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  • Actualité - A vendre, château XVIIIe chargé d'un lourd passé

    A vendre, château XVIIIe chargé d'un lourd passé

    La bâtisse n'attend plus qu'un nouveau propriétaire pour revivre. Et tourner définitivement la page. (photo j.P.)
    La bâtisse n'attend plus qu'un nouveau propriétaire pour revivre. Et tourner définitivement la page. (photo j.P.)

    Ses volets sont clos depuis des années. Seule une dépendance était encore habitée. Depuis septembre, le locataire qui l'occupait est parti. Rien ne s'opposait plus à la mise en vente du château de Ferron, acquis il y a une vingtaine d'années par les époux Sirey, qui résident en Gironde. À l'époque, la bâtisse abritait un hôtel-restaurant trois étoiles qui venait de faire faillite.

    Jusqu'alors, les propriétaires ne voulaient pas se séparer de ce bâtiment d'exception. De juillet 2005 à septembre 2006, l'Amicale laïque de Tonneins y avait trouvé repli pour y organiser son centre de loisirs. Depuis, plus rien.

    Après plus de deux ans d'efforts, Corine Silgado, de la Bourse de l'Immobilier, est parvenue à inscrire ce bien sûr son catalogue. Depuis fin octobre précisément. « Il y a deux ans et demi, un investisseur s'était présenté mais les propriétaires ne voulaient pas vendre. Un autre voulait le racheter pour un euro symbolique... »

    Le futur acquéreur devra en débourser un peu plus. En effet, l'offre n'est pas des plus communes : château du XVIIIe et ses dépendances, parc arboré de 10 000 m2, écuries dans leur jus, piscine... Restauré en partie il y a une dizaine d'années, le château représente une surface totale de 1 500 m2. Sans les tours. Soit dix-sept chambres munies d'une salle de bain au-dessus des cuisines et de l'ancienne salle de restaurant.

    1 million d'euros

    L'actuel propriétaire en demande 1 million d'euros. « Ça les vaut, jure-t-il. L'intérieur est en bon état. Je dois juste refaire quelques travaux sur une des deux tours qui a perdu des tuiles avec le passage de la tempête, en janvier dernier. » Le prix est sans doute négociable. Un restaurateur de Dordogne s'est déjà renseigné et doit visiter les lieux prochainement.

    Pour Jean-Pierre Sirey, le château « reste un bien d'exception ». Malgré son histoire. Même si « l'aile droite, à côté de la piscine, a été totalement défaite à cause du bombardement. »

    QG de la Milice

    Car si le château de Ferron fait partie du patrimoine architectural local, il est aussi ancré dans la mémoire de nombreux Tonneinquais pour les heures sombres qu'il a vécu durant la Seconde guerre mondiale. En 1943, les propriétaires d'alors durent en effet abandonner leur bien à la Milice, qui y établira son quartier général. De là, elle mettra en oeuvre la traque des Résistants à travers tout le département. Des cellules et des salles d'interrogatoire y seront aménagées jusqu'à ce que la Royal Air Force n'y largue ses bombes.

    Un tel passé est-il en mesure de porter préjudice à quelque transaction ? « Son histoire nous a un peu porté tort, se rappelle le propriétaire. Le château a suscité pas mal de jalousie et donné lieu à beaucoup d'histoires... » Une des dernières en date est liée à la franc-maçonnerie qui avait envisagé d'y créer une loge. « J'ai été très déçu par eux, raconte Jean-Pierre Sirey. Ils voulaient louer mais ne rien faire. Leur philosophie n'était pas celle de la franc-maçonnerie... »

    « Au plus offrant »

    Aujourd'hui, il se dit prêt à « vendre au plus offrant », qu'il s'agisse d'un particulier ou d'un professionnel désireux de relancer l'activité hôtelière. « Vous savez, en ce qui concerne son passé, nous, on n'y peut rien. On pourrait ressortir beaucoup d'autres choses comme ça. Maintenant, il faut savoir tourner la page. »

    Auteur : julien pellicier
    tonneins@sudouest.com