sol par un escalier permettant l'accès au chemin de ronde et à l'intérieur de la tour.

    Enfin, l'appareil de la courtine est différent et permet de croire à une construction d'époque vraisemblablement antérieure.

    De nos jours, seuls des éléments, remaniés et postérieurs au XIIe siècle, demeurent.

    État actuel [modifier]

    Aujourd'hui, le château des d'Avesnes a bien changé. Nicolas ne le reconnaîtrait pas. Autour du châtelet d'entrée, cinq tours philippiennes demeurent :

    • la tour du Dragon ;
    • la tour Mahaut (du nom de l'épouse de Nicolas d'Avesnes, Mahaut de Namur) ;
    • la tour Nicolas, plus grosse que les autres, posée sur le point de confluence de la Haine et l'Escaut ;
    • une tour posée sur la courtine, entre la tour Nicolas et l'arche permettant à l'eau de l'Escaut, par un petit canal, de pénétrer dans l'enceinte jusqu'au pied du donjon. Nous l'appellerons « Tour de l'Escaut » ;
    • la dernière tour en élévation, en triste état, se trouve près du moulin de Croÿ. Nous l'appellerons « tour du Moulin ».

    Depuis quelques années, le châtelet accueille des logements à usage d'habitation. Cette surprenante destination ne manque pas de charme, rendre aux vieilles pierres une fonction sociale, et permet de croire à une renaissance économique des lieux. Enfin, entre le châtelet d'entrée et la tour du Moulin se trouve précisément le moulin dit de Croÿ. Ce moulin à eau, vraisemblablement construit ou reconstruit entre 1484 et 1514 par Jean d'Oettingen, ne présentait pas à l'origine de tour « pigeonnier ». En 1775, le moulin est remanié et se voit adjoindre une tour. Après la révolution, cette dernière sert de pigeonnier jusque la Première Guerre mondiale.

    Et maintenant ? [modifier]

    De nouvelle fouilles sont en cours d'exécution sous la gouverne de Lionnel Droin pour mettre à découvert les fondations des deux chapelles pour ensuite expliquer la manière dont elles ont été construites. Les fouilles devraient durer minimum 3 ans. Une première période de 15 jours a été effectuée durant les vacances d'avril 2008 ; et les fouilles devraient reprendre au mois d'août.

    Une évolution architecturale compréhensible [modifier]

    Le passage d'un point de vue architectural du roman au gothique est, à Condé-sur-l'Escaut, désormais explicable. Au XIIe siècle, un château typiquement roman voit le jour. La chronique de Gislebert de Mons, chancelier du comte de Hainaut, Baudouin V le Courageux, le confirme. Le donjon, bâtiment principal du site castral, constitue l'ultime refuge de la défense. Son architecture se consacre entièrement à la protection. Le rez-de-chaussée est constitué d'un étroit et unique passage parementé en pierre. Les murs, au niveau du premier étage, présente une largeur d'environ deux mètres. Le passage, du donjon à l'intérieur du périmètre constitué par la chemise, se fait par un étroit couloir d'un mètre de largeur, situé à l'arrière du bâtiment (sud). Il est aisé d'imaginer, comme à la tour du Burbant, à Ath (Belgique), un bâtiment s'étageant au moins sur deux ou trois niveaux et comportant l'aula, la grande salle du conseil, et, au dernier degré, la camera, appartement privé des locataires du site.

    L'organisation architecturale du donjon et de sa chemise étaye davantage encore la priorité défensive du donjon. La chemise n'a pas pour vocation de le protéger. Elle fonctionne avec lui et en complément de son action, pour servir d'ultime refuge aux défenseurs du confluent formé à cet endroit par l'Escaut et son affluent, la Haine. Une simple observation permet en outre de constater que la chemise est acculée contre l'angle formé par le confluent. La fortification condéenne s'organise en trois temps : un solide bâtiment principal renforcé par une chemise à renfort aux ruptures d'angle, le tout appuyé par la défense naturelle constituée par l'Escaut et la Haine. La fortification naturelle complète avantageusement la fortification humaine.

    On pénètre à l'intérieur du périmètre castral (diamètre d'environ 30 à 40 mètres) par le donjon. La largeur du pas de la porte du donjon roman (1,85 m) le démontre, ainsi que les traces d'usure sur les pierres de seuil. La « salle voûtée » décelée sous le donjon n'est vraisemblablement, à l'origine, qu'une sorte d'entrée principale complétée par une salle des gardes où, après avoir franchi un pont de bois, le visiteur vient se présenter.

