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dauphiné gordes

  • Tour d'Albon

    Tour d'Albon

     

    Lorsque l’on circule sur la rive Est du Rhône, entre Valence et Vienne, dans le Nord de la Drôme, on ne peut manquer d’apercevoir  la Tour d’Albon se dressant fièrement et esseulée sur une motte castrale, semblant toujours surveiller les terres du Comté d’Albon comme aux temps lointains de nos aïeux. Pour un promeneur non averti, ce donjon peut paraître complètement anonyme, comme les nombreuses tours isolées que l’on peut trouver dans la région ; mais il aurait tord de ne pas s’y aventurer, car le lieu est chargé d’une glorieuse histoire puisque la famille originaire de ces riches terres, véritable carrefour entre les importantes villes de Vienne et Valence, bénéficiant du rayonnement économique de Lyon et donnant accès aux collines du Haut-Vivarais ; n’est autre que la fondatrice de l’importante province du Dauphiné, comme vous le verrez par la suite dans cet article.

    HISTOIRE

    Souvent, au Moyen Age (et de nos jours encore) la répartition des populations sur le territoire se fait en fonction des places jadis occupées par les romains qui avaient une véritable science des lieux stratégiques à occuper. Albon ne fait pas exception, puisque dès le Ier siècle après Jésus Christ, y était construit une fortification romaine. Au tout début du Moyen Age inférieur, les alentours d’Albon sont le théâtre de faits importants, puisque l’archevêque Avit de Vienne convoqua un concile à Epaone (aujourd’hui Saint-Romain-d’Albon) à la demande de Sigismond roi des Burgondes (peuplade d’origine germanique occupant la Bourgogne actuelle, la vallée du Rhône jusqu’en Provence et les Alpes ; avant l’invasion Franque menée par Clovis). Ce concile avait pour but d’évoquer la christianisation des Burgondes sans créer de heurts mais aussi de régler la place et le pouvoir du clergé dans l’organisation sociale .Albon traversera l’obscure et trouble période du haut Moyen Age (environ de 750 à 1000 après J.C.), et notamment la période Carolingienne (de 751 à 987), en étant un point de contrôle et de défense sur la vallée du Rhône en vue de contrer les invasions sarrasines ainsi que celles des « barbares germaniques ».


    Au début du Moyen Age supérieur, aux alentours de 1030, l’archevêque de Vienne nommé Bouchard  fit don à Guigues le Vion (appelé plus tard Guigues « le Vieux ») des terres du sud du Viennois. Il s’installa donc à Albon, où il fit construire une motte castrale (château en bois juché sur un remblai artificiel élevé par la terre issue du creusement des fossés) afin d’asseoir son pouvoir et son influence sur sa seigneurie. Puis, vers 1040, l’empereur du saint empire romain germanique Henri II dit « le Noir » fait don du la région du Briançonnais à son vassal, Guigues Ier d’Albon dit « le Vieux ». Ces nouvelles possessions ajoutées aux anciennes firent en quelque sorte d’Albon une petite capitale où demeurait le seigneur des lieux. On constate donc que très tôt Albon occupa une place importante dans l’histoire locale. Ce palier franchi fut concrétisé en 1079 par l’archevêque de Vienne qui érigea le château d’Albon en Château comtal. C’est au XIIème siècle que sera mentionné un château de pierre remplaçant le premier château en bois.


    Si Guigues « le Vieux » et ses descendants demeurèrent comtes d’Albon, le fondateur de la famille quitta très tôt sa seigneurie du nord de la Drôme actuelle (vers 1035). En effet, très ambitieux, il rejoignit son cousin Mallenus, alors évêque de Grenoble, et s’installa dans le Gresivaudan. A partir de ce moment et durant près de 300 ans, la famille Guigues d’Albon et ses descendants en tant que comte d’Albon étendirent peu-à-peu leur pouvoir et donner naissance à la province du Dauphiné. A partir de là, le comté d’Albon sera dirigé par un châtelain nommé par les comtes d’Albon et chargé d’y défendre leurs intérêts. Ce mode d’administration perdurera jusqu’à la révolution. Cette absence fut la cause de nombreuses frictions avec les seigneuries voisines (querelles des limites avec Montbreton, Anjou, Claveyson etc…) car ces dernières tentaient très fréquemment d’usurper telle ou telle parcelle de terrain et ce malgré l’intervention ponctuelle des dauphins eux-mêmes lors de diverses visites. Cette situation perdurera jusqu’au passage du comté dans les possessions de Royaume de France en 1349, ce qui remit rapidement de l’ordre et rabaissa les prétentions des seigneurs locaux. Guigues « le Vieux » épousa Adélaïde de Savoie qui lui donna un fils nommé Guigues II dit « le Gras » (1020-1079) qui fut marié à Adélaïde de Royans, puis à Agnès de Barcelone en 1070. Son successeur sera Guigues III, son fils.


    Peu avant 1100, Guigues III, premier comte d’Albon épousa la « Reine Mathilde », veuve du roi Conrad d’Italie (d’où son titre) et fille présumée du comte Roger de Sicile, fils rebelle de l’empereur germanique Henri IV. De cette union naquît un fils, Guigues IV, en 1095 auquel la mère donna le surnom de « DALPHINUS » (Dauphin en Français et couramment utilisé au Moyen Age). Ce sobriquet prendra plus tard une importance majeure puisque à partir de cette époque, tous les comtes d’Albon portèrent ce surnom de Dauphin. Quant à la seigneurie d’Albon, elle sera désormais nommée « DELPHINATUS ». Guigues IV dit « Dauphin » mourut en 1142 mais de son union avec Margueritte de Bourgogne naquit Guigues V (1120-1162) lequel fut marié à Béatrice de Montferrat qui devint par conséquent comtesse d’Albon à lorsque son mari mourut sans descendance. Ce fut le dernier représentant direct de la Maison des Guigues d’Albon.


    La comtesse Béatrice d’Albon se remariera à trois reprises, la première fois avec Albéric Taillefer de Toulouse, second fils deRaymond V de Toulouse et de son épouse Constance de France, union qui restera stérile. Puis elle prit pour troisième époux Hugues III de Bourgogne puis en quatrième noce Hugues de Coligny après la mort du précédent.


    C’est du mariage de Béatrice et de Hugues III que naquit un héritier pour le comté d’Albon en la personne de Guigues VI (1184-1237) créant ainsi la seconde Maison des comtes d’Albon dite de Bourgogne. Vint ensuite son fils, Guigues VII (1125-1269) puis Jean Ier (1263-1282), qui malgré son mariage avec Bonne de Savoie n’eut aucun descendant, et ce fut la fin de la Maison de Bourgogne à la tête de la terre d’Albon.


    Son beau-frère, Humbert Ier (1240-1306) qui avait épousé sa sœur Anne de Bourgogne devint donc seigneur d’Albon et reprit le tire de dauphin et fut le fondateur de la dynastie de La Tour Du Pin. C’est sous cette famille, en 1293 que la province prit officiellement le nom de Dauphiné. Se succèderont à la tête du comté d’Albon et de la province du Dauphiné Jean II (1280-1318), Guigues VIII (1309-1333), puis Humbert II (1312-1355). C’est ce dernier qui sera le dernier Dauphin-Comte d’Albon. En effet, celui-ci de santé fragile, ruiné par son goût du luxe et des fêtes et par la croisade qu’il dirige à ses frais entre 1345 et 1347 songe à vendre ses biens, la province du Dauphiné notamment Albon. Les ayant proposé à Robert de Sicile en 1337 puis au pape Benoit XII vers 1340 il se tourna tout naturellement vers le royaume de France dont l’influence s’était déjà faite sentir dans le Dauphiné. En effet, le roi Louis IX avait en 1269 joué un rôle d’arbitre dans le long et violent conflit opposant le Dauphiné représenté par Guigues VII et le duché de Savoie par Philippe ; résultant de conflits d’influences et des prétentions des deux partis sur les même terres (voir article sur la province du Dauphiné). Puis la présence Française se concrétisa par des mariages. En effet, Guigues VIII épousa la fille de Philippe V dit « le Long », isabelle de France ; et en 1335, Humbert II reçut deux-mille livres de rentes en échange du mariage du jeune dauphin André à Blanche d’Evreux, petite fille du roi Philippe de Hardi.