    De nouvelles interrogations possibles [modifier]

    À ce titre, mais il faudra ici une confirmation scientifique, il est permis de penser que le petit canal intérieur (visible sur toutes les vues médiévales connues et sur l'essai de reconstitution au XVIIe siècle), se prolongeait au XIIe siècle jusque la Haine. Le sens de l'écoulement des eaux de l'Escaut et de son affluent tend de toute évidence à confirmer cette hypothèse. Alors, le château roman aurait bénéficié du redoublement d'une ceinture d'eau. Notons ici que c'est d'ailleurs l'aménagement qu'ont choisi les ingénieurs de Jean d'Oetingen (seigneur de Condé-Bailleul), à la fin du xve siècle, pour entourer le château gothique d'une ceinture d'eau : le seuwoir (canal) créé prenant le nom de Haynette (petite Haine). La théorie n'est donc pas dénuée d'intérêt et son exploration permettrait de comprendre encore mieux le fonctionnement du château roman. Une fouille archéologique approfondie devrait infirmer ou confirmer l'assertion. AuXIIIe siècle, l'évolution du château roman en château gothique, de type philippien, commence.

    Dès le XIIIe siècle, sous l'impulsion de Philippe II Auguste, époux d'Isabelle de Hainaut, un nouveau type de château voit le jour en France et en Europe. Un plan géométrique, flanqué de tours rondes, muni d'un châtelet d'entrée, enveloppe le site castral primitif. Des archères percées dans les tours permettent de battre le pied exposé des courtines. Des hourds sont disposés au sommet des tours tandis que les bâtiments fonctionnels s'adossent aux courtines intérieures. L'archétype philippien est un quadrilatère rythmé de tours circulaires aux angles des courtines, le plus souvent rectilignes. Au centre vient prendre place la tour principale, le donjon. Parfois, la tour plus puissante prend place à un des angles.

    Datation du passage du roman au gothique [modifier]

    Or, voici exactement la configuration que prend le château fort de Condé en Hainaut. La date exacte de son adoption du style philippien est difficilement évaluable, d'autant que l'évolution architecturale s'étale de toute évidence sur plusieurs décennies, sinon davantage. Cependant, il est permis de penser que l'achèvement de la refonte du château peut dater de la fin du XVe-début du XVIe siècle, quand Jean d'Oetingen, seigneur de Bailleul (l'autre seigneurie condéenne) réorganise, à l'instigation du comte régent de Hainaut, Aubert de Bavière, la Batellerie et le saut de la Haine dans l'Escaut. Condé et sa corporation de bateliers causaient en effet bien des difficultés à la liberté du trafic fluvial entre Mons et Gand. Le contrôle de ce point névralgique qui nécessitait le querquage-déquerquage (débarquement-rembarquement, de querque, signifiant barque, en Rouchi) des marchandises fut réorganisé au pied du château, entre la tour du Dragon et la tour Nicolas.

    En toutes hypothèses, lorsque paraît la vue de Condé conservée par les archives de l'État à Mons (au XVIe siècle), la métamorphose commencée au XIIIe siècle, est achevée. L'ancien donjon roman est maintenant isolé au milieu de la vaste enceinte gothique. Sa chemise a disparu. Le canal intérieur, sans autre intérêt qu'esthétique, a été remanié et relie le donjon à l'Escaut, franchissant la courtine sous un arc de décharge. Le modèle philippien s'empare du site. Le plan du château adopte la forme générale d'un rectangle (environ 125 m. sur 90). Face à l'entrée principale de la tour César, une porte-châtelet est édifiée. Cinq tours d'angle de plan circulaire et trois tours semi-circulaires sont en place, séparées d'une courtine de 40 mètresde longueur en moyenne. La tour Nicolas, stratégiquement placée dans l'angle du confluent, est plus forte que les autres. C'est désormais elle qui doit assumer le rôle d'ultime réduit, renvoyant l'ancien donjon à la fonction plus modeste de résidence. La métamorphose est achevée.

    Condé, un archétype de la politique castrale en Hainaut [modifier]

    Condé vient de se faire rattraper par son destin. Le site castral, présentant des états roman et gothique, fait de la petite cité hainuyère l'archétype de la politique castrale en Hainaut. Cet article montre que l'Histoire réserve vraisemblablement encore davantage d'étonnements à Condé. Il reste alors aux chercheurs et aux amoureux de l'histoire et de l'architecture médiévales à espérer la programmation de vraies fouilles archéologiques. Car la vérité historique réside souvent bien près de nous, à deux ou trois mètres sous terre... Mars 2005.