    C’est le 30 mars 1349 que la province du Dauphiné dont Albon passa officiellement sous l’égide de la couronne de France par la signature du traité de Romans. Ce fut un acte à haute signification politique et historique puisque la rive Est du Rhône échappait au contrôle du Royaume de France en faisant partie des possessions du saint empire romain germanique depuis le traité de Verdun de 843 (partage des biens du roi carolingien Louis le Pieux, fils de Charlemagne, entre ses trois fils : Charles le Chauve roi de Francie Occidentale qui deviendra plus tard le Royaume de France ; Louis le Germanique Roi de Francie Orientale qui deviendra le saint empire romain germanique et enfin Lothaire Ier qui aura le titre d’empereur la le Royaume de Francie Médiane (principalement composé du Nord de l’Italie, qui disparaitra par le jeu des successions au profit du saint empire romain germanique. C’est lors du traité de Romans que fut décidé le fait que le fils aîné héritier du trône de France porterait le titre de Dauphin (ce qui durera jusqu’à la fin de la monarchie!) et serait amené à résider dans le Dauphiné. Ni roi de France, ni Dauphin ne résida jamais à Albon, mais ceux-ci désignèrent des capitaines-châtelains-royaux pour gérer et prélever l’impôt le comté auprès de familles nobles. On retrouvera dans cette fonction la famille des Poitiers-Saint-Vallier en en 1431 et 1540, puis Gaspard de Laval, seigneur de Lesches de 1575 à 1579, le marechal D’Ornano en 1596, en 1638 ce fut la famille de Claveyson et les comtes de Tournon, ducs de Ventadour. ; Enfin en 1664 on y trouve la famille de Roussillon.


    Lors des guerres de religion dans le Dauphiné, Albon passa dans les mains des protestants et le secteur du nord Dauphiné fut tellement touché par l’horrible guerre civile que les populations locales notamment de la Valloire se soulevèrent à la fois contre les catholiques et les protestants !!! Ils attaquèrent fréquemment les troupes en transit quelle que soit leur obédience religieuse et leurs bloquèrent l’accès à plusieurs villes. Ils furent finalement pourchassés et se refugièrent dans le village de Moirans où ils furent tous pris (1800 personnes) et massacrés jusqu’au dernier. En 1576, le gouverneur du Dauphiné Gordes décida de faire raser la Place protestante d’Albon et le donjon fut fort heureusement épargné de la ruine.

    ARCHITECTURE

    Sur un plan architectural, Albon s’est construit sur six siècles. La tour a vraisemblablement été construite initialement dès le Xème siècle, vraisemblablement en bois puisque des fouilles ont mis à jour des traces de pieu dans le sol. Vers le début du XIIème siècle elle sera remplacée par un donjon de pierre plus solide et à-même à faire face avec plus d’efficacité à d’éventuelles attaques avec des murs épais de un mètre cinquante. La tour comprenait trois niveaux assez sûrement en bois et aujourd’hui effondrés. L’entrée principale est une ouverture en plein cintre au premier étage comme souvent sur les donjons de l’époque. L’accès se faisait par une échelle que l’on retirait en cas d’assaut. Vraisemblablement le premier étage était le logis de seigneur. Le rez-de-chaussée faisait office de stockage pour les provisions. Le second étage était la salle des gardes et avait une fonction défensive puisque munie d’une archère. Le troisième niveau est la « terrasse » de la tour et présente la particularité de ne posséder aucuns créneaux pour protéger les défenseurs pouvant s’y tenir en cas d’attaque. On ne trouve aucune trace d’aménagement de confort (latrines et cheminées). L’absence de trace d’escalier incite à penser que la circulation entre les niveaux se faisait par une échelle amovible.


    La « basse cour » située autour du donjon d’une Aula, le logis seigneurial avec une grande surface au sol. Si la théorie selon laquelle les comtes d’Albon se seraient inspirés par effet d’imitation des vastes aulas des châteaux impériaux, notamment par le choix de l’emplacement (au centre du complexe castral), cela signifierait sans aucun doute que cette famille faisait partie de l’élite de la noblesse du saint empire romain germanique.

     

     

    Article écrit par S.JULIEN

    Sources :

    www.mantaille.fr

    http://chateau.over-blog.net

    htp://château-de-lyon.forum.actif.com

     

    Posté le 08-07-2009 16:40 par Sébastien

     

     

    Sources : http://rhone.medieval.free.fr/index.php?page=accueil&dept=26&chateau=1

    http://images.google.fr/imgres?http://www.villagesdefrance.free.fr/dept/page26_dromedescollines.htm

     

     

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