    Voir aussi [modifier]

    Bibliographie [modifier]

    • Bruno Carpentier, Condé-sur-l'Escaut, le Pagus condatensis' - SOPAIC 2004Charleville-Mézièreshttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Carpentier
    • Bruno Carpentier, Le Quesnoy, l'archétype du Hainaut - SOPAIC 2005Charleville-Mézières
    • La chronique de Hainaut rédigée par Gislebert de Mons, chancelier du comte Bauduin V, (1040-1195) - Traduite en français par Godefroy Ménilglaise - 1874, à Tournai (Belgique, chez Malo et Levasseur)
    • Voir aussi les archives de l'État, à Mons (Belgique - Province de Hainaut)
    • Les archives départementales du Nord, à Lille (France - Nord - 59)
    • La bibliothèque de Valenciennes (France - Nord - 59)

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Château_de_Nicolas_d'Avesnes

  • LEXIQUE Meurtrière

    Meurtrière

    Meurtrière du château de Caen

    Une meurtrière (ou archèrearchièreraière ainsi qu’arbalétrière après l'invention de l'arbalète) est une ouverture pratiquée dans une muraille défensive pour permettre l'observation et l'envoi de projectiles.

    Sommaire

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    Au temps de la Gaule romaine [modifier]

    Pendant la période gallo-romaine, les fortifications permanentes ne se défendaient que par leur sommet. Les courtines et les tours étaient pleines à la base et n'opposaient aux attaques que l'épaisseur de leur construction. Mais lorsque les armes de jet, maniables, se furent perfectionnées et eurent acquis une portée plus longue et plus sûre, on ne se borna plus, pour défendre les approches d'une place forte, à couronner les parapets de crénelages ; on perça des ouvertures à la base des courtines et aux différents étages des tours.

    Moyen Âge [modifier]

    Illustration de meurtrière du Moyen Âge d'après Viollet-le-Duc

    Ces ouvertures apparaissent dans les fortifications du commencement du xiie siècle : assez rares alors, elles se multiplient pendant le xiiie siècle, participant aux moyens de défense. Vers le milieu du xive siècle, ces ouvertures deviennent de plus en plus rares dans les parties inférieures de défense et se multiplient à leur sommet ; elles ne reparaissent qu'au moment où l'artillerie à feu remplace les anciens engins de défense.

    Ces meurtrières, ou archères, percées au niveau du sol intérieur des remparts et des planchers des tours, permettaient non seulement de lancer des traits d'arbalète ou des flèches, mais aussi de voir, sans se découvrir, les travaux que les assiégeants pouvaient tenter pour battre ou saper les ouvrages.

    Si au Moyen Âge elles étaient très étroites et verticales pour permettre le tir à l'arc sur les assaillants sans s'exposer, leurs forme et dimension n'ont cessé d'évoluer en même temps que l'armement défensif. Ainsi, l'ouverture verticale a reçu une entaille horizontale pour permettre un tir selon un angle horizontal plus important.

    Avec l'apparition des armes à feu, on remplace progressivement les meurtrières par des canonnières, afin de tirer avec les premières bombardes à main ou couleuvrines.

    Époque moderne [modifier]

    Dans les blockhaus modernes, les meurtrières peuvent avoir la forme de larges ouvertures horizontales afin de permettre le tir avec des armes lourdes, couvrant un large angle de terrain.

    Voir aussi [modifier]

    Articles connexes [modifier]

    Sources [modifier]

    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Meurtriere

  • Château de La Chesnaie

    Château de La Chesnaie

    Château de La Chesnaie

    Château de La Chesnaie




    Le château, construit en 1766, est probablement remanié par le propriétaire suivant, Claude-Martin Goupy, architecte et promoteur parisien. À la mort de Marie-Anne-Charlotte Goupy en 1823, la propriété est vendue à Mme Pérignon puis passe entre les mains du maréchal Dode de La Brunerie. Gabriel Dehaynin en devient possesseur de 1864 à 1898 ; c'est lui qui fait détruire le pavillon où Mme d'Houdetot recevait Jean-Jacques Rousseau. À sa mort, en 1903, le parc est loti. Le château est acheté en 1905 par Charles Petit-Midy, puis habité par Jacques Dupont, inspecteur des monuments historiques.

    Source : http://fr.topic-topos.com/chateau-de-la-chesnaie-eaubonne